• Trois semaines de vacances dans le milieu de la France

    Parti bon train en voiture le six juillet au matin pour Sarlat (Dordogne) avec celle qui me tient la main une carte routière sur les genoux, je bifurque vers Saint-Benoît-du-Sault (Indre), l’ « un des plus beaux villages de France », qui ne m’est pas inconnu, pour avoir toute mon enfance entendu ma mère en parler. Petite fille, elle y passait ses étés dans la colonie de vacances de la ville de Bondy (Seine-Saint-Denis), le seul bon souvenir de sa vie. Nous pique-niquons devant l’église. À côté, les imposants bâtiments de l’ancienne colonie, sise dans le prieuré, sont en piteux état.

    Ce détour décide de la suite. Pas plus elle que moi n’avons envie de retrouver l’autoroute. Nous choisissons de rejoindre mollement Sarlat en glandouillant dans le milieu de la France, Indre, Creuse, Haute-Vienne, Corrèze, départements méprisés par les touristes, passant la nuit dans des campignes quasi déserts.

    Le quatorze juillet, nous atteignons la Dordogne où nous avons chacun des souvenirs, visitons Sarlat (trop de monde), Domme (trop de boutiques) et La-Roque-Gageac. C’est surtout Beynac-et-Cazenac, l’ « un des plus beaux villages de France », qui nous plaît.

    Pour deux fois treize euros cinquante, nous y déjeunons magnifiquement chez Lembert : terrine d’esturgeon de la Dordogne et son coulis de tomates puis canard à l’orange pour elle, foie gras de canard puis cassoulet périgourdin aux deux confits pour moi, et énorme glace rhum raisin pour nous deux (une bouteille d’excellent rosé de Domme à neuf euros accompagnant ces mets réjouissants).

    Cette cuisine serait de nature à nous retenir dans le Périgord. La foule nous en éloigne.

    Nous remontons là où l’on croise peu de monde, où naissent des chemins qui mènent à un étang ou à une rivière, au hasard des routes, enfin presque.

    Sur la carte routière du plateau de Millevaches clignote le nom d’un village : Tarnac.

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    Une nuit dans un campigne tenu par des Hollandais au sein de leur ferme qui ressemble à celle de Delphine et Marinette, les deux cochons : Rock et Roll.

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    Un repas à Uzerche (Corrèze) chez Martine où déjeunent également deux gendarmes et une gendarmette, celle-ci hilare à la fin ; sur leur table : un cruchon de vin. A la sortie, tous trois en fument une à l’ombre. Un ouvrier à côté : « Comment j’te les f’rai souffler au ballon, moi ! ».

    C’est le treize juillet et l’on fête la Révolution avec le navrant orchestre Traffic : « Allez Uzerche, on lève les bras. »

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    En Corrèze, elle rêve de rencontrer Chirac, en vacances comme nous, mais logé dans son château. Il est en photo à la une du Populaire du Centre en chemise à carreaux.

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