• Quatre David Hamilton d’un coup au vide grenier de Oissel

    Il pleut samedi matin au moment où je suis prêt à quitter mon logis pour le vide grenier de Oissel. J’ajourne mon départ. Une heure plus tard, je m’y risque. Malgré le temps pourri, ce déballage a bonne mine et le centre de Oissel, où je ne mets ordinairement pas le pied (qui va un peu mieux), me plaît bien.

    C’est un jour de chance. Sur une table m’attendent, assemblés par un élastique, quatre volumes de photos de David Hamilton dont le prix figure sur un petit carré blanc : dix euros le lot.

    Oui, David Hamilton, dont les photos dans les années soixante-dix étaient en postères aux murs de la plupart des chambres de jeunes filles et en cartes postales aux présentoirs de la plupart des rues commerçantes, et qui maintenant se voit régulièrement dénoncer comme pédophile, au point que je ne sais plus quel musée de la photographie au Canada l’a décroché de ses cimaises pour l’aller ranger aux oubliettes.

    La dernière fois que j’ai vu des affiches signées David Hamilton chez une fille, c’était lors d’un déménagement. Je quittais Champigny-la-Futelaye où l’école fermait faute d’élèves pour aller m’installer au hameau des Taisnières à Lyons-la-Forêt. La jolie fille qui y faisait l’institutrice n’avait pas encore décroché les photos de jeunes filles nues qui décoraient la chambre de son logement de fonction. Cette chambre allait devenir la mienne. Il y faisait très chaud le jour de notre rencontre. Nous avions un point commun : elle était comme moi enfant d’arboriculteur. Je me souviens qu’en parlant avec moi elle jouait avec sa braguette et comme je me suis maudit après de ne pas avoir tenté ma chance. C’était en soixante-seize, je crois.

    J’achète à la dame de Oissel La jeune fille, L’album de Bilitis, Collection privée et The Best of de David Hamilton, tous parus chez Robert Laffont. J’ai déjà les trois premiers. Ils feront plaisir à celle qui me rejoint le samedi après-midi et qui regrette de n’avoir pas connu le temps où les filles dénudées d’Hamilton étaient visibles partout.

    *

    Avant qu’elle n’arrive, je passe ce samedi en début d’après-midi au Rêve de l’Escalier. C’est jour d’animation commerciale rue Cauchoise. Je la remonte pour voir ça jusqu’aux vendeurs de disques installés tout en haut. Entre les deux, accrochées à des panneaux d’exposition comme on en voit dans les salles des fêtes villageoises, de hideuses peintures donnent envie de fuir. Tout cela sinistre, faisant regretter la rue telle qu’elle est habituellement.

    Partager via Gmail Yahoo!