• Le parcours du spectateur: Carlotta Sagna (un)

    Passage, hier soir, par le centre culturel Marc Sangnier, à Mont-Saint-Aignan, ville où les merles chantent à la tombée de la nuit au milieu des barres d’immeubles, pour une courte étape du parcours du spectateur (qui consiste à suivre la mise en place de deux spectacles de la saison).

    Il s’agit de regarder la vidéo de Tourlourou, une précédente chorégraphie de Carlotta Sagna, laquelle travaillait autrefois avec la Needcompany.

    Nous sommes deux spectateurs sur les douze concernés (les autres ayant choisi une autre date). Me voici donc enfermé avec une jeune femme dans un cagibi où trônent téléviseur et lecteur de dévédé pour assister par écran interposé au solo de Jone San Martin, danseuse espagnole au physique almodovarien.

    Vêtue d’un tutu taillé dans de la toile de camouflage pour militaire, elle nous annonce, les pieds au centre d’une cible horizontale, qu’elle n’en a plus que pour vingt-quatre heures, et nous propose d’envisager ce que nous aurions à cœur de faire si nous étions dans sa situation. Le temps passe vite. Bientôt plus que dix minutes. Puis seulement trois. Puis…

    Carlotta Sagna est auteur de texte autant que de chorégraphie, théâtre et danse se mêlent, danse sur musique quasi militaire. Toujours au cœur de la cible, elle est assez douée pour mettre le spectateur en face de ses propres angoisses.

    Le film terminé, quelques mots échangés avec l’équipe du centre culturel et la parcoureuse, celle-ci voyant un certain cynisme dans le propos de Carlotta Sagna. Sur le moment, je ne trouve rien à répondre, comme souvent. Puis, sur le chemin du retour, songeant à tout cela, j’y vois plutôt la marque d’un certain optimiste. « Dix minutes, le temps de faire cuire des pâtes », « Trois minutes, le temps de faire cuire un œuf » nous disent l’écrivaine et son interprète. Encore faut-il être bon cuiseur de pâtes et d’œuf pour réussir dans le temps imparti.

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