•             Après le rendez-vous raté du vingt-six janvier à l’Espiguette, ratage qui n’était dû qu’à la non ouverture de l’établissement à l’heure matutinale choisie par Mister Crocodile pour inviter les lecteurs de son agenda/blog à discuter autour d’une boisson chaude, une deuxième rencontre était programmée ce matin à l’Agora Café et encore plus tôt, huit heures trente, autant dire aux aurores.

                L’établissement étant ouvert, un petit comité d’individus appartenant aux mondes de l’art, de la communication et du spectacle a pu s’y regrouper. Qu’y aurait cru que ces gens se levaient si tôt !

                L’échange de propos a surtout porté sur la vie culturelle rouennaise, ses faiblesses et ses perspectives, avec un développement conclusif sur le plaisir de dire du mal d’autrui.

                Ce rendez-vous étant appelé à devenir pérenne, les occasions de médire ne manqueront pas. Comme quoi parfois ça marche, les invitations de Mister Crocodile.

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  •             Longtemps que je n’avais mis les pieds à l’Espace Culturel de Canteleu (baptisé du nom du Mythe Errant), pas depuis deux ou trois ans je crois, c’était pour la délicieuse Keren Ann. Hier soir, au programme, le prometteur Renan Luce.

                Renan Luce, petit jeune homme en visite à « Canteuleu », jean, chemise noire, baskets, caressant sa guitare devant un public composé en majorité de filles (rêvant d’être ses voisines, tout à fait d’accord pour être matées par lui, comme il le raconte dans son titre fétiche), public à qui il offre toutes les chansons de son unique cédé d’une voix agréablement éraillée.

                Des chansons bien écrites, trois musiciens (guitariste, contrebassiste, batteur) qui font ce qu’il faut, deux reprises bienvenues (Une Petite Fille de Claude Nougaro et L’orage de Georges Brassens) mènent à moult applaudissements, sifflets et bruits divers qui témoignent d’un évident succès.

                Un premier rappel avec une toute nouvelle chanson dédiée aux timides anonymes, deux autres retours avec des chansons déjà interprétées précédemment, ce jeune homme débute et n’a pas encore beaucoup de munitions. Il semble même étonné de son bruyant succès. Il doit en être aussi un peu effrayé.

                Hélas, en première partie, il a fallu subir un groupe de rock comme il y a plein les rues le soir de la Fête de la Musique, et que je fais des détours pour éviter. J’ai oublié son nom. Appelons-le Les Claquos.

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  •             Encore une belle occasion de marquer son intérêt pour l’avenir de la planète sans se fouler. Juste éteindre la lumière et tout le bazar qui fonctionne à l’électricité pendant cinq minutes aujourd’hui premier février à dix-neuf heures cinquante-cinq. Tout rallumer et tout remettre en marche à vingt heures pour se regarder et entendre parler de soi au journal télévisé.

                Serai dehors à cette heure et donc pas suspect d’avoir participé à cette bouffonnerie. Préfère limiter le gâchis chaque jour et à toute heure dans la mesure de mes faibles moyens.

                L’amusant c’est que parmi les promoteurs de cette abstention de cinq minutes, on trouve ceux qui encouragent le gaspillage en d’autres temps. Ces maires par exemple qui organisent des concours de balcons lumineux à chaque Noël ou qui se réjouissent des initiatives personnelles de leurs administrés transformant à cette époque leur maison en kitcherie enguirlandée jusqu’au toit, toute cette électricité consommée chaque jour pour rien par chacun de ces glandus.

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  •             Lamentable défilé des inféodés au Hulot, de Buffet à Sarko, de Bayrou à Marie-Ségolène, de Voynet (la Hulotte de gauche) à Lepage (la Hulotte de droite), tellement contents qu’il ne soit pas candidat à la présidentielle élection, le Hulot, prêts à en payer le prix, ce jour, en signant un pacte écologique où il n’est surtout pas question du nucléaire, la fondation du Hulot soutenue par l’Eudéheffe, et par Bouygues, L’Oréal et autres pollueurs notoires, tout cela ce soir abondamment commenté par la télévision, mère nourricière dudit Hulot.

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  •             Halle aux Toiles, hier soir, pour un concert des Chambristes de Giverny organisé par l’Opéra de Rouen. Au programme : Schumann (Robert), Brahms (Johannes) et Mendelssohn (Vladimir). Derrière moi dans la file d’attente, cela discute à propos du programme.

                -Tiens, ce n’est pas le vrai Mendelssohn, Felix !

                Le vrai ? C'est-à-dire le mort ? Le faux est bien vivant, et présent puisque altiste des Chambristes. Il présente lui-même son œuvre A Mozart Pantomine, basée sur une partie de violon rescapée d’une pantomime perdue par Mozart (Wolfgang Amadeus), avec la fausse modestie qui convient.

                -Vous jugerez vous-mêmes, conclut-il.

                Le public applaudit bien fort et Mendelssohn (Vladimir) le remercie de son bon jugement.

                Les chambristes enchaînent avec le Quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle de Schumann (Robert). Strauss (Michel) au violoncelle, Mendelssohn (Vladimir) à l’alto, Belooussava (Maria) au piano et Mitchell (Priya) au violon. Maria, blonde et très russe, se couchant parfois sur son piano pour se rapprocher de ses partenaires, Priya, teinte corbeau, gigotant sur sa chaise et dont les chaussures frappent parfois la mesure sur le parquet.

                Applaudissements nourris. Entracte. Retour des quatre pour le Quatuor pour piano et cordes numéro trois de Brahms (Johannes). Tiens, Priya n’a plus ses chaussures. J’aimerais savoir si elle les a ôtées de sa propre initiative ou si elle s’est fait remonter les bretelles par Vladimir, Michel et Maria.

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  •             Profité des places à trois euros du conseil général pour aller trois fois au cinéma en moins d’une semaine. Deux Melville et un Ugécé.

                Troisième film hier soir au Melville, une petite salle, entièrement emplie de spectateurs, d’autres ont été invités à rentrer chez eux ou à voir autre chose que Lady Chatterley, film de Pascale Ferran ayant reçu le prix Louis-Delluc (meilleur film français deux mille six). Eh bien, il faut croire que l’année deux mille six a été une bien mauvaise année cinématographique en France pour qu’un tel film, longuet, sans imagination, tout à fait un film de télévision, obtienne ce prix qui, dans le passé, a été donné à des films autrement inventifs et intéressants. Reste évidemment l’histoire de David Herbert Lawrence, ici dans la version Lady Chatterley et l’homme des bois.

                Deuxième film, dimanche dernier, le matin, à l’Ugécé, un cinéma que j’aime bien (les lieux) où hélas la programmation ne me conduit pas souvent. Cette fois, envie de m’y risquer pour Little Children de Todd Field.

                La caissière, me donnant le ticket :

                -Vous avez bien vu que c’est en vého ?

                -Heureusement, je ne serais pas là sinon.

                Nous sommes rive gauche, chez les pauvres, qui forcément ne savent pas parler anglais, ni même lire les sous-titres. Spectateurs disséminés dans une grande salle avec un grand écran. Devant moi, viennent s’asseoir deux petites jeunes filles. L’une rousse teinte et bouclée, petites lunettes rectangulaires, l’autre brune, cheveux lisses, au visage fin.

                Dans le film, il est question d’adultère dans une banlieue résidentielle typiquement américaine, avec climat rendu pesant par le retour dans le quartier d’un exhibitionniste juste sorti de prison et dénoncé par ses voisins comme possible et même probable pédophile. Omniprésence dans la première partie de ce film d’une voix off qui explique au crétin de spectateur ce qui se passe dans la tête des protagonistes, gavant. De temps en temps, les deux petites jeunes filles de la rangée précédente s’embrassent, ce qui ne manque pas de me distraire.

                La voix off se fait moins sentir dans la deuxième moitié du film, ouf. Bien sûr, une séquence foute-baule américain. Les deux filles en profitent carrément. C’est toujours la rousse qui enclenche le bouche à bouche.

                Bon, je ne  raconte pas tout. Conclusion de la voix off et du film : « On ne peut pas changer le passé. L’avenir c’est autre chose. » Venir au cinéma pour entendre cela ?

                Premier film, et combien meilleur que les deux autres, Les climats de Nuri Bilge Celan. Dommage que ce soit au Melville dans une petite salle avec un écran ridicule. Il faudrait de plus un appareil de projection numérique pour donner toute sa beauté à ce film tourné en numérique. C’est le réalisateur et sa femme Ebru Ceylan qui jouent l’homme et la femme du film. L’homme et la femme vont se quitter, ils le savent et en sont aussi malheureux l’un que l’autre. Première scène dans les ruines surchauffées d’Antiphellos à Kas. Dernière scène dans la neige glaciale près du mont Ararat. Des enchaînements de séquences subtils, Des cadrages inattendus. Une vraie écriture cinématographique. Et l’infinie tristesse des histoires d’amour qui s’achèvent, quand celui et celle qui se quittent se demandent comment ils en ont arrivés là, pourquoi ce n’est plus le temps où tout allait si bien.

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  •             Passé ces derniers temps et spécialement la journée d’aujourd’hui à m’occuper de l’envoi à cinq éditeurs judicieusement choisis d’un tapuscrit nouveau. Nom de code : Técéhemme. On peut appeler ça un « roman ». Qui retrace une période troublée de ma vie.

                Photocopiage, assemblage, postage, et le sort en est jeté.

                Je garde mon calme, encouragé en cela par Paul Léautaud qui, le lundi onze février mil neuf cent quarante-six, écrivait dans son Journal littéraire: Qu’est-ce que la littérature ? qu’est-ce qu’écrire ? qu’il s’agisse de vers ou de prose. Une maladie, une folie, une divagation, un délire, -sans compter une prétention !!!

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  •            Vraiment, c’est scandaleux de voir l’antenne de France Culture accaparée chaque dimanche matin par les émissions religieuses. Où est le rapport avec la culture ? Orthodoxie. Protestantisme. Judaïsme. Catholicisme. Dans l’ordre. Avec, un entracte au choix selon les semaines. Franc-maçonnerie ou rationalisme. Un alibi, cet entracte. Et un égal étalage de foi laïque chez ces deux associations, guère différentes des églises qu’elles entendent combattre. Depuis le temps que sont autorisées les radios privées, ces émissions religieuses auraient dû y trouver leur place. Rien à faire sur le service public. La religion est une affaire privée, non ?

                À quelque chose malheur est bon, comme dit Madame Michu. Ne pouvant pas écouter France Culture, j’ai enfin pris le temps d’écouter un cédé récemment acheté. Un concert de Barbara, enregistré par Europe Un, à l’Alhambra de Bordeaux, le vingt-huit novembre mil neuf cent soixante-neuf, concert donné gratuitement pour les étudiants de là-bas par la chanteuse, dans le cadre de l’émission Campus. Il y a trente-sept ans donc. Selon toute probabilité, je devais être à l’écoute ce soir-là. J’écoutais Campus, l’émission de Michel Lancelot, tous les soirs. On y entendait toute la chanson contestataire d’après mai soixante-huit. On y évoquait des sujets comme l’euthanasie ou l’homosexualité, sujets tabous en ce temps-là. Me souviens particulièrement d’une émission consacrée à l’objection de conscience malgré les risques encourus, la loi de l’époque interdisant d’en parler publiquement. Michel Lancelot était courageux et est mort jeune. Il a écrit un livre intitulé Je veux regarder Dieu en face. Je ne sais pas s’il a essayé et si c’est ça qui l’a tué.

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  • Danse, hier soir, à l’Opéra de Rouen, avec le ballet du Grand Théâtre de Genève, trois chorégraphies : Para-Dice de Saburo Teshigawara, Selon désir d’Andonis Foniadakis et Loin de Sidi Larbi Cherkaoui. Ma préférence pour la deuxième, plus inventive.

    Ça plait évidemment, à moi comme à tout le monde et c’est bien le problème, cette unanimité. Tout cela est bien trop sage. Cette danse contemporaine est bien trop classique. On ne pourra jamais compter sur les Suisses pour faire la révolution.

                Encore une occasion de se plaindre du remplacement de Laurent Langlois par Daniel Bizeray comme directeur général et programmateur. Pas fini de regretter le temps où les chorégraphies d’Anne Teresa De Keersmaeker, de Jan Fabre, de Maguy Marin, de Mathilde Monnier ou de Boris Charmatz faisaient quitter la salle à certains bons bourgeois rouennais, effrayés de ce qu’ils voyaient ou entendaient.

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  • Mister Crocodile invite les lecteurs de son agenda/blog (guide urbain de l’élite, selon son expression facétieuse) à une rencontre autour d’une boisson chaude à l’Espiguette, place Saint-Amand, à neuf heures du matin, le vendredi vingt-six janvier, une occasion de faire connaissance, c’est ce que je lis sur son dernier message.

    Y vais-je ou n’y vais-je pas ? Voilà que je m’y décide et je réussis à être devant l’Espiguette ni en avance ni exactement à l’heure (un véritable exploit pour moi). Il est neuf heures et quart. Je jette un coup d’œil à l’intérieur. Personne.

    Ouf, cela m’évite de tergiverser, entrer ou ne pas entrer, comme je l’ai fait une fois pour une invitation du même genre à l’Agora Café, place du Vieux, invitation lancée par une adepte du Bookcrossing. Finalement, ce jour-là, je n’étais pas entré, d’une part la timidité, d’autre part le découragement en songeant qu’il faudrait se présenter selon les modalités d’usage, c’est-à-dire égrener les informations sur soi que l’on trouve en tête des fiches des Renseignements Généraux (profession, âge, adresse et tutti), jamais moyen d’y échapper quand on a affaire à des inconnus et j’ai horreur de ça. Et puis après de quoi parler ? Et comment ne pas bien vite avoir cette impression que l’on serait mieux seul, que l’on perd son temps à échanger des propos oiseux, qu’être en groupe fait de chacun un imbécile, que les  rencontres intéressantes sont celles qui ont lieu en tête à tête.

    Bon. Je n’ai pas affronté la froidure pour rien, j’ai acheté un paquet de biscottes chez Marché Plus.

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