• Sur le parvis de la Cathédrale de Rouen pour y soutenir le Cercle de Silence

                Tous les premiers vendredis du mois a lieu entre dix-huit et dix-neuf heures un Cercle de Silence sur le parvis de la Cathédrale à Rouen. Ce Cercle de Silence est organisé par des chrétiens qui protestent ainsi contre les lois anti-immigrés et la chasse aux Sans Papiers. Le mois dernier, des jeunes d'extrême droite appartenant à un groupe identitaire nommé La Vague Normande sont venus le perturber. Habillés en jeunes patrons, ils ont dans un premier temps joué la fausse manif de droite, se félicitant de la présence des Sans Papiers en France, qu’ils allaient pouvoir exploiter, avant de reprendre leur vrai visage et de se présenter comme les véritables défenseurs de ces mêmes Sans Papiers, puisqu’ils veulent les renvoyer dans leurs pays pour leur éviter d’être exploités ici. Ces jeunes fachos ont été repoussés par une douzaine de membres des groupes d’extrême gauche appelés en renfort.

                Ce vendredi, comme il n'est pas impossible que ce groupuscule tente de remettre ça, le Réseau Education Sans Frontières de Rouen appelle à être présent le plus nombreux possible à dix-huit devant la Cathédrale.

                J’y arrive un peu avant. Tout est calme. Une politicienne sarkoziste traverse le parvis en diagonale, son téléphone collé à l’oreille. Des touristes vont et viennent. A l’heure dite, le Cercle se forme, plus ou moins rond mais silencieux. Il intrigue la passante et le passant :

                -C’est un jeu ?

                -Ils attendent qu’un truc tombe au milieu ?

                Un tract rose discrètement distribué alentour renseigne celles et ceux qui veulent savoir. Le temps passe sans que l’on ait à déplorer d’autres incidents que le passage de quatre jeunes gens enivrés et la chute d’une dame à béquille sur l’inégal pavé.

                Une file d’attente se forme devant l’une des portes de la Cathédrale, composée de vieilles et vieux essentiellement. Il s’agit du public d’un concert devant avoir lieu à vingt heures, donné par la Garde Républicaine, au profit de la lutte contre le cancer. Deux policiers municipaux arrivent dont la mission est de veiller au bon déroulement de cette soirée de charité. Surpris par ce Cercle que personne n’ose traverser, ils s’enquièrent. Un participant leur donne le petit tract rose. L’un des municipaux téléphone à qui de droit :

                -C’est une manifestation silencieuse. Ils disent qu’ils resteront là jusqu’à sept heures.

                Ce téléphonage est sans suite. Les portes de la Cathédrale s’ouvrent et la file y entre. A dix-neuf heures, le Cercle se démantèle en silence. Je rentre chez moi sans faire de bruit.

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