• Soirée Tango Piazzolla à l’Opéra de Rouen

                C’est la dernière de la saison, ce vendredi soir, à l’Opéra de Rouen et c’est tango, spécialement Piazzolla dont je n’ai jamais pu écouter un disque jusqu’au bout. Je suis en corbeille côté jardin, derrière moi un trio dont l’une ne cesse de fouiller dans son sac. Elle cherche le mode d’emploi de son téléphone afin de l’arrêter et finit par le trouver « Donc : saisie manuelle, etc… ».

                Elle en est encore à faire du bruit quand les musicien(ne)s s’installent sur le plateau où des rampes lumineuses placées à même le sol font ambiance salle de bal. Je me retourne. La gêneuse bredouille « J’ai fini, j’ai fini » puis se tient à peu près coite. Le concert débute par Clásico y moderno pour bandonéon et quatuor à cordes de Gustavo Beytelmann puis ce sont trois extraits de Five Tango Sensations pour quatuor à cordes et bandonéon d’Astor Piazzola. L’un du trio de derrière croit utile de dire aux deux autres que l’instrument dont joue le musicien central est un bandonéon.

                Le bandonéon et son cousin l’accordéon, je les aime à petite dose. Ce soir, je suis d’humeur. Après Le Grand Tango pour violoncelle et accordéon que dédia Piazzolla à Rostropovitch, c’est l’entracte. Avant de sortir de la salle, je fonce sur une chaise restée libre devant la scène et y pose ma veste.

                On se presse autour du bar comme d’habitude. Les tables couvertes de nappes noires et ornées d’une rose rouge dans un vase uniflore, les guirlandes de chaussures de bal reliant les piliers et l’estrade supportant du matériel de sonorisation évoquent l’après concert.

                Quand je m’assois sur la chaise retenue, ma voisine me demande pourquoi. Je lui explique mes voisins pénibles. J’entends mieux mais je ne vois plus Olivier Innocenti, le joueur d’accordéon et de bandonéon, à qui le compositeur Denis Levaillant a dédié L’Andalouse, pièce de concert pour accordéon et sextuor à cordes, dont c’est ce soir la création mondiale (après qu’on a entendu le Tango-Ballet de Piazolla), une création qui remporte un fort succès et vaut au compositeur monté sur scène et aux interprètes qu’il embrasse moult applaudissements. Elle est suivie d’Adios Nonino d’encore Piazzolla.

                En bonus est joué et rejoué Libertango du même, agrémenté d’une démonstration par un élégant couple, ce qui ne laisse pas de marbre le public, notamment les femmes toujours émues par le tango, danse sensuelle et surjouée.

                Je n’en demande pas plus. Le bal argentin qui suit, organisé avec l’aide de l’association Tangoémoi, c’est sans moi.

    *

                Le matin au Clos Saint-Marc, dénichage d’une édition illustrée par un certain Garnon du Gamiani de Musset, préface de Françoise d’Eaubonne, parue aux Editions Borderie en janvier mil neuf cent quatre-vingt-trois, jolis dessins expressifs notamment ceux des scènes zoophiles avec le chien et le singe.

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