• Le Tour d’écrou de Benjamin Britten à l’Opéra de Rouen

    Attente inhabituelle à l’entrée de la salle de l’Opéra de Rouen, ce vendredi soir, les ouvreuses évoquent un problème technique. Quand enfin je peux m’asseoir, j’ai le temps d’étudier à fond le livret programme avant qu’enfin Frédéric Roels, directeur de la maison, apparaisse et annonce qu’on attend un musicien retardé par la grève des contrôleurs de train.

    Espérons qu’il soit en état de jouer quand il arrivera, me dis-je songeant à ce qui s’est passé la veille au Cent Six où Pete Doherty arrivé en retard s’est révélé incapable de faire autre chose qu’une promenade au bord de la Seine (sans s’y jeter toutefois).

    Pas très longtemps après, la lumière baisse, le chef d’orchestre australien Kynan Johns se montre abondamment avant de descendre dans la fosse, le rideau se lève sur l'angoissante demeure et c’est parti pour Le Tour d’écrou de Benjamin Britten, opéra de mil neuf cent cinquante-quatre, dont le livret inspiré du court roman d’Henry James (jamais je n’ai pu lire quoi que ce soit de cet auteur) est signé Myfanwy Piper. La mise en scène est de Frédéric Roels, directeur de la maison. C’est le point faible : fenêtres qui montent et qui descendent.

    Côté musique et chant, tout va bien. Elodie Kimmel fait assez bien la grande fille. Le garçon est un vrai : Michael Clayton-Jolly (il est anglais et a neuf ans, entends-je à l’entracte). Le rôle principal, celui de la gouvernante, est tenu par Kimy Mc Laren, parfaite, et le reste de la distribution est à la hauteur.

    Hormis mon voisin qui disparaît à l’entracte, tout le monde semble content à l’issue et les applaudissements durent. « Etrange » est le mot que j’entends le plus dans l’escalier pour qualifier cette histoire de pédophilie suggérée.

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    Inquiétante, l’attitude des fan(natique)s de Pete Doherty. Ils viennent voir un artiste déjanté pour oublier leur vie rangée et quand celui-ci déraille un peu plus que prévu l’assassinent.

    Vendredi après-midi, la page Effe Bé du Cent Six montre la photo autoportrait de l’artiste incapable de chanter. Il a le regard perdu. Les commentaires (à une exception près, celui d’une certaine Léa) ne sont qu’insultes haineuses. Samedi matin, la photo n’y est plus.

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    Ces concerts où l’on saute en l’air, jamais loin de Nuremberg.

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