• (Self) Service d'Anne-Cécile Vandalem au Rive Gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray

    Vendredi soir, je rejoins le Rive Gauche de Saint-Etienne-du-Rouvray par le boulevard Industriel pour assister à la représentation de (Self) Service, pièce d’Anne-Cécile Vandalem jouée par la troupe Das Fraülein Asbl dont fait partie l’auteure.

     La jauge est réduite à deux cents spectateurs centrés pour que l’on puisse faire face à la baie vitrée d’un appartement. Pour l’instant, son rideau est tiré. S’y reflète, déformé, le public qui s’installe. Je suis au quatrième rang, très bien placé, et je me regarde.

    Un couple arrive, qui s’assoit à ma gauche. La femme se penche vers moi et me dit :

    -On va parler tout bas sinon vous allez tout raconter dans votre blog.

    Je l’assure de ma discrétion. Le rideau coulisse côté jardin.

    Une vieille femme pleure bruyamment. Il y a de quoi. L’une de ses filles jumelles gît, écrasée par son banc solaire. L’autre semble au bord de la crise de nerfs. La farce est macabre et policière, avec intermèdes musicaux chantés et dansés, cela dû à une voisine artiste, perturbée elle aussi, moins cependant que la tante handicapée, quatrième femme enfermée dans cet appartement maléfique qui se déglingue au fur de l’histoire. C’est complètement belge et j’aime ça.

    Une ultime scène traitée en ombre chinoise donne le fin mot (comme on dit), tout cela n’est que dans la tête ravagée d’une enfermée psychique. Je la regrette, n’aimant pas tout comprendre.

    L’auteure comédienne et ses trois comparses saluent. Les applaudissements ne sont pas aussi vigoureux qu’ils pourraient l’être. C’est que chacun(e) est un peu secoué(e). Il faut se réadapter au monde.

    Je me lève, salue mes voisins lecteurs et fais le chemin dans l’autre sens.

    Voiture garée, je croise six clones de la French Cup qui rentrent d’un entraînement tardif de patinage synchronisé. Je les suis sur le pont Corneille. Ignorant les plaisirs nocturnes de Rouen, ces filles à chignon bien tiré bifurquent sagement vers leur hôtel et je fais de même vers mon calme logis.

    *

    Après la découverte de l’Impressionnisme par Laurent Fabius, chef de la Crea (c’est comme l’Agglo d’avant, en plus gros), voici celle du Land Art par Valérie Fourneyron (maire de Rouen). Elle a des projets dans ce domaine, en quoi elle voit un « art contemporain valorisant notre patrimoine environnemental » (Rouen Magazine) ce qui dénote une belle hauteur de vue et un penchant pour le charabia.

    *

    Un vieux Panorama de France Culture rediffusé à quatre heures du matin : des prises de bec, des avis tranchés, des voix qui se chevauchent et un peu de mauvaise foi. Rien de semblable avec le Tout arrive de maintenant : policé, réfléchi, sans un mot plus haut et un brin lèche-bottes. De quoi regretter encore une fois le passé, chose que je n’aime pas faire.

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