• Marseille encore: un peu de culture le jour de pluie

    Mardi trois novembre, c’est notre dernier jour ensemble à Marseille. Un peu de pluie nous aide à envisager la fin de nos vacances. Je peux même dire qu’elle tombe bien puisque après un petit-déjeuner pris à l’intérieur de la Maison du Petit Canard (ah, les délicieuses confitures de Youssef), c’est le moment de notre virée culturelle.

    Nous commençons juste à côté, dans le Panier, à la Vieille Charité, où sont repliées certaines des œuvres de la collection permanente du Musée Cantini occupé par une exposition temporaire. Beaucoup de bonnes choses comme on en trouve dans tous les musées des grandes villes, mais je suis déçu de n’y pas voir Nombre, 1943, la sculpture de Victor Brauner.

    Ensuite, nous allons voir David, Klimt, Toulouse-Lautrec, Degas… de la scène au tableau au Musée Cantini, exposition qui regroupe tableaux et dessins inspirés de pièces de théâtre (Corneille, Racine, Shakespeare, etc) ou d’opéras. C’est à son tour d’être déçue devant le petit Klimt de seconde zone. Son nom en grand sur l’affiche doit en piéger plus d’un(e).

    Nous sortons de là nous disant qu’heureusement on n’a pas eu à payer et allons nous sustenter rue Breteuil au restaurant Midi Pile, un excellente adresse trouvée au hasard de nos pérégrinations, buffet d’entrées (dont plein de propositions du sud de la Méditerranée), copieux plat du jour, dessert de la maison, cruchon de vin, tout cela pour treize euros par personne.

    La pluie ayant cessée, elle m’offre un thé à la menthe sur le cours Belsunce juste à côté de l’Alcazar devenu Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale, une appellation modeste pour ce qui est une superbe médiathèque en plein quartier sensible (comme disent les politicien(ne)s). Elle y est venue du temps qu’elle était étudiante marseillaise et me la fait visiter de haut en bas, se désolant qu’il n’y ait pas l’équivalent à Paris (à Beaubourg on ne peut emprunter) et encore moins à Rouen où celle prévue a été détruite par Fabius, Robert et Fourneyron. Elle a envie que je fasse des photos pour montrer à ces mal inspirés que les ouaiches ne s’intéressent pas qu’au rap et au sport.

    -Ça ne sert à rien, lui dis-je, c’est mort et ils sont indécrottables.

    Avant de quitter les lieux, nous visitons l’exposition Antony Browne qui propose quatre-vingt-cinq dessins originaux de l’auteur de livres pour enfants, bien connu pour Marcel et le gorille.

                Enfin, nous repassons par la Vieille Charité afin d’y voir l’exposition consacrée à Pierre Albert-Birot, directeur de la « géniale revue d’avant-garde SIC (Sons-Idées-Couleurs) » selon le communiqué de presse signé Frédéric Acquaviva. Je connais Pierre Albert-Birot pour l’avoir lu à l’âge où l’on s’intéresse aux mouvements d’avant-garde. Je me demande qui, aujourd’hui, à moins d’y être obligé par ses études, avale les mille pages sans ponctuation de son épopée Grabinoulor.

                Pierre Albert-Birot est une sorte de pyrogène

                Si vous voulez enflammer des allumettes

                            Frottez-les donc sur lui

                            Elles ont des chances de prendre

    écrivit Guillaume Apollinaire en mil neuf cent dix-sept dans son Poèmepréfaceprophétie.

                -Le problème avec les artistes et les écrivains d’avant-garde, c’est qu’un jour ils n’apparaissent plus que comme les acteurs d’une époque révolue et que leurs œuvres n’ont plus qu’un intérêt historique, dis-je à celle qui me tient la main.

    -Oui, me répond-elle, il n’y a que Marcel Duchamp qui échappe à ça. Lui, c’était vraiment un génie.

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