• Le bon conseil de la professeure Simone de Beauvoir

                Suis parvenu au bout des cinq cent trente-six pages de L’Amérique au jour le jour, journal écrit par Simone de Beauvoir lors du voyage qu’elle fit aux Etats-Unis en mil neuf cent quarante-sept. Un peu pesant comme lecture mais quelques belles envolées, sans jamais tomber dans le manichéisme, avec parfois de réjouissantes naïvetés, ce qui a fait dire à Mary Mac Carthy, dans un article de The Reporter, à l’époque de la parution de ce livre là-bas, que c’était « Madame Gulliver en Amérique ».

                Elle a bien du mal, Simone, au bout de trois mois passés à parcourir les Etats-Unis en tous sens et jusque dans les lieux prétendument mal famés, à revenir en France, complètement dépitée elle écrit : Sur la triste avenue, qui file vers Paris, les gens sont mal vêtus, les femmes ont des cheveux sans couleur, mal frisés, les hommes des visages gris, leur démarche est humiliée. Les légumes du marché sont rabougris. Pas de taxi gare des Invalides ; au bord du trottoir les voyageurs s’énervent, ils commencent à se disputer. Il fait gris. Paris semble transi, les rues éteintes et moroses, les étalages dérisoires. Là-bas, dans la nuit, un immense continent étincelle. Il va falloir réapprendre la France et rentrer dans ma peau.

                Au cours de ma lecture, j’ai noté ça : Je remarque que les Français sont beaucoup plus sensibles que les Américains à mon déplorable accent : c’est que chacun attache une grande importance à l’approximation qu’il a, quant à lui, réalisée ; les Américains me semblent considérer avec une égale indifférence ces divers degrés d’imperfection : du moment qu’on se fait comprendre, autant parler franchement mal qu’à moitié bien.

                J’adore ce du moment qu’on se fait comprendre, autant parler franchement mal qu’à moitié bien et je trouve que c’est un excellent conseil.

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