• Shigeko Hata à la Halle aux Toiles (pour l'Opéra de Rouen)

                Tôt présent devant les portes fermées de la salle de la Halle aux Toiles où se produit pour l’Opéra de Rouen, Shigeko Hata, c’est la seule façon d’avoir une bonne place dans ce lieu inadapté à l’accueil du public assis. C’est de cela que ça cause autour de moi ce mardi soir.

                Une jeune handicapée se présente, soutenue par son compagnon. Elle demande à accéder à la salle. L’ouvreuse qui veille sur la porte fermée lui propose de s’asseoir sur l’un des sièges disponibles en haut du somptueux escalier. Elle répond que se lever d’un siège pour aller se rasseoir dans un autre lui est extrêmement pénible L’ouvreuse téléphone à l’ouvreuse en chef qui papillonne un peu plus loin avec son téléphone d’ouvreuse en chef toujours collé à l’oreille. Après parlementage, cette dernière va aux nouvelles dans la salle. Autour de moi on s’offusque, faut-il tant d’hésitations et de palabres pour faire entrer cette personne visiblement souffrante.

                A son retour, la virevoltante téléphoniste conduit la jeune femme handicapée et son compagnon dans la salle. Autour de moi, on grogne maintenant contre ces deux privilégiés bien assis dans la salle, alors que nous ça fait quand même presque trois quarts d’heure qu’on est là debout, à attendre.

                Je m’assois, le moment venu, à une place avec vue sur le clavier du piano. Shigeko Hata, robe rouge, et son accompagnateur, Karolos Zouganelis sont bientôt sur l’estrade. Leur talent a vite fait d’occulter la laideur du fond de scène. La soprane propose ce soir un programme éclectique et cosmopolite.

                Avant l’entracte, ce sont les Cinq mélodies populaires grecques de Maurice Ravel, puis des œuvres, à l’inspiration occidentale, de quatre compositeurs japonais du vingtième siècle, enfin deux fables de La Fontaine, mises en musique par André Caplet.

                L’entracte inscrit sur le programme n’est en fait qu’une courte pause. Messieurs dames ne quittez pas votre place, s’évertue à répéter la papillonnante à téléphone. Son succès est relatif. Parmi celles et ceux qui désobéissent, je vois la jeune handicapée, partie saluer une de ses amies. Elle revient s’asseoir tranquillement sur sa chaise alors que la lumière diminue pour la seconde partie

                Shigeko Hata offre maintenant des lieder d’Antonin Dvorak et de Richard Strauss et Cincos Canciones Negras du Catalan Xavier Montsalvatge. Elle a droit, et le pianiste aussi, à un tonnerre d’applaudissement (comme on dit).

                En bonus, elle donne une chanson américaine. Bernstein ou Gershwin, je ne sais déjà plus, Je les confonds toujours ces deux-là. C’est dire mon incompétence dans le domaine musical.

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