• Le méchant qui se moque d'Elisabeth Brunet dans Libération

                Edouard Launet tient chronique dans le Cahier Livres de Libération sous le titre On achève bien d’imprimer. Cette semaine, il raille gentiment Christophe Donner au sujet de sa réaction épidermique lors de l’annonce de sa non obtention de prix littéraire. Il fait cela sous forme d’une lettre ouverte à Christophe, lui annonçant qu’il maintient son nom sur la liste des nominés pour le prix de Sainte-Catherine sur Mer (Seine Maritime).

                Ce n’est pas cela qui m’intéresse. C’est la suite.

                « L’an dernier, nous avons ainsi couronné Souvenirs d’un cap-hornier bègue de Jean Milleteuil, paru aux éditions Elisabeth Brunet à Rouen, dont vous avez probablement entendu parler. Votre ouvrage nous semble posséder la même fraîcheur et le même souffle : vos chances sont excellentes. » écrit Edouard Launet.

                Oh, le méchant, qui se moque d’Elisabeth Brunet ! Jamais elle n’aurait publié ces souvenirs d’un auteur inconnu. Elle ne publie que des textes d’écrivains reconnus, morts il y a au moins cinquante ans, des ouvrages sans prise de risque, le dernier n’étant que le fac-similé de Madame Bovary annoté par Gustave.

                J’ai beaucoup fréquenté la librairie d’Elisabeth Brunet autrefois. Quand, en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, Michel Raluy, jeune éditeur téméraire du Massif Central, a publié aux Editions du Chardon certains de mes textes sous le titre Erotica (perdant sans doute beaucoup d’argent dans l’aventure), je suis allé voir Elisabeth Brunet pour lui proposer en dépôt cinq exemplaires de mon livre. Elle a accepté sans enthousiasme.

                Quelques mois plus tard, je lui demande si elle en a vendu. Elle me répond que non. Je souhaite donc récupérer ces ouvrages. Problème : elle ne sait plus où ils sont. M’invite à revenir dans une semaine. La semaine suivante, même chose. De semaine en semaine, il se passe un mois avant qu’elle m’annonce que ça y est elle les a retrouvés.

                -C’est bizarre, ajoute-t-elle, j’en ai six, alors qu’on en avait noté cinq.

                C’est que, généreux comme je suis, j’avais offert un exemplaire à Elisabeth Brunet.

                 Je n’ai rien dit. J’ai repris mes six Erotica. Depuis, ce jour, je fréquente beaucoup moins la librairie d’Elisabeth Brunet, dont Edouard Launet se moque dans Libération.

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