• Un mercredi à Paris, où l’œil de Munch en est peut-être un mauvais

    Depuis septembre, la balise humaine qui me servait de repère sur le quai de la gare de Rouen n’est plus là, un départ en retraite peut-être, et pour ajouter à mon trouble ce mercredi, le train de sept heures vingt-cinq est plus court que prévu, d’où un dangereux mouvement de foule vers l’avant. Parmi les voyageurs, un groupe de garçons à cheveux très courts (à quoi on reconnaît les élèves des lycées professionnels) pour qui on réclame les places réservées. Un homme d’affaire assis à l’une de ces places en ôte tranquillement l’affichette. Tout le monde se case néanmoins. Je lis Les Carnets de l’aspirant Laby (Médecin dans les tranchées) dans la collection de poche Pluriel.

    A l’arrivée, la foule se presse vers le bout du quai, croisant les voyageurs du train voisin qui part bientôt pour Rouen. Parmi ceux-ci, un homme qui en embrasse un autre. C’est le futur Président de la République, François Hollande. Il a les joues creuses.

    La ligne Quatorze du métro me conduit à Châtelet d’où je rejoins le Quartier Latin. Place Saint-Michel, une femme tombe à mes pieds. Elégante, vêtue d’une jupe noire et d’une veste blanche, la voilà sur les fesses. Je l’aide à se relever et constate que ce n’est pas Marie-Ségolène Royal.

    J’achète chez Boulinier les Ecrits intimes de Roger Vailland (Gallimard), chez Joseph Gibert Struthof de Robert Steegmann (La Nuée Bleue) et chez Gibert Jeune Super positions (Une histoire des techniques amoureuses) d’Anna Alter et Perrine Cherchève (Hachette Littératures). De ce dernier ouvrage, richement illustré, je prends un deuxième exemplaire pour celle qui doit me rejoindre au Centre Pompidou où nous devons voir ensemble Edvard Munch, l’œil moderne.

    Quand elle arrive, rien ne se passe comme prévu, à croire que l’œil de Munch est un mauvais œil. Le tableau que nous donnons est une triste reprise de celui intitulé Deux êtres humains. Les solitaires. Heureusement, c’est réconciliés que nous nous quittons.

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    François Hollande Président de la République, je m’avance un peu. Il faut déjà qu’il passe devant Martine Aubry (unanimement soutenue par les socialistes rouennais et d’alentour en vertu du pacte à trois Strauss-Kahn-Aubry-Fabius), puis qu’il se trouve face au louzeur Sarkozy (et non à un plan bé du genre Juppé ou Fillon).

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    Trop de choses à faire ce jeudi. Je ne peux être présent au Tribunal Administratif pour soutenir une femme nigériane et ses deux enfants scolarisés dans les écoles André Pottier et Jeanne Hachette à Rouen puis un couple d’origine arménienne et leur petite fille scolarisée à l'école Vauquelin à Dieppe.

    Grand Rouen, le site d’information animé par Sébastien Bailly (qui vient de renaître) m’apprend que le nombre d’affaires concernant les Sans Papiers représente désormais vingt-huit pour cent de l’activité du Tribunal Administratif de Rouen et que l’augmentation s’accélère depuis juin.

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    C’est aussi par Grand Rouen que j’apprends ce que venait faire François Hollande à Rouen hier : voir ses copains qui ne voteront pas pour lui et Bois-Guillaume où il fut enfant. L’article omet de raconter que le futur Président de la République a eu droit à un accueil antinucléaire organisé par le Collectif anti Heupéherre « Ni à Penly ni ailleurs ». Eh ouais.

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