• Tout est bien, si l'on peut dire

                Je me demande à quoi il sert ce sixième pont de Rouen, nommé Flaubert. Jugeant par les encombrements de la circulation automobile ce jeudi matin sur les quais et les principaux axes de la ville, à pas grand chose, mais je m’en moque car c’est à pied que je circule pour me rendre au marché des Emmurées avec l’espoir de l’achat à bas prix de quelque livre précieux.

                Bonne pioche aujourd’hui : Tout est bien (sous-titré Chronique) aux défuntes Editions Quai Voltaire, sorte de livre de mémoires signé Roger Stéphane, dandy gaulliste homosexuel suicidé le quatre décembre mil neuf cent quatre-vingt-quatorze.

                Il y a quelques semaines, ce livre était à cinq euros, je l’ai aujourd’hui pour deux. J’ai donc bien fait de ne pas me précipiter, me disant que parmi le présent(e)s du jeudi matin aux Emmurées et du dimanche matin au Clos, personne d’autre que moi ne s’intéresserait aux écrits de Roger Stéphane.

                Je passe par la Maison de la Presse où j’achète Libération. Pas de cahier Livres, il est reporté à demain pour cause d’élection de Barack Obama à la Maison Blanche. Une qui doit être contente, c’est ma fille que je n’ai pas réussi à joindre hier. Voyant à la télévision les deux filles de Barack et Michelle Obama, je pensais à elle enfant, aussi jolie.

                Aucune chance que pareil évènement ne survienne en France. Le Parti Socialiste est aux mains des fossiles (Marie-Ségolène Royal, Bertrand Delanoë, Martine Aubry, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn). Cette élection les situe définitivement chez les has been, comme on dit là-bas, mais vont continuer à s’accrocher. Et même si surgissait de ce côté quelqu’un(e) non blanc(he), intellectuel(le) et doté(e) de charisme, les racistes de gauche iraient voter à droite ou s’abstiendraient.

                A droite, le Tout Puissant de la République peut nommer des ministres de couleur (comme on dit) mais sûrement pas présenter les mêmes ou d’autres aux élections législatives puisqu’il a été élu grâce aux voix de celles et ceux séduit(e)s par sa politique Hortefeux et il devra faire de même la prochaine fois.

                Je le vois déjà, Sarkozy, se comparant à cet autre homme de droite (mais sympathique) qu’est Obama. La différence entre lui (de ce côté de l’Atlantique) et lui (de l’autre côté de l’Atlantique), c’est que l’un des deux a été élu sans les voix des racistes.

                Tout est bien, écrit Roger Stéphane avant de se suicider et après avoir écrit la chronique désabusée de sa vie et de la vie de son temps.

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