• Vernissage de l'exposition Identité(s) Territorialité(s) au Frac de Haute-Normandie

    Avec un titre pareil, en plein débat du Besson (maintenant totalement sarkozé) sur la notion d’extrême droite d’identité nationale, pas très envie d’y aller à ce vernissage au Fonds Régional d’Art Contemporain de Haute-Normandie, mais j’entends jeudi matin sur France Culture François Chaslin conseiller cette exposition Identité(s) Territorialité(s) dans son émission Métropolitains, tout en se moquant du titre, mais lui c’est à cause des esses entre parenthèses qui font, dit-il, très Mai Soixante-Huit, et donc vendredi soir je traverse Rouen à pied pour rejoindre Sotteville, remontant un flot incessant de voitures allant au pas mêlées de bus numéro sept n’allant pas plus vite dont les passagers debout sont serrés comme sardines.

    Arrivé trop tôt, je prends un café au Trianon. Un couple y travaille sa musique, lui jouant de la guitare, elle écrivant et chantant. Je termine la lecture de Sans valeur marchande de Michel Bounan (Editions Allia).

    Le moment venu, je fais le tour des photos du Frac qui toutes ont à voir avec le monde qui périclite, ici ou ailleurs, dans les villes ou dans les campagnes, illustrant assez bien le propos de Bounan quand il écrit Quiconque a observé la putréfaction d’une charogne peut se faire une idée de l’effondrement d’une civilisation. Bounan regrette les temps anciens où l’art et la vie ne faisaient qu’un, il ne souhaite pas que s’écroule ce monde qu’il dénonce car avec lui s’écroulerait ce à quoi il tient et donc il espère que de celui qui va mal naîtra un nouveau ressemblant à l’ancien (si j’ai bien compris).

    Discours, petits fours, aucun(e) des treize photographes ne retient mon attention, le vin blanc est frais et pas mauvais, le pain surprise est sans surprise mais se laisse manger. Je ne m’en prive pas et un groupe de beauzarteux et beauzarteuses non plus.

    L’un propose aux autres une chouille pour le vingt-six décembre.

    -C’est pas la veille de Noël, ça ? demande l’une.

    -Mais nan, c’est le lendemain de Noël. L’idée, c’est de ramener les restes des parents.

    -Les restes des parents ?

    -Bah oui, les restes du repas de Noël. Et puis sinon, cheveux fluo et vieilles polaires.

    -Une polaire ?

    -Bah oui, t’as jamais eu une polaire quand t’étais au collège ?

    -Bah non, mais j’ai peut-être encore mon caoué orange.

    Dans le bus numéro sept presque vide qui me ramène chez moi, je songe qu’aucun monde ne me convient, ni l’ancien, ni le présent, ni le futur quel qu’il sera, puis cherche comment renommer l’exposition du Frac au titre si fâcheux, pourquoi pas « Comme un cheveu sur la soupe » ou bien « Plus qu’un poêle à mazout ».

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