• Dimanche, la nuit encore là, et sans celle qui termine son emménagement à Paris, je rejoins Villequier où se tient un sérieux vide grenier sur les bords de la Seine juste avant le village. La voiture garée en bordure de forêt, c’est à pied par un chemin mouillé de rosée que je rejoins le déballage. Le soleil orange se lève, un cargo remonte la Seine, un vendeur fait une photo de carte postale puis retourne à son commerce provisoire. C’est paisible ici, cela respire l’aisance, mais je n’y trouve pas de livre excitant, juste des paquets d’enveloppes pour ma correspondance.

    Je quitte Villequier sans aller dire bonjour à Adèle et Léopoldine, pressé de rejoindre la rue de la Croix d’Yonville, dans les quartiers ouest de Rouen comme on dit chez les politiciens. Je m’y égare mais avec pour repère la basilique du Sacré-Cœur, je finis par y arriver juste au moment où déboule un cortège musical et légumier. Deux joueurs de cornemuse en kilt encadrent des sommités habillées en vert, porteuses de paniers emplis de légumes. C’est le jour de la Saint Fiacre, la fête des jardiniers, une vieille tradition païenne qui a sa place à l’église.

    Je quitte le vide grenier de la rue de la Croix d’Yonville sans carottes ni poireaux mais avec un Cioran qui me manquait : Exercices négatifs (En marge du Précis de décomposition) publié chez Gallimard. Je l’ouvre au hasard : Tout philosophe qui aborde les choses avec une arrière pensée d’espoir –par là même – se  disqualifie pour toujours. Cioran, ça fait toujours du bien.

    J’arrive sur le campus de Mont-Saint-Aignan où je n’ai pas plus l’occasion d’une bonne affaire que la veille. Ce vide grenier installé sur les parquignes de la fac est envahi par les poussettes garnies, à croire qu’on ne fête pas ici le jardinage mais la reproduction de l’espèce humaine. Une preuve, s’il en était besoin, que Cioran n’a pas assez de lecteurs et lectrices.

    *

    Devoir slalomer entre les touristes chenu(e)s pour rentrer chez moi, c’est quasiment à chaque fois depuis que se déroule le festival Normandie Impressionniste de Laurent le Fabuleux, lequel a complètement fait basculer la ville du côté du troisième et quatrième âges (Rouen bientôt labellisée cité gérontophile).

    *

    Le trois septembre dernier, Le Parisien interroge François Rebsamen, Sénateur Maire socialiste de Dijon, l’un des principaux soutiens de Marie-Ségolène lors des dernières présidentielles (elle élue, il aurait été ministre) :

    «-Etes-vous d’accord avec les expulsions actuelles de Roms ?

     -L’occupation illégale de terrains publics ou privés n’est pas permise. Les maires ont raison de saisir la justice pour les expulser. Quant à l’expulsion du territoire français, il est du devoir d’un gouvernement de reconduire à la frontière des étrangers en situation irrégulière. Mais dans le respect des principes républicains, de la personne et de la dignité humaine. Et sans spectacle… »

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  • Samedi, après un vide grenier décevant à Mont-Saint-Aignan et un excellent repas dans le jardin, celle qui me tient la main et moi allons rejoindre, place Saint-Sever, celles et ceux qui manifestent à Rouen contre la politique xénophobe de Sarkozy et de ses ministres.

    En arrivant, je me demande si nous ne nous sommes pas trompés de manif, tant sont présentes les affiches demandant la libération d’un franco palestinien prisonnier d’Israël. Ces affiches sont sous la garde de Jeunes Communistes. Ils veillent également sur une bâche bleue qui cache quelque chose. L’un de ces branlotins du Pécé veut me donner un tract. Je le refuse et lui dis que je ne suis pas venu pour ça. Si le Pécé veut faire une manifestation contre Israël qu’il la fasse, ce sera sans moi.

    -Pourquoi vous m’agressez ? me demande-t-il.

    Je lui dis que je ne l’agresse pas, que je suis juste pas d’accord avec lui : cette histoire de prisonnier n’a rien à voir avec l’objet de la manifestation d’aujourd’hui. Il insiste, ajoute qu’il s’agit de demander à Sarkozy d’intervenir pour délivrer ce prisonnier.

    -Ah, parce que vous discutez avec Sarkozy vous, eh bien pas moi. Mais rassurez-vous un jour vous ne serez plus jeune, et plus communiste non plus.

    Il s’en va distribuer ailleurs. Le monde arrive, assez fourni, sans plus, où ne figurent pas de Roms ni de Sans Papiers. Celle qui m’accompagne considère les nombreux cheveux gris et me déclare que le jour où les soixante-huitards seront morts, il n’y aura plus de manifs.

    Elle exagère un peu. Il y a sans doute autant de moins de cinquante ans que de plus.

    -Si tu as raison, lui dis-je, les dernières manifs auront lieu dans les maisons de retraite.

    -Je sais bien, c’est pourquoi je vais m’occuper d’eux en travaillant sur les maisons de retraite cette année.

    Vient le moment des prises de parole (comme on dit dans ce genre d’endroit). Le responsable du Collectif de Défense des Libertés Fondamentales évoque les tristes évènements de l’été, puis demande si quelqu’un(e) du Réseau Education Sans Frontières ou de la Ligue des Droits de l’Homme veut dire un mot. Que non. Un jeune homme en profite pour s’inviter au micro et le voici discourant sur le franco palestinien prisonnier et la politique d’Israël, puis un de ses complices d’un doigt autoritaire indique aux manifestant(e)s qu’il est temps de se retourner pour assister à un bel envol de ballons communistes libérés de la bâche bleue.

    Je retrouve le jeune homme un peu plus loin, une fois le cortège en route, et le félicite :

    -Bravo pour la confiscation de la manifestation.

    -Je n’ai fait qu’appliquer la réglementation collective, me répond ce néo-stalinien.

                Elle et moi veillons à ne pas nous retrouver derrière les porteurs et porteuses de drapeaux du Pécé, du Péhesse (sans ses élus les plus connus) ou d’Europe Ecologie, mais nous ne pouvons pas éviter d’entendre les slogans pas finauds.

                C’est celle que j’appelais la mamie de la Ligue Communiste Révolutionnaire qui hurle dans le micro. Elle est désormais membre de la Gauche Unitaire, un appendice du Parti Communiste, et élue au Conseil Régional de Haute-Normandie sur la liste de la gôchunie (n’ai pas voté). On l’entend répéter :

    « C’est par les Roms, c’est pas les émigrés, qu’il faut virer, c’est Sarkozy et ses laquais ».

    Celle qui me tient la main n’en peut plus de l’entendre confondre émigrés et immigrés. « On apprend ça à l’école primaire » s’insurge-t-elle. Je lui indique que la vocifératrice est une prof ou du moins l’était. Est-il malin qu’elle crie maintenant « Sarkozy au pilori » ?

    Arrivant au croisement de la rue de la Jeanne et de la rue du Gros, nous constatons que la manifestation de défense de la consommation est bien plus fréquentée que celle où nous nous trouvons, puis c’est la fin du parcours devant le Palais de Justice.

    Nous n’avons pas envie de rester une minute de plus avec cette extrême gauche inintelligente et manipulatrice aussi filons-nous à la maison.

    *

    Je n’ai aucune sympathie pour la politique de l’Etat d’Israël et pas davantage pour les politiciens palestiniens, sûr d’une chose : s’il existe un jour un Etat palestinien, ce sera une dictature.

    *

    Quand même trouvé un livre à Mont-Saint-Aignan, acheté avant tout pour son titre Le cheval est une femme comme une autre, anthologie de textes d’écrivains (et autres) consacrés au noble animal rassemblés par Jean-Louis Gouraud (Editions Pauvert).

    *

    Le soir, quelques images de la manifestation parisienne à la télévision : des Roms au premier rang, des Gitans pas très loin, de la musique un peu partout.

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  • Je passe trop de temps sur le réseau social Fessebeuque mais ne le perds pas toujours. Un ami (comme on dit) y met, jeudi dernier, une chanson de Jean Yanne Camille, décrivant par anticipation celle d’Arne Quinze : On dirait une chenille / Ou un dessin de Picasso / C'est comme un intestin grêle / Avec une tête au milieu, / Un gros triangle isocèle / Boursouflé jaune et visqueux!

    La fin de cette amygdale aux extrémités fourchues y est même prédite : Je prends Camille avec des pinces/ Et la remets dans son bocal. Je récupère cette chansonnette à mon compte et reçois un message de Sébastien Bailly de la maison Paris Normandie. Il a fait un article sur ce sujet pour le site de son journal le neuf juillet dernier.

    Je lis rarement Paris Normandie surtout quand je suis en vacances dans le milieu de la France.

    Je demande alors à Sébastien Bailly ce qu’il en est du texte de Flaubert sur les bohémiens lu au moins six fois sur Fessebeuque et aussi, dans un article non signé, sur le site de Paris Normandie, où l’a-t-on vu en premier ? Chez Paris Normandie, me répond-il.

    C’est une lettre de Flaubert à Georges Sand, datée du douze juin mil huit cent soixante-sept : Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la Haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère.

    Et Gustave de conclure : Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. (son côté vieille fille hystérique).

    Je signale à mon interlocuteur que ce texte (qui provient du site de Gabriel Matzneff où celui-ci l’a mis en ligne le seize août dernier) a paru le premier septembre chez Paris Normandie et que je l’avais lu la veille chez Fessebeuque.

    « Gabriel Matzneff est un écrivain reconnu, le responsable de la rubrique livre suit son actualité. Je crois que c'est aussi simple que cela. » me répond Sébastien Bailly.

    Je ne sais pas qui est le responsable de la rubrique livre du quotidien régional mais quel talent !

    *

    Du temps, Fessebeuque vient de m’en dévorer à cause de ma photo de l’affiche « racaille, sans-papiers, bouffons, cas sociaux, fainéants, retraités, etc. » que nombre d’internautes (comme on dit) me demandent l’autorisation de reproduire.

    Cette photo me vaut aussi depuis deux jours une brochette de nouveaux « amis », comme jamais aucune de mes écritures.

    *

    Rouen, rue Guillaume-le-Conquérant, vendredi matin : une passante, dans un moment de lucidité, : « C’est pas la peine qu’on achète des choses qu’on a pas besoin ».

    *

    Devant la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier, je rencontre une mienne connaissance. Arrive sa compagne qui me salue en disant « Enchantée ».

    -Mais, lui dit-il, vous vous connaissez déjà, pourquoi dis-tu « Enchantée » ?

    Elle répond qu’elle dit « Enchantée » pour dire  « Bonjour ».

    Eux partis et moi à l’intérieur du Rêve de l’Escalier, me vient à l’esprit que j’aurais dû leur dire (d’autant que tous deux sont musiciens) :

    -Je préfère, quand on me rencontre, qu’on me dise « Enchantée » plutôt que « Flûte ».

    J’ai l’esprit d’escalier hélas (pas seulement dans cette librairie).

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  • Je descends d’un train à l’heure ce mercredi matin à Paris, cherchant des yeux celle qui m’attend au bout du quai et qui se jette dans mes bras. Le soleil est de la partie (comme on dit) et je lui propose, avant que d’aller au bord du canal Saint-Martin selon son désir, d’explorer certains passages qu’une récente émission de France Cul m’a donné envie de voir ou revoir.

    Nous prenons la ligne Quatorze et descendons à Châtelet. Par la rue Montorgueil, nous atteignons le passage du Grand Cerf à la superbe verrière qui nous mène rue Saint-Denis. Il y a là un café de sa connaissance, le Sans Souci, où nous en prenons un en terrasse. A la table voisine, une femme discute avec un jeune homme. Ils sont dans le cinéma. Elle lui conseille d’essayer plutôt Arte ou Canal, que c’est plus son profil. En face, une femme blonde dont on devine l’ancien métier ouvre le sex-shop.

    Celle qui me tient la main est ravie de son retour à Paris. Cette année, elle a une chambre chez quelqu’une (dont je ne peux rien dire) contre deux promenades de chien par jour. Elle me raconte en détail sa nouvelle vie, aux antipodes de celle qu’elle mène chez ses parents. Depuis hier soir elle sait manger une pêche avec un couteau et une fourchette.

    Nous repartons par le passage du Bourg-Labbé, en cours de restauration, puis atteignons celui à angle droit du Prado, peuplé essentiellement de gens venus d’ailleurs, comme tout le quartier, autant dire qu’on s’y sent bien et on pousse jusqu’au passage Brady, nous souvenant d’un repas pris ici, fâchés de ne pas pouvoir pénétrer dans celui du Désir qui est privé. Nous apercevons une église un peu plus loin, Saint-Laurent, où nous faisons nos dévotions avant de retourner passage du Prado pour déjeuner, tôt, dans l’un des deux restaurants mauriciens, face à un barbier coiffeur à cinq euros. Nous fêtons aujourd’hui un anniversaire particulier.

    A pied toujours, nous rejoignons le canal Saint-Martin. Un imposant matériel attire notre attention. On fait là du cinéma. Est-ce un remaique d’Hôtel du Nord ?

    Je demande à un homme qui fait le badaud. Il ne sait pas de quel film il s’agit mais il connaît l’actrice à la robe bleue, une Américaine dont il me donne le nom qui ne me dit rien. Elle doit être bien connue car des paparazzis la matent de loin avec leurs longs instruments. Nous passons l’un des ponts tandis qu’un bateau franchit les écluses et arrivons juste pour la scène du baiser entre l’actrice à la robe bleue et un acteur en costume beige, baiser filmé avec une caméra perchée en haut d’une grue sur fond de chaland qui passe (so romantic). Une jeune fille de l’équipe nous apprend le titre du film : One Day, mais elle ne sait pas le nom de la réalisatrice dont c’est le premier film, une Danoise.

    Laissant là ce cinéma, nous allons voir quel est le bâtiment là-bas. Il s’agit de l’hôpital Saint-Louis. Nous y entrons et faisons une pause sur l’un des bancs de la cour du Quadrilatère parmi les malades, les médecins et les infirmières qui pique-niquent au soleil. On peut se croire loin de Paris.

    De retour au bord du canal, on a envie de prendre un café chez Prune mais trop de monde. Nous poursuivons notre chemin sur la rive opposée au tournage. Alors que je l’embrasse, un souriant jeune homme intervient :

    -Désolé les amoureux, je ne peux pas vous laisser là.

    -On ne peut pas jouer dans le film, c’est ça, lui dis-je.

    C’est exactement ça, alors on trace et dans une rue qui va vers Belleville, nous prenons un thé à la menthe en terrasse. Il ne faut pas longtemps pour que s’installent deux hommes à la table voisine. L’un porte une caméra, l’autre un micro poilu.

    -Cette journée est vraiment marquée par le cinéma, constate-t-elle.

    A Belleville, nous traînons un peu. Sur les trottoirs, des marchands proposent moult nourritures de Ramadan. Un peu à l’écart, des Roms tentent de vendre des objets hétéroclites tirés des poubelles de la ville.

    En métro, nous gagnons l’Hôtel de Ville et dans les bacs de livres du Quartier Latin puis des Halles, je fouille un peu, et elle aussi pour moi y trouvant un double inédit de Boris Vian Mademoiselle Bonsoir et La Reine des garces publié au Livre de Poche puis, rue Saint-Denis, nous prenons une boisson fraîche pas donnée au Sans Souci, boucle bouclée.

    Un peu plus tard, il est dix-huit heures et nous nous séparons à l’angle d’un sex-shop, elle rejoint le seizième arrondissement, moi le Centre Pompidou.

    *

    Ce mardi de flânerie est le jour de la pré-rentrée des enseignant(e)s. Je pense aux quinze mille débutant(e)s envoyé(e)s cette année, grâce à Sarkozy, dans les classes les plus difficiles sans aucune formation pratique. Combien de démissions, combien de congés de maladie, combien de dépressions, combien de vies gâchées ?

    *

    Dans le train, je lis les délectables nouvelles d’Alice Munro publiées chez Rivages Poche sous le titre L’amour d’une honnête femme. Extrait : Il était possible que les électrochocs subis par Iona après sa dépression nerveuse aient percé une brèche dans sa discrétion : la voix qui passait par cette brèche, une fois déblayé le camouflage de fatras, était maléfique et sournoise.

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  • Lundi matin, je franchis la Seine par le pont Corneille avec pour destination le garagiste à qui je dois expliquer les faiblesses de ma voiture. Camille est encore debout sur le pont voisin mais depuis deux jours un engin, orange comme elle, n’attend que le feu vert pour la détruire.

                La veille au soir, l’installation d’Arne Quinze a reçu la visite d’un petit groupe de manifestant(e)s demandant sa pérennité, un « happening » encouragé par la Sénatrice, fidèle soutien du gouvernement national sarkoziste, toujours prête à embêter la socialiste Fourneyron, Maire de Rouen.

    Pour les politicien(ne)s de droite et de gauche, un évènement artistique, ce n’est que l’occasion de se faire mousser. La ville de Rouen et, au-delà, la Normandie en sont de bons exemples : encore un mois à supporter la Normandie Impressionniste de Fabius, pour Rouen Impressionnée c’est terminé.

    Pas eu envie d’aller voir les installations de Shigeko Hirakawa au Jardin des Plantes, dont les visées étaient écologiques, n’ai fréquenté que la Banque du Miel d’Olivier Darné (pour la défense des abeilles) et les jupes de la Camille d’Arne Quinze (pour le rapprochement de la rive gauche et de la rive droite), de l’art plein de bons sentiments.

    L’art qui sert à quelque chose ne sert à rien, me dis-je un peu plus tard en repassant le pont Corneille tandis que l’engin démolisseur s’attaque à Camille.

    *

    L'œil que tu vois n'est pas œil parce que tu le vois, Il est œil parce qu'il te voit. entends-je, en rentrant, sur France Culture, un propos signé Antonio Machado.

    Je me souviens de la tombe d’Antonio Machado à Collioure, vue il y a je ne sais combien d’années. Des demoiselles espagnoles y récitaient des poèmes qu’elles glissaient ensuite dans la boîte à lettres insérée dans la pierre.

    *

    Mardi matin, collée un peu partout à Rouen, et spécialement rue Saint-Nicolas, une affiche signée d’un certain Ministère de l’immigration, de l’identité nationale et du développement solidaire appelle les « racailles, sans-papiers, bouffons, cas sociaux, fainéants, retraités, squatteurs, roumains, polygames, truands, crasseux, concierges, pyromanes, étudiants, communistes, gouines, intellectuels, manifestants, abstentionnistes, taulards, sidéens, albinos, etc. etc. » à se présenter immédiatement au Commissariat de Police le plus proche. Je la photographie.

    *

    Je note ce que je ne veux pas oublier et puis j’oublie ce que j’ai noté.

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