• Vide grenier à La Moratille, décevant repas à Viam, retrouvailles à Tarnac

    Je suis une nouvelle fois le seul hébergé à La Genetouse en cette nuit de vendredi à samedi. Au matin, après le petit-déjeuner sans surprise, ma voiture m’emmène jusqu’au hameau voisin nommé La Moratille. S’y tient le plus petit vide grenier que j’aie vu, sept ou huit exposant(e)s dans la cour des maisons. On y vend quelques livres, du tout-venant qui n’est pas pour moi.

    Je descends ensuite à Viam et, sur le conseil de la dame chez qui je dors, réserve une table à l’Auberge du Lac qui m’avait fait mauvaise impression l’autre jour (il paraît qu’on y mange très bien). Avant qu’il en soit l’heure, je reprends la voiture et par un chemin forestier à trous et bosses atteint le barrage de Monceaux-la-Virolle, sur la Vézère, qui donne naissance au lac de Viam, un ouvrage d’art que j’aimerais photographier mais ma carte mémoire est restée dans mon ordinateur. « Regarder, c’est se souvenir » est-il écrit à mon intention sur les panneaux de bord du lac, une citation de Richard Millet. Je franchis le barrage à pied puis reviens sur mes pas.

    Il y a affluence de voitures dans Viam, ce qui s’explique quand, peu avant midi, les cloches de l’église carillonnent en l’honneur d’un nouveau baptisé. Le temps étant incertain, je trouve table à l’intérieur de l’Auberge du Lac dans une salle sombre et sinistre. J’en suis le seul client jusqu’au bout du repas, lequel est très décevant : salade limousine, truite aux cèpes toute sèche essentiellement accompagnée de riz et de haricots, deux minuscules morceaux de fromage, deux petits moelleux secs à la myrtille, cela pour près de vingt euros, vin et apéritif en sus.

    Je file sans prendre de café et vais par des routes où je ne croise aucune voiture jusqu’à Rempnat. J’y découvre une Auberge du Sauvage avec de jolies tables en bois vieillottes sous les arbres où j’aurais mieux fait de déjeuner. A défaut, je commande un café qui malheureusement m’arrive tiède. A la table voisine, deux dames se récrient en voyant dans leur salade un tartare de bœuf. Elles sont végétariennes, un mot qu’elles prononcent en lettres capitales.

    -On va vous l’enlever, leur dit le serveur.

    Il est temps de descendre une dernière fois au Magasin Général de Tarnac. J’y commande mon habituel diabolo menthe quand j’y suis salué par Benjamin. Que des années après le premier passage, il me reconnaisse, m’étonne. Surpris, je le suis encore plus quand il me dit : « Vous habitez à Rouen et vous étiez avec une fille au camping ». « Quelle mémoire ! » lui dis-je. Je l’interroge sur le beau camion de la tournée dans les campagnes. Il l’a toujours, me répond-il.

    -A dans deux, trois ou quatre ans, lui dis-je deux heures plus tard, après lecture de Perros et avant de rentrer à Toy-Viam.

    *

    Qu’il ait fallu attendre le controversé Richard Millet, né à Viam, le vingt-neuf mars mil neuf cent cinquante-trois, pour écrire « Regarder, c’est se souvenir » me surprend un peu.

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    Ce samedi, j’ai aussi traversé La Merdoire, lieu-dit, près de Viam.

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