• Un lundi à Paris, au mois d'août

                Dans le train, parmi les endormi(e)s du petit matin, je lis Yann Andréa Steiner de Marguerite Duras, tout petit Folio de cent vingt pages. Ça commence bien, elle raconte sa rencontre avec ce jeune homme caennais, homosexuel et suicidaire qui a partagé la fin de sa vie, mais très vite elle dérive, Marguerite, vers un mirage onirique, s’apitoyant de manière facile sur le sort des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale.

                Que faire à Paris en plein mois d’août le jour de la semaine où l’exposition Richard Avedon au Musée du Jeu de Paume est fermée ? Écumer les boutiques de livres d’occasion du Quartier Latin où il y a toujours bonne trouvaille à faire.

                Je passe ensuite par la case Beaubourg. J’ai là l’intention d’acheter un passe annuel pour bénéficier au mieux des multiples expositions du Centre Pompidou car à Rouen, dans les années qui viennent, il n’y a rien de bon à espérer dans le domaine culturel avec la nouvelle municipalité de gauche sportive. Le bureau est fermé, c’est le mois d’août.

                Il fait beau et chaud dans le genre orageux, l’idéal pour se balader sans véritable but mais comme j’en ai un qui doit me conduire à Saint-Paul, c’est par là que je vais.

                En attendant quatorze heures, je traîne dans le quartier, découvrant au cinq rue Pavée une maison construite par l’ « illustre architecte » François Mansart qui y vécut et y mourut. Sur la façade de cette maison devenue Chapelle de l’Humanité, est gravée dans la pierre une niaise maxime : « L’amour pour principe et l’ordre pour base, le progrès pour but ». On peut visiter, certains jours, à certaines heures, mais c’est au seize rue Charlemagne que je pousse la porte

                Je viens rechercher aux Editions Allia un mien tapuscrit dont le nom de code est Técéhemme, où je raconte par le détail un épisode fort troublé de ma vie. Allia a mis plus d’un an à me répondre mais m’assure Amélie Macé, rédactrice de la lettre de refus, « il a été effectivement lu, contrairement aux idées reçues ». Je n’en doute pas et je sais comme il est difficile de dire à un(e) écrivain(e) qu’on ne veut pas de lui. Certain(e)s le prennent mal, assiègent l’éditeur, l’insultent ou menacent de se suicider si celui-ci ne change pas d’avis. Je crois même que l’un est passé à l’acte il y a quelques années chez Gallimard, mais c’est peut-être une légende. Quoiqu’il en soit je ne discute pas. Je souris en silence à la jolie jeune fille qui me rend mes écritures, en me demandant chez qui je vais pouvoir faire une autre tentative. Si je la fais. Je suis devenu bien négligent dans ce domaine. A croire que j’attends d’être découvert, comme un génie méconnu.

    Partager via Gmail Yahoo!