• Paris dans les grandes largeurs, des bouquineries au restaurant coréen du passage Choiseul via la Galerie de France

    Mercredi onze heures, sortant de la Bouquinerie du Centre, avenue de Clichy, j’aperçois un bus allant à Châtelet. Comme je marche plus vite que lui, j’y grimpe au premier arrêt. Le véhicule est bientôt bloqué dans le formidable embouteillage dû aux travaux de la place Clichy, lesquels doivent répondre à une demande des écolos municipaux si j’en juge par les affiches alentour « Verts=Bouchon=Pollution ». Bus, engins de chantier, scouteurs, camionnettes de livraison, voitures particulières, c’est au plus fort la pouque (comme on dit dans le Pays de Caux) et notre chauffeur s’en sort plutôt bien.

    Arrivé dans le vrai centre de Paris, je passe de bouquinerie en bouquinerie (Gibert et Gibert, Boulinier et Gilda) m’alourdissant de sacs au contenu varié : Au piano de Jean Echenoz (Minuit), Français en Résistance (carnets de guerre, correspondances, journaux personnels) (Bouquins/Laffont) bradé parce que la couverture est collée à l’envers, Vie érotique de Delphine de Malherbe avec des dessins d’Isild Le Besco (Laffont), Ces corps vides de Frédéric Chouraki (Le Dilettante) acheté pour la dédicace de l’auteur : « Pour des week-ends »torrides », suggestion en pages « people », amicalement », Lolita en anglais (Vintage International) avec en couverture une délicieuse photo d’Andrea Gentl, Profession fouetteuse de Nina Garnier aidée de Corine Allouch (Blanche), Politique de l’amour d’Alina Reyes (Zulma Poche), Les Violettes sont les fleurs du désir d’Ana Clavel (Métailié) et Louis-René des Forêts par Jean Roudaut (Le Seuil).

    Je me souviens avoir croisé Louis-René des Forêts rue de Buci où il faisait ses courses avec sa femme pendant la période de Noël, il y a une dizaine d’années, peu avant sa mort.

    Ayant provisoirement assouvi ma faim de livres, j’entre dans la Galerie de France, rue de la Verrerie, pour y voir Dessins en grande largeur, une exposition de bonne dimension où se côtoient dans l’ordre alphabétique les œuvres de Gilles Aillaud, Jean-Pierre Bertrand, John Cage, Paul Chan, Brion Gysin, Rebecca Horn, Eugène Leroy, Giuseppe Penone, Michelangelo Pistoletto, Viktor Pivovarov, Judit Reigl, Pascale Marthine Tayou et Agnès Thurnauer.

    Viktor Pivovarov bat de peu Gilles Aillaud : cinq cent cinquante-deux centimètres contre cinq cent cinquante. Mon grand dessin préféré est celui de Paul Chan, panneau graffité posé sur une paire de chaussures noires, où l’on peut lire : « anxiety, metamorphosis symbolic sadism, ideal paranoia, fetichism, unconscious, hetero-perversion, zoophilia, hysteria, incest, delirium trans-sexually, nympho-lust, or dementia, psycho-homo-epilectic fetishistic, pedophilia, masochism, necrophilic, I see a case of symptom of a sign of I see a symptom of I see I see I see I see I see… », je m’arrête là, la suite est à lire Galerie de France.

    C’est chez Book-Off, rue Saint-Augustin, que me rejoint celle qui me tient la main et m’invite ce soir au restaurant. Une averse presse notre balade dans le quartier. A point nommé se présente le passage Choiseul où vécut Louis-Ferdinand Céline enfant. Nous y découvrons le restaurant Little Seoul.  Nous nous y attablons. C’est une bonne adresse, la nourriture coréenne est excellente et le patron bien sympathique, qui nous raconte la vie trépidante de Séoul, de quoi passer une bonne soirée ensemble, n’étaient quelques nuages noirs.

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    Elle s’inquiète lorsqu’elle constate que les piles de livres à lire s’élèvent chaque semaine un peu plus dans mon escalier. Ces livres sont là pour que je ne sois jamais seul.

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    Ce vendredi matin, au Clos Saint-Marc, je trouve dans le bazar, en parfait état un numéro de la revue Recherches (directeur : Félix Guattari) que je n’ai pas. Il s’agit du numéro vingt-six de mars mil neuf cent soixante-seize consacré aux folles femmes de leurs corps (les prostituées) dont l’auteur est Judith Belladona.

    En attendant le vendeur, parti garer son camion, je signe la pétition contre le projet de la socialiste Fourneyron (maire de Rouen) de clore tous les marchés de sa ville à treize heures.

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