• L'hibernation

    Voici Libération entre la vie et la mort. J’y suis pour quelque chose, ne l’achetant plus que le jeudi, le jour des pages littéraires, et exceptionnellement, lorsque l’actualité l’exige.

    Alors que je fus l’un de ses premiers lecteurs, abonné avec un groupe de copains, avant même sa naissance, au bulletin quotidien de l’Agence de Presse Libération dirigée par Maurice Clavel, ce bulletin transformé en journal, directeur Jean-Paul Sartre, dont j’ai eu en main plusieurs des numéros zéros.

    Comme bien d’autres, je l’ai acheté «tous les jours au même endroit» pour simplifier la distribution, ai mis la main au porte-monnaie quand il manquait couler, me suis rendu à Paris pour des concerts de soutien qui duraient toute la nuit avec à l’affiche François Béranger et Jacques Higelin.

    Oui, mais au fil du temps, ce journal politiquement subversif et moralement libertaire a perdu de son charme et de son intérêt, s’assagissant davantage à chaque changement de formule, se compromettant avec le monde de l’argent, s’ouvrant à la crétinerie ambiante jusqu’à être envahi par ces putains de pages consacrées au sport dans chaque numéro, non, ce n’est pas possible…

    Tu es devenu vieux Libération, et tristement raisonnable. Et comme tu as remplacé tes petites annonces de cul par les cours de la bourse, il ne faut pas t’étonner que ce soit la débandade.

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