• Le prochain Automne en Normandie au Hangar Vingt-Trois puis au Marégraphe

                Abonné l’an dernier (pour six spectacles) au festival Automne en Normandie, je fais partie des invité(e)s, ce vendredi vingt-trois mai au Hangar Vingt-Trois, pour la présentation du prochain Automne. J’ai le programme en main et j’écoute Benoît André, le directeur dudit festival, énumérer ce que lui aussi nomme des « moments forts », un tic de langage de gens de la culture.

                Il connaît son programme quasiment par chœur, ne se référant à ses notes qu’exceptionnellement, ce qui sidère l’une de mes voisines, passe de la musique à la danse, de la danse au théâtre, de Rouen au Havre, d’Evreux à Dieppe, du Bec-Hellouin à Saint-Valéry-en-Caux, sans se tromper.

                Des échantillons de spectacles sont offerts au public curieux. Quelques éléments du Poème Harmonique interprètent en vieux françouais des chansons traditionnelles. Des danseurs et danseuses de la Compagnie Emio Greco se livrent à une performance physique assez éblouissante..

                Le couple à ma droite organise fébrilement son futur abonnement. Plus calmement, je barre sur mon programme les spectacles que je verrai avec mon abonnement à l’Opéra, puis ceux qui ne m’intéressent pas, puis ceux qui sont donnés trop loin de Rouen (Fécamp, Le Havre, Dieppe, Evreux et cætera). L’opération faite, je constate que je n’ai pas, cette année, intérêt à prendre un abonnement.

                Benoît André invite tout le monde à boire un verre au Marégraphe, une adresse que je connais bien. Xavier Hauville, traiteur, et ses troupes sont à pied d’œuvre. Je choisis vin rouge et profite au mieux du buffet. L’an prochain, non abonné, j’en serai privé.

                Beaucoup d’enseignants sont présents, surtout du secondaire. Ils font les bons abonnés mais quand ils se retrouvent, ils ne parlent pas de sujets culturels, ils parlent de l’école. Ça donne des choses comme ça :

                -Je te souhaite d’avoir un jour la relation que j’ai avec mes élèves cette année.

                Je les évite, préférant rester seul avec mes pensées. Un peu avant minuit, je discute avec un intermittent du spectacle que j’ai croisé la veille dans la manifestation contre la politique de Sarkozy. Il me dit son désarroi de voir que chez les vingt-cinq trente-cinq ans, presque personne ne se retrouve dans la rue, une constatation que j’ai déjà faite et que je mets sur le compte de la vie que l’on mène à cet âge-là, couple établi, enfants, maison, et tutti.

                -Pas dans le milieu du spectacle, me dit-il, ceux dont je parle ne sont pas dans ce genre de vie, et impossible de les faire bouger.

                Il m’annonce ensuite que bientôt, pour protester contre un gouvernement qui les tond chaque jour un peu plus, des artistes et d’autres gens du spectacle vont organiser une manifestation où ils se feront tondre en public. Toutes les chevelures récoltées seront envoyées à la Ministre de la Culture.

                -La prochaine fois que vous me verrez, me dit-il, j’aurai sûrement le cheveu ras.

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