• Philippe Pissier a des ennuis

                Les Quatre Cents Culs, le sexe blog que publie Agnès Giard via le site de Libération, m’apprend que Philippe Pissier a des ennuis. En juin deux mille huit, invité à participer à une exposition de mail-art érotique en Allemagne, il envoie quatre cartes postales représentant le buste dénudé d’une jolie jeune femme dont chaque sein a le téton agrémenté de pinces à linge.

                « Saisi d’une vertueuse indignation, écrit Agnès Giard, le centre de tri postal porte immédiatement plainte. » et la substitut du procureur de la République de Cahors ordonne une enquête préliminaire.

                Philippe Pissier est convoqué à la gendarmerie et apprend qu’il est passible de trois ans d’emprisonnement et de cent soixante-quinze mille euros d’amende pour trouble à l’ordre public et mise en danger du psychisme des enfants par une oeuvre pornographique.

                Il proteste: « Je suis majeur, les employés du centre de tri postal sont majeurs, le facteur est majeur et le destinataire est majeur. Je ne vois pas où est le problème. »

                Le trois juillet, une perquisition a lieu à son domicile. La brigade de recherche de Cahors emporte son ordinateur et quelques dizaines de ses oeuvres. Depuis, Philippe Pissier, privé de son outil de travail, attend de savoir ce que la justice française lui réserve.

                Philippe Pissier, je le connais par ses très belles Lettres à Lilith, publiées il y a dix ans aux Editions Under-Black-Blockhaus-Résistance, des lettres d’amour écrites après la mort de Diana Orlow, alias Lilith von Sirius, décédée à l’âge de vingt-six ans, le trente mars mil neuf cent quatre-vingt-dix-sept à Hambourg. Nous nous sommes écrit à cette époque. L’une de mes lettres figure au sommaire de l’ouvrage intitulé Lettres à Lilith, Courrier.

                Et de Diana Orlow (Lilith von Sirius), je possède dans ma bibliothèque les textes publiés à Rouen par les Editions On @ Faim de Jean-Pierre Levaray (Prêtresse de Babalon, Human Woman with Human Feelings, Courtisane de luxe et Diary 1995) ainsi que Contrat d’esclavage publié à Caen par les Editions Cahiers de Nuit de Serge Féray.

                Ce qui arrive aujourd’hui à Philippe Pissier est lamentable et illustre bien la dégringolade actuelle.

                Sous le titre ironique « Un dangereux artiste démasqué dans le Lot », le journal local L’Echo s’interroge dans son numéro du onze septembre : « Si une telle image mobilise à ce point les forces de l’ordre, à quoi doivent s’attendre les maisons de la presse, kiosques à journaux, galeries de peinture et musées, où la nudité dépasse souvent abondamment la mise en image d’une paire de seins, même ornée de pinces à linge. »

                Agnès Giard suggère à chacun(e) d’envoyer au tribunal de Grande Instance de Cahors une carte postale représentant Gabrielle d’Estrées, ce chef-d’œuvre de l’Ecole de Fontainebleau, montré au Louvre, où l’on voit la belle Gabrielle se faire pincer un téton par sa sœur : « La Poste portera-t-elle plainte contre vous? Les gendarmes viendront-ils perquisitionner à votre domicile? L’enquête prendra-t-elle un an? ou deux? Récupérerez-vous votre ordinateur en état de marche après avoir purgé votre peine? »

                Encore une fois, je constate que plus le désordre est économique et plus l’ordre est moral, et je sais où ça mène.

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