• Présentation du Grand Paris de Roland Castro par lui-même à l’Ecole d’Architecture de Rouen

    Ayant appris que Roland Castro venait présenter son Grand Paris ce jeudi soir à l’Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Normandie (plus connue sous le nom d’Ecole d’Architecture de Rouen), j’en prends le chemin à pied longeant le Robec où s’ébrouent moult familles de canards.

    Arrivé en avance dans l’ancienne usine Fromage, j’observe le ballet des étudiant(e)s dans le double escalier métallique qui permet d’accéder aux étages, regrettant que les filles ne soient pas en jupe. Un homme sans doute professeur m’interpelle :

    -On se connaît d’où ? Beaux-Arts, non ?

    On ne se connaît pas, lui dis-je. Comme je ne reconnais quiconque qu’après l’avoir vu dix fois, je n’en suis pas sûr.

    Lorsque quelques futur(e)s architectes s’installent dans le Grand Amphithéâtre petit et inconfortable, je fais de même, choisissant une chaise en plastique plutôt qu’une banquette en bois dur. De nombreux vieux et vieilles arrivent qui semblent se connaître. L’autre moitié de la salle est constituée des élèves. Quelques architectes en activité sont également présent(e)s, comme en surnombre.

    Quand arrive en costume rayé Roland Castro, j’ai la surprise de le découvrir accompagné d’Albert(tiny), l’ancien Maire de Rouen, pas revu depuis sa défaite. Je comprends alors que les vieux et vieilles ne sont pas des architectes à la retraite mais les membres de son Université Populaire (une Université du Troisième Age qui ne dit pas son nom). Fabienne Fendrich, directrice de la maison, les accueille.

    Roland Castro prend place devant une image rétro projetée de son travail et Albert (tiny) introduit le sujet par le petit bout de la lorgnette, évoquant les risques que ferait courir ce Grand Paris au village dont il fut le premier magistrat. L’invité évacue la question et parle de l’essentiel, de ce Paris qu’il élargit à vingt kilomètres de rayon et dont il veut faire « une métropole égalitaire de dix millions d’habitants ». Il parle de la panique climatique qui rend nécessaire une ville serrée et intense, rend hommage à Haussmann « penseur de l’égalité urbaine », critique « l’urbanisation aménageuse des villes nouvelles ».

    Castro indique que sa grande ville a besoin de symbolique, de réel et d’imaginaire. Il évoque la possibilité de créer des bipolarités de type Versailles Paris avec d’autres villes aujourd’hui délaissées, d’envoyer les Ministères en banlieue, de construire en zone inondable, d’envisager des immeubles de grande hauteur (tripler par exemple la Tour Montparnasse pour enfin l’intégrer dans le paysage), s’énervant de temps à autre contre les écolos et leurs dogmes du développement durable et du respect de la biodiversité.

    -On est dans un pays qui traite mieux ses oiseaux que ses Arabes, s’emporte-t-il.

    Castro demande à Albert combien de temps il lui reste. Pas beaucoup, il entre dans le détail de son projet. En dix minutes, les images se succèdent sur l’écran, pas le temps d’y voir ni d’y comprendre grand chose. C’est l’heure des questions. La première est posée par une architecte qui veut savoir ce que Roland Castro compte faire du périphérique. Celui-ci croit qu’il s’agit de limites de son Grand Paris et évoque une ceinture végétale. Albert, qui a compris la question, la repose.

    -Une autre équipe a travaillé sur le sujet, répond Castro, il sera enterré.

    Fastoche, me dis-je. Deux autres questions suivent dont l’une est une petite défense des écolos. « Quand on me parle d’éco quartier, répond Castro, je dis : faites d’abord le quartier et rendez-le éco ». C’est bien mon avis.

    Il est l’heure d’arrêter, décrète l’organisateur qui invite son Cleube du Troisième Age à s’inscrire pour une virée Cézanne et Sénat à la rentrée.

    A la sortie, on sert une boisson dans des gobelets en plastique avec de cacahuètes et des chips. Je m’en passe et traverse le parc de l’Ecole par le chemin qu’ont tracé les pieds des élèves à travers la pelouse.

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    En parallèle avec celle de Castro, neuf autres équipes ont travaillé sur le sujet, de quoi faire un vraiment bien beau Grand Paris qui ne verra sans doute jamais le jour, me dis-je en redescendant vers le centre de Rouen en Teor.

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    Lui aussi croit que l’école est obligatoire depuis Jules Ferry. L’instruction, Roland, pas l’école, on peut très bien instruire ses moutard(e)s à la maison ou par cours particuliers plutôt qu’à l’école.

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