• Toujours abîmé mais à deux doigts

            Lundi matin trois août, elle me tient la main pour rejoindre la Clinique Mathilde. Je passe à nouveau par la case radiologie, attendant mon tour. Une vieille femme arrive en fauteuil roulant convoyée par deux auxiliaires en blouse bleue qui répondent à sa place aux questions de l’accueil puis la laissent là sans au revoir. L’image de mon épaule faite, nous montons au premier étage où me reçoit le chirurgien orthopédiste. Il m’annonce que les choses évoluent correctement. La clavicule cassée se ressoude. L’opération n’est plus à craindre.

            Je lui explique pourquoi j’ai dû renoncer à son immobilisateur. Il s’étonne. D’après lui, ma main n’aurait pas dû être enclose. Qu’importe, l’objet est devenu inutile. Il me dit que je dois encore soutenir mon bras d’une écharpe pendant dix jours et commencer les séances de kinésithérapie.

            Puis il m’alerte sur l’état de mon aisselle. Privée de mouvement depuis presque un mois, elle a un sale aspect. Il semble s’en étonner. C’est pourtant bien lui qui m’a recommandé de ne bouger mon bras sous aucun prétexte. Il est grand temps de s’occuper de ce nouveau problème. Il me recommande moult lavages quotidiens avec assèchement au sèche-cheveux. Un nouveau rendez-vous est pris, pour dans quatre semaines.

            Je rejoins celle qui m’attend patiemment derrière la porte. À ma tête, elle voit que le pire est exclu. Nous fêtons ça dans le jardin avec une bonne bouteille et sa cuisine inventive.

            Je suis encore abîmé mais moins. Pour preuve ce texte que je tape à deux doigts, index droit et index gauche. Cependant, je suis loin d’avoir retrouvé tous mes moyens, et elle, ce matin :

            -Serre-moi dans ton bras.

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