• Vernissage de l’exposition Alain Sicard au Musée des Beaux-Arts de Rouen

    Aucune exposition d’importance cette saison au Musée des Beaux-Arts de Rouen et j’ai raté la plupart de vernissages. Suis donc là mercredi soir pour le dernier, celui de l’exposition Alain Sicard, peintures 2003/2011. Deux vieilles femmes râlent contre la porte fermée qui s’ouvre à l’heure dite, plus qu’à attendre Laurence Tison, adjointe à la Culture. Vingt minutes plus tard elle parle dans le micro, d’abord pour annoncer une nouvelle Rouen Impressionnée en septembre, réservée (si je comprends bien) aux artistes rouennais, puis pour évoquer l’œuvre d’Alain Sicard qui s’inspire des maîtres anciens. Un homme puis une femme du Musée prennent la suite. Alain Sicard, présent, ne dit rien. Il est temps pour la plupart de visiter l’exposition qui tient en une salle mais se répand aussi dans les collections permanentes.

    Je choisis pour ma part de me concentrer d’abord sur le buffet, picorant les petits fours un verre de champagne en main. Un homme m’aborde me demandant si je suis bien moi. C’est un ancien copain d’école et de collège, jamais revu depuis l’enfance. Il me dit lire mon Journal et aimer ça.

    -Evidemment, je ne suis pas toujours d’accord avec toi, ajoute-t-il.

    Il me raconte que pour sa profession libérale il passait des annonces légales dans un journal contraire à ses opinions afin de soutenir la presse indépendante.

    Je lui demande s’il est encore admirateur de Napoléon. Que non, il considère même l’Empereur comme une erreur de l’Histoire.

    -Une erreur de jeunesse en ce qui te concerne.

    Il rit. Ce rire et sa façon de s’exprimer sont les seules choses qui lui sont restées de son enfance.

    -Je ne veux pas te retenir plus longtemps, me dit-il.

    Je vais visiter l’exposition. Je ne m’attarde pas dans la salle consacrée exclusivement aux peintures d’Alain Sicard (qu’une dame trouve gaies) et cherche ce que l’artiste a disséminé dans les autres salles. Je constate qu’on en a refait l’accrochage et du coup m’intéresse bien plus aux œuvres des maîtres anciens qu’aux petites interventions de l’artiste contemporain.

    Quand je redescends, il reste des petits fours sucrés. Je prends donc une nouvelle coupe de champagne. Un homme en qui je reconnais le lecteur avec qui j’échange quelques mots chaque année au vide grenier de la Rouge Mare s’approche :

    -Alors, elle a eu son diplôme, vous la féliciterez de ma part.

    Bientôt, il n’y a plus autour du buffet que des beauzarteux et beauzarteuses qui fêtent le leur en se saoulant au champagne, des ancien(ne)s aussi dont celui qui écrit IBIB partout sur les murs et les vitrines de la ville. Avoir trente ans passés et en être encore à taguer la nuit dans les rues de Rouen, me dis-je en quittant les lieux.

    *

    Jeudi, début d’après-midi, je lis en terrasse au Son du Cor Henry Miller grandeur nature de Brassaï (Gallimard). L’essence d’un homme est contenue tout autant dans une ligne, une phrase ou un paragraphe que dans un livre écrit Miller à Hornus le seize mai mil neuf cent cinquante et un (j’ai exactement trois mois).

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