• Visite guidée du chantier du Cent Six, future scène rouennaise de musiques actuelles

    Mardi en fin d’après-midi, c’est en voiture que j’arrive dans la zone portuaire où se poursuivent les travaux de construction du Cent Six, future scène rouennaise de musiques actuelles. Il pleut à seaux. Je me gare sur le terrain vague qui entoure l’ancien hangar portuaire agrandi. J’écoute France Culture en attendant dix-sept heures, moment où la pluie cesse et où arrive une employée du lieu. Le coffre de sa voiture est empli de casques de chantier. Pas question de courir partout sans casque comme lors de la visite de la Non Médiathèque de Rouen avec Rudy Ricciotti. Ici, on ne plaisante pas avec la sécurité. « C’est obligatoire » nous dit notre guide. J’adapte mon casque à ma grosse tête.

    Curieux public que celui venu voir à quoi ça ressemble le Cent Six, bien plus âgé que celui qui viendra y écouter de la musique. Parmi la quinzaine de personnes casquées, quelques professionnels du bâtiment et du spectacle, l’œil critique.

    Quinze millions d’euros, c’est le prix de l’investissement. Il fait murmurer, on trouve ça « cher pour c’que c’est ». Il y aura à droite une petite salle de trois cent vingt places debout et à gauche une grande salle de mille cent places debout (trois spectateurs par mètre carré, c’est la norme, apprends-je). Cette grande salle aura un gradin amovible pour des spectacles assis ou à moitié assis à moitié debout. Assis on m’y verra, debout c’est moins sûr. Entre les deux salles se trouveront un studio de radio, un bar donnant sur la Seine et une salle pas montrée où l’on enfermera les fumeurs qu’il n’est pas question de laisser ressortir.

    La grande salle n’est pas encore étanche. Il nous pleut dessus. Quelqu’un trouve que c’est pas si grand que ça. Un autre doute que les travaux soient terminés en novembre comme prévu. Notre guide nous répète que Laurent Fabius de la Crea (nom barbare de la communauté de communes) fera une conférence de presse en juin pour annoncer la date d’ouverture. Un insolent demande si le Cent Six va remplacer le Hangar Vingt-Trois. « Le Hangar Vingt-Trois, c’est la ville de Rouen et le Cent Six, c’est la Crea » nous dit celle que nous suivons.

    -Elle passe vite et ce n’est pas une réponse, commente un autre.

    Nous montons à l’étage voir trois futurs studios de répétition, les bureaux de l’administration et l’accueil des artistes (trois loges, une salle de réunion et une immense salle de restauration avec une longue baie vitrée donnant sur le pont Flaubert). Mieux vaut venir faire ici l’artiste que le spectateur debout, me dis-je alors que nous montons au deuxième étage sous la tôle pour y découvrir encore deux studios de répétition, un studio de maquettage et un studio de création d’images numériques, toutes choses qui me concernent peu. Une élue de la Créa arrive, qui répond à une question concernant le fonctionnement en régie. Quant à la future programmation (quatre-vingt-dix concerts par an), c’est top secret (je suppose que Laurent Fabius de la Crea fera une conférence de presse).

    La visite de ce bâtiment à l’architecture sans intérêt est terminée. Nous redescendons. En bas, le groupe suivant, peu nombreux et un peu plus jeune, attend en compagnie de Jean-Christophe Aplincourt, le maître des lieux. Je donne mon casque à une dame et rentre par les quais non aménagés interdits à la circulation pour cause de transformation en plage de Rouen, l’une des attractions annuelles de Rouen Parc à Thèmes.

    Le premier tas de sable est déjà déchargé d’une péniche, triste comme un jour de pluie. Je n’ai pas posé ma question sur la future crue centennale et ce qu’elle fera du Cent Six.

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