• Trois fois au cinéma pour neuf euros grâce à Télérama

    Longtemps que je n’ai vu un film en salle, ai même raté l’Agora du Cinéma Coréen, déplacée cette année au Pathé Docks, trop loin pour moi qui ne peux aller au cinéma que si celui-ci se trouve à cinq minutes à pied (sinon mon désir tombe).

    L’occasion se présente. Je suis toujours abonné à Télérama (certains jours je me demande si ça va durer), précisément à l’édition parisienne dont le supplément me tient au courant des expositions dans la capitale, et donc j’ai ma petite carte pour aller voir, à trois euros la place, les « meilleurs » films de deux mille neuf. A Rouen, cela se passe au Melville, cinéma moribond.

    Vendredi en fin d’après-midi, je vois Still Walking d’Hirokazu Kore-Eda, une réjouissante histoire de famille qui montre bien comme c’est partout pareil quand se retrouvent pour un repas festif parents frères sœurs et pièces rapportées. Dommage que le réalisateur croit utile de terminer son film par une coda (comme on dit en musique) montrant ce qui advient dix ans après. Je n’aime que les fins ouvertes.

    Lundi midi, je vois Whatever Works de Woody Allen, une savoureuse comédie où l’on retrouve toutes ses obsessions du réalisateur, personnifié ici par ce misanthrope claudiquant Boris Yellnikoff que joue Larry David. J’aime Woody, notamment parce qu’il raconte toujours la même histoire.

    Mardi en fin d’après-midi, je vois Le Ruban blanc de Michael Haneke, palme d’or à Cannes, reconstitution historique en noir et blanc, de facture bien trop classique pour me plaire. C’est tellement moralisateur aussi. Décidément, je n’aime pas les films à message.

    Très peu de monde lors des deux premières séances, davantage pour la troisième, le cinéma même à trois euros ne fait pas forcément recette. C’est l’une des raisons qui font que Le Melville est condamné. L’autre est due à la politique locale. Les tenants d’Albert (tiny), ancien maire droito-centriste, et de Fourneyron (Valérie), maire actuelle socialo-écolo-communiste, s’accusent mutuellement, fallait pas ouvrir un cinéma Pathé dans le centre commercial des Docks (la faute à Albert), fallait pas racheter l’ancien Gaumont de la rue de la République (la faute à Valérie).

    Je pense plutôt que ce film catastrophe est une coproduction. Les politiciens et politiciennes locaux sont très doués pour faire les mauvais choix, quelle que soit leur étiquette.

    Quatre intrépides (dont Jean-Michel Mongrédien, l’actuel patron du Melville) sont en concurrence pour reprendre cet ancien Gaumont devenu propriété de la ville. Le gagnant en fera, sous la surveillance de la municipalité, un cinéma qui s’appellera sans doute Le République.

    Si j’en juge par le nombre et l’âge de celles et ceux qui fréquentent à Rouen les salles dites d’Art et Essai, il serait plus réaliste de lui donner pour nom Le Gouffre.

    Partager via Gmail Yahoo!