• Sans papiers, exposition Jan Voss au Musée de Louviers

    En route pour Evreux où je dîne chez ma fille ce jeudi soir, je m’arrête à Louviers (ville natale) où se tient au Musée l’exposition Sans papiers des œuvres récentes de Jan Voos, laquelle fait suite à celles consacrées à Combas et Erro.

    C’est gratuit ici et point de presse, je serais même seul n’était une classe de moutard(e)s dans l’entrée à qui l’on montre et explique lourdement Relief rouge, bois peint. Un atelier relief (comme on dit dans ce milieu) va sans doute suivre (« prévoir en amont du rendez-vous au musée une collecte de toutes sortes d’objets de petite taille »). Les pédagogues de la petite enfance ne comprendront jamais rien à l’art.

    Je me replie dans les autres salles (trois aux rez-de-chaussée et une à l’étage) où sont montrées de grandes peintures acryliques (datant de mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf à deux mille huit) : des surfaces saturées d’objets, d’animaux et d’humains où court une ligne noire, effet fouillis assuré, qu’on peut toujours essayer de déchiffrer. J’aime beaucoup Lapin très dangereux à cause de la tête ahurie du lapin noir.

    Figurent aussi dans l’exposition, des bois peints assemblés, des reliefs en carton plume et des terres cuites émaillées. N’y figurent pas les œuvres sur papier de Jan Voss. C’est pourquoi son titre (qui fait également allusion aux premières années en France de cet artiste allemand au début des années soixante). Maintenant Jan Voss a des papiers. Il fait le professeur à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Un petit livre à lui consacré est signé Peter Handke (Quelques notes sur le travail de Jan Voss).

    De l’étage, je considère la cour intérieure carrée de la Mairie de Louviers, fleurie à l’excès. Au centre, le kiosque en béton où enfant je vis et entendis pour la première fois un orchestre. Dans cette cour aussi, je m’en souviens tout à coup, un instituteur nous amena découvrir un orchestre de robots soviétique. C’était sous un chapiteau installé pour l’occasion, au début des années soixante, à l’époque où Jan Voss participait à la première exposition de la Figuration narrative, et j’en fis quelques cauchemars de ces musiciens mécaniques que je soupçonnais d’être vivants.

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    Je découvre à Evreux, place Clemenceau, la libraire Joseph Gibert. Rien à voir avec la parisienne. Trop à voir avec les librairies Chapitre d’Evreux ou L’Armitière de Rouen. Une différence néanmoins : on y vend des livres d’occasion, mais cher. Je suis venu avec un sac de livres à vendre, pour apprendre que le bureau des achats n’est pas ouvert le jeudi. Putain de province.

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    Nul espoir de me débarrasser de mes livres invendables chez Book in Eure, la bouquinerie de la rue de la Harpe est fermée, sur la vitre un souhait de joyeuses fêtes (lesquelles ?), à l’intérieur des vieux papiers et des sacs en plastique jonchant un sol poussiéreux.

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    Cette façon qu’ils et elles ont de sans cesse se dire « bisou » sans jamais s’en faire.

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