• Lecture du Journal de Samuel Pepys

                Terminé, frileusement assis sous l’auvent du Son du Cor, la lecture d’extraits du Journal de Samuel Pepys, un livre publié autrefois en poche chez Dix/Dix-huit. Un régal cette lecture, cela me donne envie d’acheter l’intégralité de ce Journal écrit de mil six cent soixante à mil six cent soixante-neuf par ce bourgeois londonien qu’était Samuel Pepys.

                Le voici en proie à la tentation, le treize janvier mil six cent soixante-huit : « En revenant en voiture, je me suis arrêté chez mon libraire, où j’ai vu un livre français que je comptais faire traduire par ma femme, L’Eschole des filles, mais, après y avoir jeté un coup d’œil, je vis que c’était l’ouvrage le plus licencieux, le plus impudique qui soit, encore pire que La putana errante. Aussi j’eus honte de le lire et rentrais chez moi. »

                De retour chez le libraire, le huit février mil six cent soixante-huit : «  Après le repas, nous avons pris la voiture ; ils m’ont déposé à la Bourse d’où je suis allé dans le Strand chez mon libraire. J’y suis resté une heure et j’ai acheté ce vilain fripon de livre, L’Eschole des filles. Je l’ai choisi avec une reliure fort ordinaire, bien décidé à le brûler aussitôt lu pour qu’il ne fasse pas partie de la liste de mes livres, ni qu’il puisse déshonorer ma bibliothèque si on venait à l’y trouver. »

                Il n’attend guère pour s’y plonger, le lendemain, neuf février mil six cent soixante-huit : « Ce matin, au bureau, pour travailler et aussi pour lire un peu L’Eschole des filles. C’est un ouvrage fort licencieux mais il n’est pas mauvais, pour un homme sérieux de le parcourir, pour appendre à connaître l’infamie du monde. »

                Le soir même, après avoir relu ce vilain fripon de livre, Samuel Pepys le brûle.

                L’Ecole des filles ou la philosophie des dames a été imprimé à Paris en mil six cent cinquante-cinq par Louis Piot qui dénonça ensuite les deux personnages lui ayant apporté le manuscrit, Jean L’Ange et Michel Millot, le premier passa quatre mois en prison et le second, en fuite, fut pendu en effigie.

                Cet ouvrage figure en bonne place dans ma bibliothèque, dans l’édition en deux tomes parue chez Allia, pas loin des six volumes de L’Arétin (auteur de La putana errante) parus chez le même éditeur, je vais tous les prendre avec moi pour mes prochaines vacances, quel bon moment ce sera de les relire avec mon amoureuse, sur l’herbe montagnarde, avec face à nous l’immense jet d’eau de Genève, permanente éjaculation.

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