• Rencontre avec Emmanuel Pierrat à la Maison de l'Avocat de Rouen

                Mercredi fin d’après-midi, je franchis la porte de la Maison de l’Avocat de Rouen, sise dans l’Espace du Palais, à deux pas du Palais de Justice, pour y entendre Emmanuel Pierrat, invité du festival Avoc’art. Il doit évoquer ses spécialités, les affaires de propriété intellectuelle et de censure et la collection d’ouvrages érotiques.

                Je suis en avance comme d’habitude et invité à visiter l’exposition. Il s’agit essentiellement de tableaux, réalisés par des membres du barreau et, hormis un ou deux, ce sont de très mauvais tableaux. Je me reporte vers les livres d‘Emmanuel Pierrat que propose à la vente une employée du Grand Magasin de la Vierge.

                Je parcours deux de ses romans parus en édition de poche chez Pocket Les Dix Gros Blancs et L’Industrie du sexe et du poisson pané, de mauvais livres érotiques, mal écrits, même pas dans le style passe-partout des livres de gens connus écrits par d’autres, ce qui laisse à penser qu’il les a écrits lui-même. Pas la moindre envie de les acheter. Je feuilletterais bien son Livre des livres érotiques, paru aux Editions du Chêne, trente-neuf euros quatre-vingt-dix, un ouvrage richement illustré, mais hélas il est sous plastique et pas question de l’ouvrir sans s’engager à l’acheter. Deux avocates arrivées en même temps que moi ont envie de se l’offrir. Le prix les fait hésiter.

                -On ne peut quand même pas mettre ça sur le compte du cabinet, s’interroge la plus jeune.

                -Pourquoi pas, lui dis-je, c’est un avocat qui l’a écrit.

                -Oui, c’est vrai.

                Elle demande à la vendeuse d’inscrire « documentation juridique » sur la facture mais celle-ci, je ne sais pourquoi, refuse.

                La conférence commence avec une bonne demi-heure de retard et devant une maigre assistance, une quinzaine de présent(e)s, avocat(e)s ou l’ayant été et conjoint(e)s. Je dois être le seul à ne pas faire partie de la famille. Le Bâtonnier fait une courte présentation et Emmanuel Pierrat s’embarque pour une longue série d’anecdotes croustillantes, comme on dit dans ces cas-là. Il n’est pas question de son travail d’avocat, juste de son goût pour les livres érotiques illustrés qu’il achète en tous pays : « L’illustration permet de passer les barrières de la langue ».

                Quand il s’arrête, le Bâtonnier l’interroge sur la censure. Emmanuel Pierrat, comme je l’ai déjà entendu faire sur France Culture, évoque son boulot de lecteur avant publication, rendue nécessaire par l’époque, paraît-il. Pas question pour un éditeur de faire paraître aujourd’hui un livre où l’auteur raconte ce que fait un(e) mineur(e) avec un(e) majeur(e). Je poserais bien une question à ce sujet, me demandant pourquoi les éditeurs se plient si facilement au nouvel ordre moral et pourquoi lui se plie si facilement à cette exigence éditoriale, mais il n’est pas prévu de donner la parole au public.

                Emmanuel Pierrat achève donc sa conférence par une petite histoire personnelle. Je ne la raconte pas ici. Jean-Claude ou Emilie pourraient s’en offusquer et je n’ai pas envie d’avoir moi-même à engager un avocat.

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