• Le Bec-Hellouin, aller et retour

                Une brève visite à l’abbaye du Bec-Hellouin pour y voir l’un des moines avec qui j’ai depuis bien longtemps des liens qu’on peut qualifier d’amicaux, je le trouve bien déprimé, lui qui m’a dit un jour « Il est des cages dorées dont les oiseaux sont bien tristes » se voit vieillir au milieu d’autres moines encore plus vieux que lui. Ils ne sont plus que quinze, ils étaient quarante quand j’habitais l’école du village, il y vingt-cinq ans. L’école est fermée, le village a du mal à attirer les touristes bien qu’il soit désormais au nombre des « plus beaux villages de France », ce qui n’est pas vrai, me dit-il.

                Il me parle de ce qu’il nomme son dernier voyage, qu’il va faire bientôt, dix jours en Israël et dans les territoires occupés où se trouve une dépendance de l’abbaye, plus prospère que la maison mère. Je lui demande de saluer de ma part le père abbé de cet endroit idyllique que j’ai visité il y bien longtemps lorsque je me suis rendu à Jérusalem pour y chercher celle qui est devenue ma fille, un père abbé qui n’était alors que simple moine et avec lequel nous partîmes faire une virée en Deux-Chevaux dans le désert, prenant bien garde de saluer de loin les Palestiniens des rares villages afin qu’ils ne nous caillassent pas.

                -Il va y avoir de gros travaux ici, me dit-il, les services du patrimoine ont de grands projets, la tour Saint-Nicolas va être augmentée d’un toit et on va y installer quinze tonnes de cloches.

                -Les cloches vont carillonner comme jamais, ajoute-t-il, mais il n’y aura plus de moines.

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