• Une histoire d'enfants embarqués par les policiers qui m'en rappelle une autre

    Cette histoire d’enfants de six et dix ans arrêtés par les policiers à la sortie de leur école à Floirac pour une affaire de vélo volé m’en rappelle une autre.

    Cela se passe dans la première moitié des années quatre-vingt. Je suis dans ma classe unique du Bec-Hellouin en train de faire une leçon d’Histoire à l’aide de diapositives. Les rideaux sont tirés, la classe plongée dans le noir, quand soudain on frappe à la porte de façon péremptoire.

    J’ouvre. Ce sont deux gendarmes, venus de Brionne. Ils veulent interroger deux de mes élèves, suspectés d’avoir dégradé une tombe du cimetière communal. Je refuse.

    Mes deux élèves sont morts de trouille, d’autant qu’ils n’ont rien à voir avec ce dont on les soupçonne. A la sortie de seize heures trente, je les fais partir par la deuxième porte de l’école qui donne sur une petite rue par derrière, puis je vais poster le courrier du jour.

    Alors que je reviens de la Poste, la Quatre Ailes des gendarmes s’arrête devant moi :

    -On vous remercie de votre collaboration, monsieur l’instituteur. On fera un rapport à votre inspecteur.

    Ils ajoutent qu’ils sont passés à la mairie où on leur a dit bien des choses sur moi.

    J’écris moi-même à l’inspecteur pour lui narrer l’évènement. Les parents d’élèves alertés par leurs enfants viennent me voir et me félicitent. L’un d’eux, membre du Conseil d’Ecole, a fait son service militaire dans la gendarmerie. Il sait exactement où signaler l’affaire, au chef de groupement si je me souviens bien.

    J’organise donc une réunion extraordinaire de ce Conseil d’Ecole. Nous rédigeons un texte dénonçant l’attitude des gendarmes. Il est voté, posté à ma hiérarchie et à celle des gendarmes. Pour faire bonne mesure, il est également envoyé au journal local L’Eveil de Bernay qui le publie.

    C’est l’infirmière du village qui me raconte la suite. Elle a des clients à la gendarmerie de Brionne. Elle y a appris que les deux gendarmes ont été sanctionnés.

    -Tu sais ce qu’ils m’ont dit là-bas ? ajoute-t-elle. Le jour où Perdrial aura besoin de nous, la Quatre Ailes ne voudra pas démarrer, elle sera en panne.

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