•            Vraiment, c’est scandaleux de voir l’antenne de France Culture accaparée chaque dimanche matin par les émissions religieuses. Où est le rapport avec la culture ? Orthodoxie. Protestantisme. Judaïsme. Catholicisme. Dans l’ordre. Avec, un entracte au choix selon les semaines. Franc-maçonnerie ou rationalisme. Un alibi, cet entracte. Et un égal étalage de foi laïque chez ces deux associations, guère différentes des églises qu’elles entendent combattre. Depuis le temps que sont autorisées les radios privées, ces émissions religieuses auraient dû y trouver leur place. Rien à faire sur le service public. La religion est une affaire privée, non ?

                À quelque chose malheur est bon, comme dit Madame Michu. Ne pouvant pas écouter France Culture, j’ai enfin pris le temps d’écouter un cédé récemment acheté. Un concert de Barbara, enregistré par Europe Un, à l’Alhambra de Bordeaux, le vingt-huit novembre mil neuf cent soixante-neuf, concert donné gratuitement pour les étudiants de là-bas par la chanteuse, dans le cadre de l’émission Campus. Il y a trente-sept ans donc. Selon toute probabilité, je devais être à l’écoute ce soir-là. J’écoutais Campus, l’émission de Michel Lancelot, tous les soirs. On y entendait toute la chanson contestataire d’après mai soixante-huit. On y évoquait des sujets comme l’euthanasie ou l’homosexualité, sujets tabous en ce temps-là. Me souviens particulièrement d’une émission consacrée à l’objection de conscience malgré les risques encourus, la loi de l’époque interdisant d’en parler publiquement. Michel Lancelot était courageux et est mort jeune. Il a écrit un livre intitulé Je veux regarder Dieu en face. Je ne sais pas s’il a essayé et si c’est ça qui l’a tué.

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  • Danse, hier soir, à l’Opéra de Rouen, avec le ballet du Grand Théâtre de Genève, trois chorégraphies : Para-Dice de Saburo Teshigawara, Selon désir d’Andonis Foniadakis et Loin de Sidi Larbi Cherkaoui. Ma préférence pour la deuxième, plus inventive.

    Ça plait évidemment, à moi comme à tout le monde et c’est bien le problème, cette unanimité. Tout cela est bien trop sage. Cette danse contemporaine est bien trop classique. On ne pourra jamais compter sur les Suisses pour faire la révolution.

                Encore une occasion de se plaindre du remplacement de Laurent Langlois par Daniel Bizeray comme directeur général et programmateur. Pas fini de regretter le temps où les chorégraphies d’Anne Teresa De Keersmaeker, de Jan Fabre, de Maguy Marin, de Mathilde Monnier ou de Boris Charmatz faisaient quitter la salle à certains bons bourgeois rouennais, effrayés de ce qu’ils voyaient ou entendaient.

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  • Mister Crocodile invite les lecteurs de son agenda/blog (guide urbain de l’élite, selon son expression facétieuse) à une rencontre autour d’une boisson chaude à l’Espiguette, place Saint-Amand, à neuf heures du matin, le vendredi vingt-six janvier, une occasion de faire connaissance, c’est ce que je lis sur son dernier message.

    Y vais-je ou n’y vais-je pas ? Voilà que je m’y décide et je réussis à être devant l’Espiguette ni en avance ni exactement à l’heure (un véritable exploit pour moi). Il est neuf heures et quart. Je jette un coup d’œil à l’intérieur. Personne.

    Ouf, cela m’évite de tergiverser, entrer ou ne pas entrer, comme je l’ai fait une fois pour une invitation du même genre à l’Agora Café, place du Vieux, invitation lancée par une adepte du Bookcrossing. Finalement, ce jour-là, je n’étais pas entré, d’une part la timidité, d’autre part le découragement en songeant qu’il faudrait se présenter selon les modalités d’usage, c’est-à-dire égrener les informations sur soi que l’on trouve en tête des fiches des Renseignements Généraux (profession, âge, adresse et tutti), jamais moyen d’y échapper quand on a affaire à des inconnus et j’ai horreur de ça. Et puis après de quoi parler ? Et comment ne pas bien vite avoir cette impression que l’on serait mieux seul, que l’on perd son temps à échanger des propos oiseux, qu’être en groupe fait de chacun un imbécile, que les  rencontres intéressantes sont celles qui ont lieu en tête à tête.

    Bon. Je n’ai pas affronté la froidure pour rien, j’ai acheté un paquet de biscottes chez Marché Plus.

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  • Un magnétophone branché, des tables en carré, une douzaine de parcoureurs installés autour pour échanger leurs impressions après visionnage de la vidéo Tourlourou et de la présentation de travail de Oui oui, pourquoi pas, en effet, deux chorégraphies, l’une achevée, l’autre en cours, de Carlotta Sagna.

    Cela se passe au centre culturel Marc Sangnier et le pain d’épice apporté par l’une des participantes tourne autour de la table tout comme la parole. Chacun(e) donne ses impressions : incompréhension, attirance, rejet, plaisir, attente. Autant d’avis que de parcoureurs et comme chacun parle à son tour et écoute les autres, on ne perd pas son temps comme dans certains débats où la cacophonie règne.

    Je n’ai pas vu Oui oui, pourquoi pas, en effet, retenu ailleurs ce soir-là. Au travers de ce que racontent les autres, j’imagine le spectacle que je verrai à la Ferme du Buisson lorsque Carlotta Sagna en aura terminé, une histoire mettant face à face un vieux danseur et trois jeunes danseurs. J’entends : histoire un peu floue, violente, qui ne devrait pas finir dans l’harmonie. Tout ce qu’il faut pour me plaire.

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  • Demi-salle pour Joseph d’Anvers hier soir au Trianon Transatlantique, ce jeune chanteur filiforme dont je ne connaissais rien, pas même entendu une de ses chansons à la radio, ma curiosité l’a emporté et m’a conduit ici.

    Première chanson, si je ferme les yeux je crois être en présence de Dominique A, même voix, même façon de chanter, même univers musical. Une impression qui revient à plusieurs reprises au cours de ce court concert. Que j’oublie parfois lorsqu’il chante des ballades, un harmonica fixé sur les épaules. Si bien que je finis par penser que j’ai peut-être mal entendu. Et puis le voilà qui revient pour son ultime rappel et qui nous annonce une reprise de quelqu’un qu’il aime beaucoup.

    Dès les premières notes, je me dis que je connais ça, et dès les premières paroles, je reconnais Le courage des oiseaux de Dominique A. Oh la la, Joseph, tu ne devrais pas faire ça.

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  • Le boulanger refait sa boutique à la couleur du jour, quelque chose dans les gris marron et dans la sobriété. Sur sa façade, désormais, en lettres d’or : Artisan boulanger.

    Le fleuriste en fait autant dans la sobriété et les mêmes coloris. Sur sa façade, désormais, en lettres d’argent : Artisan fleuriste.

    Conséquence de ces fanfaronnades, une petite augmentation des prix et ma fierté, pour acheter une baguette et un bouquet, de fréquenter maintenant deux artisans.

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  • Jamais encore, depuis douze ans qu’il existe, n’avais mis les pieds dans ce Festival des Cinémas du Sud, jamais tenté par la programmation, trop de bonnes intentions, trop de bons sentiments, mais cette année avec le temps dont je dispose, je m’y risque cette après-midi au Gaumont République pour voir un film taïwanais de Yee Chih-Yen Blue Gate Crossing, une histoire de fille qui ne sait pas encore si elle aime les filles ou les garçons.

    Eh bien, une salle remplie de branlotins et de branlotines, l’équivalent de plusieurs classes, conduits là par une seule professeure, et perdus dans cette masse quelques spectateurs venus là de leur propre initiative et le regrettant déjà.

    Bruits divers, rots, pets, sonneries de téléphone, gloussements, imitation de la langue chinoise, déplacements, ricanements à propos des broute-minous, une spectatrice excédée s’insurge :

    -Vous n’êtes pas chez vous devant votre télé !

    Peine perdue et l’enseignante se garde bien d’intervenir.

    Et le film dans tout ça ? Une oeuvrette gentillette.

    On ne m’y reprendra plus. Cela dit si le souci était de remplir la salle pour se prévaloir d’une bonne fréquentation et continuer ainsi à bénéficier de subventions, ce festival est une réussite.

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  • Vernissage de l’exposition Clinic au Pôle Image, hier soir. Trois photographes traitant du portrait. Trois moments de la vie à l’hôpital. Naissance, accident, sénilité. Un parcours sans issue, clinique.

    Charles Fréger (France) pour la naissance. Présent, retour du Japon, vêtu et tondu à la samouraï, rougissant quand on parle de lui. Ses photos montrent des élèves sages-femmes, debout face à l’objectif, vêtues d’un tablier de boucher, dans la salle de travail (comme on dit), cela ne donne pas vraiment envie de renaître.

    Stefan Ruiz (Etats-Unis) pour les urgences. Ses photos prises au Céhachu de Rouen montrent des soignants et des blessés, souvent de trois quarts, sur fond blanc. Quiconque a déjà mis les pieds dans ce service hospitalier sait qu’on s’y sent peu de chose.

    Peter Granser (Allemagne) pour la sénilité. Ses photos montrent des visages de vieillards atteints de la maladie d’Alzheimer, le regard vide, dans une lumière blanche. La vie comme elle peut se terminer quand on n’a pas de chance.

    Présence et discours des divers commissaires d’exposition et de Valérie Fourneyron, conseillère régionale socialiste, chargée de la culture. Cette dernière ressemblant étonnamment à celui qui nous sert de président quand elle parle, mimique, intonation, gestuelle. Une sorte de déformation professionnelle sans doute.

    Croisant une connaissance, pas vue depuis longtemps, je lui demande : Qu’est-ce que tu deviens ? Comme réponse : Je travaille toujours à la Grand Mare, etc. Je ne m’habituerai jamais à cela, on demande à qui que ce soit où il en est dans la vie, dans ce parcours sans issue, et il vous parle de cette chose sans intérêt : son travail.

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  • Un café à l’Echiquier, bizarrement aujourd’hui peu de monde et pratiquement que des couples de garçons aimant les garçons, alors que, le plus souvent, en ce lieu, je déguste mon noir breuvage entouré de plein de jeunes filles échappées du lycée Camille Saint-Saëns. Leur absence me remet en mémoire ce que dit d’elles Baudelaire dans Mon cœur mis à nu :

    La jeune fille des éditeurs.

    La jeune fille des rédacteurs en chef.

    La jeune fille épouvantail, monstre, assassin de l'art.

    La jeune fille, ce qu'elle est en réalité.

    Une petite sotte et une petite salope; la plus grande imbécile unie à la plus grande dépravation.

    Il y a dans la jeune fille toute l'abjection du voyou et du collégien.

    De retour chez moi, je retrouve, outre le texte de Baudelaire, ceci, tiré des Carnets d’Henry de Montherlant :

    Il faut aimer la bêtise comme je l’aime, et en être attisé, pour courir à ma mode après les petites jeunes filles, qui sont dans l’ordre de l’infini, ce qu’il y a de plus bête au monde.

    Qu’on ne compte pas sur moi pour en dire, à mon tour, du mal, de ces jouvencelles, surtout quand elles ne sont pas là.

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  • Trois fois au cinéma ce ouiquennede, activité favorisée par le festival Télérama et ses billets à trois euros permettant de voir les « meilleurs » films de l’année et par la Fnaque offrant une entrée gratuite pour deux à une avant-première.

    Commencé au Melville (festival Télérama), petit public grisonnant de vendredi après midi, par Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris, histoire d’une famille bien atteinte, entassée dans un minibus Volkswagen, en route vers un concours de mini miss, comédie assez réjouissante sur les névroses familiales et le mode de vie américain.

    Terminé au Melville (festival Télérama) par Volver de Pedro Almodovar, public nombreux et varié de dimanche après-midi, l’une des caissières énervée par la présence  inhabituelle de cette masse de spectateurs (ce qui prouve qu’en temps ordinaire le cinéma est trop cher), criant à plusieurs reprises que « ceux qui zont leur billet se rangent derrière la barrière ». Almodovar, bien, forcément, à la hauteur de sa réputation, dans cette histoire de femmes qui ont beaucoup à se plaindre des hommes.

    Entre les deux, dimanche matin, à l’Ugécé de Saint-Sever (avant-première Fnaque), projection de La vie des autres de Florian Henckel von Donnersmark, évocation très réaliste des mœurs de la police politique (Stasi) en République Démocratique Allemande, film à la réalisation peu inventive et à la musique assez soûlante mais qui raconte bien l’horreur froide du régime communiste est-allemand.

    A l’entrée de l’Ugécé, une quinquagénaire bourgeoise seule, ayant en main un ticket gratuit pour deux, abordée poliment par un homme du même âge et du même milieu, sans ticket, lui demandant s’il pouvait profiter de la deuxième entrée gratuite, le pauvre se faisant envoyer promener d’un « On ne demande pas ce genre de chose, cela ne se fait pas, c’est à moi de proposer cette entrée si j’en ai envie », une sale coche, cette femme, comme je n’ai pas hésité à le dire.

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