• Quartiers Préfecture et Jouvenet: deux vide-greniers rouennais

                Longue marche à pied avec elle au matin vers le quartier de la Préfecture d’abord puis vers celui dit Jouvenet afin d’explorer les deux vide-greniers dominicaux. Beaucoup d’acheteurs et d’acheteuses potentiel(le)s à Rouen, et vite la fatigue qui s’installe mais quelques trouvailles dans le premier et des moments réjouissants dans les deux

                Quartier Préfecture, j’achète à une demoiselle le coffret des deux volumes consacrés à La Sculpture (de l’Antiquité au Vingtième Siècle) publié chez Taschen, un bien beau cadeau d’anniversaire transformé en paquet de cigarettes, et pour un euro un peu plus loin l’énorme livre de la collection Terre Humaine reprenant les Carnet d’enquêtes d’Emile Zola, toutes les recherches faites par lui et destinées à étayer réalistement ses romans de la série des Rougon-Macquart. Dans ce livre, je découvre une carte de bonne et heureuse année mil neuf cent quatre-vingt-huit à l’entête du Canuet (président du Conseil Général) et du préfet Quyollet et une autre carte indiquant le nom du destinataire, sans doute l’homme vieillissant qui me vend ce livre de toute évidence offert à lui en cadeau par les deux têtes du département de l’époque. Le département fait-il aujourd’hui avec l’argent des contribuables d’aussi beaux cadeaux aux gens qui comptent, je ne sais.

                Un jeune père de famille s’intéresse à la série Drôle de Petites Bêtes (Mireille l’Abeille, Léon le Bourdon et compagnie) de chez  Gallimard Jeunesse. On ne peut se retenir et on lui chante La Ferme, la chanson des Fatals Picards inspirée de cette série et dont l’un des animaux est Le Pen la Hyène. Il ne nous demande pas de la fermer mais nous regarde quand même bizarrement. Je me renseigne auprès de la vendeuse :

                -Vous n’avez pas Sarko le Fat Sot ?

                -Ah non, me dit-elle, il n’est pas encore sorti celui là.

                Quartier Jouvenet, je ne trouve pas le moindre livre à acheter. Ici on est riche, on s’appelle Anne-France, on a un moutard nommé Auguste, mais on ne lit que des âneries et c’est cela que l’on tente de vendre, Paolo Coelho, Marc Lévy, Amélie Nothomb et compagnie. On nous propose aussi un livre pratique dont on n’a pas l’usage Relancez votre couple pour les Nuls.

                Pas grave, c’est une jolie promenade et les petites bourgeoises sont bien mignonnes. Sur le chemin du retour, elle fait des photos de deux maisons enlierrées, rouge d’automne sur fond de ciel bleu. A la main, elle a une poupée garçon en chiffon que lui a donné l’un des vendeurs de Jouvenet.

                Après qu’elle est repartie, je repasse par le premier de ces deux vide-greniers avec l’intention d’acheter une cafetière. Je reviens sans, mais avec trois livres de plus, parmi lesquels celui des souvenirs de Violet Trefusis, l’amante de Vita Sackville-West, publié chez Salvy. J’aime particulièrement son titre, tout à fait d’actualité, Prélude au désastre.

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