• Mercredi, à Paris

                Une atmosphère plutôt tendue à la librairie Mona Lisait de la rue Saint-Martin à l’heure matutinale où j’arrive, c’est l’inventaire depuis trois jours et ce n’est pas fini, j’ai bien du mal à arrêter un vendeur dans sa mécanique comptée des cartes postales pour lui demander s’il n’y aurait pas quelque part un deuxième exemplaire de celle représentant l’Alice de Balthus.

                Ce lieu est décidément trop agité pour moi, je le quitte pour me rendre à la galerie Templon où, dans le nouvel espace de l’impasse Beaubourg, sont proposés des œuvres de Jean-Michel Alberola, et à mon désappointement s’y trouvent surtout des sculptures en néon, dont l’une enfermée dans un carton et éteinte.

                Je demande à la jolie hôtesse blonde (dans ce genre d’endroit les hôtesses sont toujours jeunes et jolies, que deviennent-elles lorsqu’elles ne le sont plus ?) si c’est voulu par l’artiste.

                -Non, me dit-elle, c’est une panne, je m’excuse.

                Elle bidouille un peu la prise et le néon s’allume, voilà ce n’était pas grand-chose.

                Le communiqué de presse de la galerie Templon parle ainsi des sculptures en néon de Jean-Michel Alberola : « Titrées Luxe, Rien, Toi-même, ces œuvres mêlent réflexion politique et artistique, tout en interrogeant le spectateur sur sa relation à l’œuvre d’art et sa commercialisation. » Eh bien, Jean-Michel, tu peux éteindre tes néons, j’ai depuis longtemps ma petite idée sur le sujet.

                Je quitte la maison Templon et, par les rues piétonnières, me rend à l’église Saint-Eustache où je crois n’être jamais entré, un organiste y est à l’œuvre, répétant pour un futur concert, par les portes ouvertes entrent les bruits de la ville dont celui d’un Karcher.

                Je déambule dans le bel édifice jusqu’au mausolée de Colbert. J’apprends sur un panneau contigu, qu’ici reposent également Vaugelas, Voiture, Scaramouche, Marivaux et Rameau, que La Fontaine, Mirabeau et la mère de Mozart y eurent leurs obsèques, que Richelieu, Molière et madame de Pompadour y furent baptisés, que Louis le Quatorzième y fit sa première communion et que Lulli s’y est marié. Que de beau monde je croise à Paris où que je mette les pieds. Tiens, un peu plus loin, voici l’un des neuf exemplaires du triptyque, en bronze avec platine d’or blanc, La vie du Christ de Keith Haring.

                Je franchis ensuite la Seine pour me rendre rue de Condé où j’entre au Mercure de France. Je tente vainement d’y obtenir de nouvelles jaquettes pour remplacer celles, abîmées par la lumière, de mes cinq volumes d’œuvres de Paul Léautaud.

                Je refranchis le fleuve par le pont des Arts, entre dans la cour intérieure du Louvre où je suis arrêté par quatre demoiselles asiatiques, l’une d’elles me met un appareil photo dans les mains et je n’ai plus qu’à m’exécuter, une belle photo devant la pyramide. Je traverse le jardin des Tuileries et me voici au Jeu de Paume pour le double je de Pierre et Gilles.

                Ensuite, en métro jusqu'à Nation, pour y rejoindre l’école Boulle. Je surveille la sortie, tous ces boulliens et boulliennes agité(e)s qui s’éparpillent après les cours et puis tiens là voici, celle que j’embrasse.

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