• Visu Zéro Sept à Dieppe

                A Dieppe, par la voie buissonnière, d’abord à gauche vers Pourville-sur-Mer, le long de la Scie, puis la falaise couverte de genêts en fleur (cette envie irrépressible d’aller en Bretagne au premier genêt fleuri), parcage de la voiture au-dessus du château-musée (en contrebas la plage et son esplanade sur laquelle je repère la petite pelleteuse rouge de Dominique Boivin de la Compagnie Beau Geste, elle prend ses marques, c’est en partie pour elle que je suis là) et descente à pied vers la ville par le chemin de la Citadelle.

                Le marché du samedi s’achève, remballage et balayage, un petit café verre d’eau au café des Tribunaux mais il ne faudrait pas oublier que je suis venu pour l’ouverture du festival Visu Zéro Sept organisé par la Scène Nationale de Dieppe, dont le thème est cette année Les objets des humains. Danse, théâtre, performances, expositions, conférence, cinéma, il y en a à voir jusqu’à la fin du mois.

                En amuse-bouche, passage par la Maison des Jeunes et de la Culture du centre ville où le plasticien Jean-Luc Moulène expose ses Objets de grève, photos d’objets banals et usuels détournés par les ouvriers lors des conflits sociaux chez Lip, aux imprimeries du Chaix, chez Manufrance ou ailleurs, des objets sortis de leur dimension marchande et témoins d’une époque récente où l’on savait se battre avant de périr.

                Premier service, sur la terrasse de la Potinière, avec Makadam Kanibal et son Cirque des curiosités, l'histoire d'un couple d'asociaux assez inquiétant, avec clous, petites cuillers et louche enfoncés un peu partout, jonglage de haches, passage de préservatif du nez à la bouche par l'intérieur et accouchement à la dure. La Scène Nationale, contaminée par le moralisme ambiant, déconseille le spectacle aux moins de huit ans, deux quatre ou cinq ans amenés là par des parents irresponsables s’amusent cependant beaucoup. Le chien d’un véritable marginal présent dans le public se risque sur la piste, l’acteur lui balance une hache, on frôle l’incident grave, le public calme le marginal aviné. C’est du bon théâtre de rue.

                Second service, Dominique Boivin et sa Compagnie Beau Geste présentent des Transports exceptionnels, déjà vus et combien appréciés à Rouen sur le parvis de l’Opéra, il y un an, pour la réouverture dudit, histoire d’amour également, plus sensuelle et poétique que la précédente c’est certain, entre un danseur et une pelleteuse. Ça se passe sur les pelouses de la plage, face à l’hôtel Alguado, il fait froid, il souffle un sacré vent et il faut danser sur l’herbe mouillée, un véritable exploit pour Philippe Priasso, le danseur, impérial. Je ne sais plus comment s’appelle le conducteur de la pelleteuse, il est plutôt doué lui aussi. Tout cela fait un spectacle qu’il est inutile d’encenser, la presse nationale l’ayant déjà fait.

                Je ne sais pas si je pourrai retourner à Dieppe pour la suite, trop de choses à faire et à voir en ce moment, me serais pourtant bien glissé dans la navette qui emmène ceux qui ont le malheur d’habiter à Rouen.

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