• Récital Mikhaïl Rudy à l’Opéra de Rouen

    Après le départ de celle qui me rejoint le ouiquennede, je prends le chemin qui mène à l’Opéra de Rouen, croisant des familles qui s’ennuient le dimanche et une bande de scouts et scoutesses qui remplissent des questionnaires sur les marches du parvis de la Cathédrale.

    A l’intérieur du bâtiment, mon attention est attirée par un parallélépipède de tissu noir greffé sur une des loges, sorte de cabine d’essayage dans laquelle on aurait installé une climatisation. Je demande aux ouvreuses. L’une me répond que c’est pour La Flûte mais qu’elle n’en sait pas plus. La Flûte enchantée, c’est pour février. En cette fin janvier, c’est Mikhaïl Rudy pour un programme de musique russe.

    Je suis au premier balcon suffisamment haut pour ne pas être gêné par les deux projecteurs qui seront utilisés pendant la seconde partie du concert et côté jardin pour bien voir les mains du pianiste.

    Mikhaïl Rudy (qui a demandé l’asile politique en France dans les années soixante-dix) joue d’abord Petrouchka d’Igor Stravinsky. Point ne lui est besoin de partition. Ses mains courant sur le clavier se reflètent, fantomatiques, sur l’écran installé en fond de scène et à la fin, avec les nôtres, on l’applaudit beaucoup.

    Pendant l’entracte, du promenoir, je considère celles et ceux qui se pressent autour du bar et au loin la Seine qui coule toujours dans le même sens.

    Piano décalé vers la gauche, Mikhaïl Rudy revient pour Les Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski, toujours sans partition. Pendant qu’il joue, sont projetées, selon son désir, les aquarelles réalisées par Kandinsky pour la présentation de cette œuvre en mil neuf cent vingt-huit. Animées, elles se jouent de la musique et amène parfois le sourire. C’est une production de la Cité de la Musique en collaboration avec le Centre Pompidou.

    Beaucoup d’applaudissements saluent la performance et pas moins de quatre rappels ramènent le pianiste sur la scène. Les deux premiers reprennent les deux moments spectaculaires de la projection, l’épisode kaléidoscopique et celui des ronds colorés qui galopent sur des sinusoïdes.

    Le temps que je descende les escaliers encombrés, Mikhaïl Rudy a déjà eu le temps d’arriver au foyer où il commence à dédicacer ses cédés. Comme nul n’a jugé bon d’annoncer cette signature et que la plupart du public ne passe pas par là pour sortir, je doute qu’il voie autant de monde que James Ellroy mercredi dernier à L’Armitière.

    *

    Lundi matin, je regarde la vidéo mise en ligne par L’Armitière où l’on voit James Ellroy réclamant café, stylo, crack ou cocaïne avant de dédicacer ses ouvrages. En arrière-plan, une ombre s’approche et s’immobilise entre deux présentoirs : moi-même.

    *

    Dans un café rouennais l’autre jour :

    -Moi, je suis pas pressé de rebondir, je touche quatre mille euros de chômage, j’étais directeur d’agence.

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