• Requiem de Mozart et Anastasis de Christophe Queval à l'Opéra de Rouen

                Une rentrée sans risque et sans surprise à l’Opéra de Rouen avec le Requiem de Mozart, ce vendredi dix-neuf septembre. Je bénéficie d’une place en loge, ce qui est une première. Pas grand chose à voir avec celles, luxueuses, où l’on nichait les grands-ducs, mais j’y suis bien, assis sur une chaise usée par nombre de fesses, juste derrière la corbeille et bien centré.

                Rien à dire d’autre sur l’exécution de ce Requiem que bravo, évidemment.

                Dans le livret programme, une bienvenue contribution de Joann Elart, musicologue enseignant à l’université de Rouen, remet quelques pendules à l’heure (comme on dit), pendules déréglées par Pouchkine et Milos Forman. Il rappelle que Mozart n’a pas composé le Requiem sur son lit de mort, qu’il ne s’y est pas spécialement intéressé, qu’il ne l’a pas écrit pour lui, que c’était une commande.

                Joann Elart rappelle également que, quelques jours avant sa mort, Mozart chantait les airs joyeux de la Flûte enchantée et qu’il a été enterré sans les derniers sacrements, puisque franc-maçon.

                Une petite surprise musicale quand même ce soir. Avant le Requiem, l’orchestre joue une composition contemporaine signée Christophe Queval et titrée Anastasis : « Méditation sur le Mystère de la descente du Christ aux Enfers avant sa glorieuse Résurrection », une musique paisible et inquiète où dialoguent bellement, à un certain moment, la harpe et le violon solo.

                Je découvre ce soir la musique de Christophe Queval que je connaissais par les textes de programme qu’il rédige parfois pour l’Opéra de Rouen, des textes très personnels emplis d’adjectifs, dont je me suis amusé dans ce Journal de bord, ce qui m’a valu de lui un mail très sympathique.

                Le texte le concernant dans le programme du jour indique qu’« il a renoncé quasi à toute activité salariée pour se consacrer intensément dans l’ombre, la pauvreté et la solitude à la composition, sans parvenir longtemps à intéresser grand monde à sa musique ».

                En outre, m’apprend toujours le livret programme, depuis mil neuf cent quatre-vingt-treize, Christophe Queval travaille en franc-tireur au monumental et utopique projet d’un nouveau Monasticon Gallicanum (Mémorial et Inventaire historique et archéologique des anciennes Abbayes de France), dont l’achèvement est espéré vers les années deux mille quarante. C’est forcément quelqu’un d’intéressant.

                Je le vois se lever deux rangs devant moi, se faufiler entre les fauteuils et monter sur scène. Les applaudissements sont fournis, dont les miens. Il salue bien bas.

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