•             Petite visite à la galerie parisienne Templon, rue de Beaubourg, attiré par le titre de l’exposition de l’artiste flamand Jan Fabre (jusqu’ici connu de moi uniquement pour son activité de chorégraphe) : Les Messagers de la mort décapités. J’apprends à cette occasion que ledit Jan Fabre est le petit-fils de l’entomologiste Jean-Henri Fabre et cela se voit : Les Messagers de la mort décapités, étant les têtes agrandies de rapaces nocturnes, coupées et posées (entourées chacune d’une corolle de plumes) sur une longue table recouverte d’une nappe en dentelle de Bruges, des têtes munies d’yeux en verre destinés aux humains et qui vous regardent tranquillement. Dans la salle voisine, deux Sculptures de larmes, moulages en plâtre blanc du corps nu de la compagne de Jan Fabre, percés de poinçons, de couteaux et de haches. Un peu plus loin, le Carnaval des chiens errants morts, une installation de la taille d'une pièce entière qui associe des cadavres de chiens empaillés, des mottes de beurre, des paillettes et des guirlandes, carnaval qui a mal tourné, référence aux scènes de fêtes de l’art flamand, au Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns, un mélange de macabre et de comique qui fait penser aussi à James Ensor. Les titres des œuvres m’ont bien plus fait rêver que les œuvres elles-mêmes.

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  •             Longue déambulation pédestre hier à Paris, accompagné d’une promeneuse de bébé en poussette. De la gare Saint-Lazare à Beaubourg, en passant par la Madeleine, le jardin des Tuileries et les quais de Seine, une plongée dans la ruche humaine, compliquée par la présence de trottoirs à franchir, de scouteurs à contourner, de travaux à éviter, de marches à descendre et à remonter, de portes à franchir. Quoi qu’en désirent ou qu’en disent le Delanoë et ses alliés de couleur verte, la capitale est bien entre les mains des possesseurs de chaises roulantes, ces automobilistes qui chaque jour augmentent impunément la température de la planète, compromettant l’avenir du mignon bébé dans sa poussette.

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  •             Merci vraiment à Bazart, l’agenda du spectacle normand, grâce auquel j’ai gagné une entrée gratuite pour deux au concert de Miossec à l’Exo Sept. La question était ; Pourquoi Miossec s’appelle-t-il Miossec ? Eh bien, parce que c’est son nom ! Et voilà ! Gagné. Les deux places à prendre à l’accueil de l’Exo Sept le jour du concert. Par prudence, j’emmène une copie de l’échange de mails avec Bazart. Et heureusement, car à l’accueil, le guichetier ignore tout de ce concours. Il téléphone quelque part où se trouve le pouvoir et tout s’arrange, mon nom sur un petit papier en échange des deux places gratuites.

                Déjà vu le Christophe en scène, première fois à l’Abordage à Evreux, deuxième fois au Hangar Vingt-Trois à Rouen, un peu déçu à chaque fois de ne rien comprendre à ce qu’il chante lorsqu’il est sur scène, préférant, et combien, écouter ses cédés.

                Donc troisième fois, à l’Exo de Petit-Quevilly, cette salle où l’on est accueilli par de sympathiques vigiles et où il nous faut subir une première partie dont il vaut mieux ne pas parler. Entracte puis disparition de la scène dans un grand effet de fumigènes. On craint quelque miracle, la résurrection de l’abbé Pierre par exemple, mais sitôt les fumées dissipées, c’est le Christophe qui apparaît. Dès la première chanson, le constat d’un progrès dans le souci d’être compris pas les spectateurs. Disons que l’on ne comprend pas tout, mais qu’on peut suivre, surtout si, comme moi, on connaît toutes les chansons du Breton.

                Lequel Breton tangue encore, bien que buvant désormais de l’eau sur scène, le pied du micro lui servant de béquille, plein d’énergie et cachant sa timidité derrière une gestuelle qui n’appartient qu’à lui, un peu plié toujours. Il enchaîne les chansons sans le moindre répit devant une salle bien sage, quelques verres de bière circulent, on fume ici ou là, un insurgé crie : Vive la Bretagne libre, plusieurs rappels chaleureux, et c’est déjà fini.

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  •             Faustine Génasi n’est pas d’accord avec ce que j’ai écrit ici le cinq février dernier suite à la lecture du programme de présentation du Vaisseau Fantôme. Elle ne me demande pas de droit de réponse. D’autant plus volontiers, je lui donne la parole : Je souhaitais réagir à votre article où vous m'accusez de chauvinisme. Si vous aviez assisté à ma conférence qui avait lieu le jeudi 1er mars au Théâtre-des-Arts, vous auriez compris les circonstances historiques de la réception des opéras de Wagner à Rouen. Mon travail de recherche (mémoire de Maîtrise) étant constitué d'un dépouillement de la presse parisienne et rouennaise de l'époque, je me fonde sur des faits objectifs dont le réel patriotisme du peuple français peu de temps après le conflit franco-prussien de 1870. Je me permets également de préciser que ce texte ne peut figurer dans le programme de la salle Pleyel, puisqu'il s'agissait d'évoquer l'histoire peu connue du Théâtre-des-Arts de Rouen. Et au regret de vous décevoir, je préfère voir sourire les gens plutôt que les faire se haïr.

                Je ne conteste pas son propos bien plus renseigné que le mien. Juste dire que ce Journal de bord n’est pas une suite d’articles mais une production littéraire où le narrateur, qui n’est pas tout à fait le scripteur, adopte le point de vue de la subjectivité moqueuse, cela pas du tout dans un but haineux.

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  •             Voici Charlie Hebdo poursuivi par des adeptes d’une religion monothéiste. Chaque jour et dans tous les domaines les ennemis de la liberté (et ils sont nombreux et pas seulement les religieux monothéistes) avancent leurs pions et contaminent les esprits. Un sondage publié aujourd’hui dans le pays de Voltaire montre que huit Français sur dix pensent qu’on ne doit pas se moquer des religions en public.

                Dans ce climat oppressif, l’autocensure se répand. Pour le vérifier, il n’est qu’à comparer le Charlie Hebdo d’aujourd’hui avec le Charlie Hebdo des années soixante-dix du siècle précédent, un Charlie Hebdo alors bien plus incisif, bien plus agressif, bien plus subversif. L’abominable concept de respect lui a déjà rogné les ailes. Certains veulent aujourd’hui les lui couper un peu plus. Combien sommes-nous encore à revendiquer le droit à l’irrespect ?

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  •             Pas envie d’aller voir et écouter Adrienne Pauly au Trianon Transatlantique ce soir mais pas contre l’échantillon gratuit, offert par la Fnaque, de cette chanteuse émancipée et l’ai donc frôlée cette après-midi. Confirmation de mon peu d’intérêt, je n’aime ni sa voix, ni ce qu’elle raconte, ni l’accompagnement musical.

                J’ai fait l’amour avec un con, énonce-t-elle à l’envi, c’est son succès du moment. Ne pas croire ou penser qu’elle nous narre une expérience homosexuelle. Non, le con en question est un mâle du genre décevant. Qu’elle ne s’en soit pas rendue compte avant de le laisser la pénétrer n’est pas très flatteur pour elle.

                À son répertoire également, sur son cédé mais non chantée à la Fnaque, une reprise de L’herbe tendre, chansonnette signée Serge Gainsbourg et cela donne au moins envie de redécouvrir la version originale et imbibée du duo Serge Gainsbourg Michel Simon : D’avoir vécu le cul/ Dans l’herbe tendre/ Et d’avoir su m’étendre/ Quand j’étais amoureux/ J’aurais vécu obscur/ Et sans esclandre/ En gardant le cœur tendre/ Le long des jours heureux...

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  •             Juste avant de partir en ville, trouver refuge dans un café, pour y écrire ou pour y lire dans le brouhaha des conversations, j’écoute Histoire de l’amour, une série proposée par Catherine Clément sur France Culture (France Cul pour les intimes), c’est chaque jour de la semaine à treize heures trente.

                Aujourd’hui, voici qu’elle cite la bien connue formule de Jacques Lacan : Il n’y a pas d’acte sexuel, et enchaîne ingénument d’un : "Et alors, qu’est-ce qu’on fait la nuit avec l’homme ou la femme qu’on aime !" Oh Catherine, comme ces mots te trahissent. La nuit. Qu’on aime. L’amour ne se ferait que la nuit, qui plus est avec quelqu’un(e) que l’on aime ? Le jour, avec un(e) inconnu(e), tu devrais essayer.

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  •             Un dimanche après-midi à l’Opéra de Rouen pour Le Vaisseau Fantôme de Richard Wagner dans une version semi-scénique, comme il est écrit dans le programme. Une façon moins onéreuse qu’une mise en scène avec décors de présenter l’histoire du Hollandais volant. La très belle lumière signée Marc Délamézière supplée bien au manque de moyens.

                Trois heures de plaisir wagnérien, je dois cependant avouer qu’il m’a fallu ponctuellement lutter au premier acte contre un risque d’endormissement, due au petit vin merlot et non à l’œuvre elle-même.

                Ne peux entendre Wagner sans me rappeler cette phrase de Woody Allen : Quand j'écoute trop Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne. Suis cependant sorti de là sans la moindre intention belliqueuse, ouf.

                Relu le programme à la maison, notamment un texte signé Faustine Génasi relatant le rôle primordial joué par Rouen et son Théâtre des Arts pour faire connaître l’œuvre de Wagner en France à l’époque où Paris la rejetait, Le Vaisseau Fantôme joué pour la première fois à Rouen le douze février mil huit cent quatre-vingt seize, un an avant l’Opéra Comique de Paris, les spectateurs parisiens réclamant des trains spéciaux pour venir à Rouen, et cætera, bref une petite démonstration de chauvinisme local, destinée en premier lieu aux Parisiens qui pourront assister à la présentation du Vaisseau Fantôme par l’orchestre et les chœurs de l’Opéra de Rouen, le dix février prochain, à la Salle Pleyel. Une lecture qui ne manquera pas de les faire sourire.

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  •             Terminé il y a peu le Journal littéraire de Paul Léautaud, publié au Mercure de France, en trois volumes sur papier bible.

                Cinq mois à passer mes nuits (celles où j’étais seul dans mon lit) en compagnie de cet affreux bonhomme si attachant, détestant tout à la fois les enfants, la religion, les honneurs, la police, l’armée, bref tout ce sur quoi repose la société, n’ayant de tendresse que pour les animaux, tout à fait hostile à la démocratie, aristocrate et anarchiste en esprit comme il se décrit, par ailleurs (nul n’est parfait) xénophobe et antisémite, regrettant le bon temps de l’occupation allemande. Citation : Je n’ai que dégoût pour toute cette soldatesque qu’on rencontre actuellement dans Paris. Je hais de toutes mes forces tout ce qui est militaire, guerrier, chants ou fanfares régimentaires ou patriotiques, en tête cette affreuse Marseillaise, véritable chant de populace et de massacre. (dimanche quatre mars mille neuf cent quarante-cinq).

                Le dommage, c’est que ce Journal littéraire ait été expurgé par son éditeur de nombreux passages relatifs à la vie privée d’autrui, trahissant de la sorte cet homme libre qui n’avait que faire du risque de blesser ou de choquer.

                Un écrivain, disait-il, ne doit rien servir : Il écrit ce qu’il pense, ce qu’il estime être la vérité, en tout cas sa vérité à lui. L’effet, le résultat, l’influence de ce qu’il écrit, il n’a pas à s’en occuper. Un écrivain n’est pas un instituteur. (mercredi vingt-huit avril mil neuf cent trente-sept)

                Bien d’accord avec toi, Paul.

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  •             Deux cent cinquante, peut-être, qu’on était à Oissel pour demander la fermeture du Centre de Rétention où sont bouclés les étrangers qui ont vocation à quitter notre pays (pour reprendre la formule de Sarko), un Centre de Rétention construit dans l’enceinte de l’Ecole Nationale de la Police, c’est dire si ces étrangers indésirés par la ministre de l’Intérieur sont bien gardés et inapprochables. Tout cela situé en pleine forêt de La Londe-Rouvray, loin de tout, et les éventuels relâchés, parfois vers quatre heures du matin, sans moyen autre que leurs pieds pour regagner des lieux plus conviviaux.

                Deux cent cinquante manifestants parqués à l’entrée du chemin, loin des grilles de l’Ecole de la Police, bien protégée par des policiers. J’y suis arrivé après une petite promenade par les chemins forestiers, celle qui m’a conduit là comptant sur cette ruse pour que l’immatriculation de sa voiture échappe aux Renseignements Généraux.

                Quelques discours, une bonne sono pour une fois, du vin chaud et des échanges d’informations entre manifestants, notamment au sujet de la rafle ayant eu lieu mardi trente janvier vers dix neuf heures, à Paris, place de la République, lors d’une distribution de repas en plein air par les Restos du Cœur. Pour reprendre les propos du Réseau Education Sans Frontières : « C'est  comme pour les bêtes : l'appât au centre, les chasseurs en embuscade, les fourgons pour évacuer les prises. »

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