• Vernissage de l’exposition de la photographe et vidéaste Manuela Marques à l’école des Beaux-Arts de Rouen. Artiste portugaise, Manuel Marques, robe verte et lunettes, se promène dans la salle où sont exposées ses photos sombres. Dans la salle voisine, obscurcie, sont diffusées ses vidéos. Sur un mur: une main aux doigts hypertendus frôlant longuement un parquet, sur un autre: un courant fluvial ininterrompu. Comme l’écrit un critique : Manuela Marques oblige le spectateur à s’interroger sur ce qu’il voit.

    Je ne m’interroge pas longtemps pour trouver ce que je vois totalement dénué d’intérêt et incommensurablement ennuyeux. Les beauzarteux et beauzarteuses présents contemplent cela en silence, l’une d’elles m’apprend qu’ils sortent de trois heures de rencontre avec l’artiste. On comprend qu’ils soient un peu assommés.

    Sans attendre le verre de cidre accompagné de biscuits apéritifs au goût de carton que l’on offre lors des vernissages à l’école des Beaux-Arts, je me jette dans la tempête qui souffle depuis le matin, heureusement je n’habite pas loin. 

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  • Dans le métro, nuit tombée, en route pour Petit-Quevilly afin d’y visiter le théâtre de la Foudre dans le cadre du parcours du spectateur organisé par la Scène Nationale. Foule dans ce transport en commun à cette heure de retour à la maison, voyageurs serrés comme légumes en boîte, constatation une nouvelle fois de la grande différence d’ambiance entre le métro rouennais et le métro parisien.

    A Paris, dans les rames une population diverse, voyageant pour de multiples raisons, toutes classes sociales mélangées, dont la majeure partie a choisi ce moyen de transport. A Rouen, que des pauvres, souvent énervés, en chemin vers la banlieue, beaucoup subissant ce mode de déplacement par l’impossibilité de se payer une voiture. Imagine-t-on un musicien dans le métro rouennais ?

    Content de quitter cet espace confiné et ce climat tendu pour les coulisses du théâtre de la Foudre. Fouler le sol de la scène, assister à quelques manœuvres techniques, s’enfoncer dans les coulisses (locaux techniques, loges), faire connaissance avec un vocabulaire exotique comme tous les vocabulaires de corps de métier.

    Ce matin, un petit tour sur le site Internet de Fred Borzeix me replonge dans tous ces termes, et même davantage, le plaisir d’y lire ce genre de propos qui fait voyager l’esprit : ne pas confondre le rideau à la française avec un rideau en retrousse dit à la romaine qui se masse en guillotine.

    Hier soir encore, entrant dans la salle du théâtre, vu pour la première fois cette fameuse servante (lampe fantôme comme disent les Anglais), une baladeuse de sécurité fixée sur un trépied veillant sur la scène la nuit et en laquelle les artistes voient un esprit protecteur.

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  • Au Conservatoire, hier, pour un concert de l’Opéra de Rouen, une soirée consacrée à Schönberg et Boulez. Côté Arnold Schönberg, la mezzo-soprano Doris Lambrecht et la pianiste Alice Ader pour Le Livre des Jardins suspendus suivi de Six pièces pour piano, interprètes talentueuses pour musique un peu ennuyeuse, à mon goût du moins.

    Plus excité par Le Marteau sans Maître de Pierre Boulez, présenté par Frank Langlois, musicologue, à l’aide d’extraits de musiques extrême-orientales dont s’est inspiré le compositeur. Plaisir des sons hétérogènes et instables, agrément des jeux du vibraphone et du xylorimba et ravissement pour les yeux que la présence de la jeune et jolie percussionniste Catherine Herrise-Favre. Tout cela mené par le chef d’orchestre Jean Deroyer, dirigeant ce Marteau sans maître d’une gestuelle d’automate. Applaudissements nourris, un spectateur enthousiaste s’époumone à réclamer un bis, sans succès.

    Retour par les rues piétonnières dans une ville où tout semble devenu musical et boulézien. Rue Saint-Romain, une courte pièce pour cinq paires de talons aiguilles et train entrant en gare, comme un supplément de programme.

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  • Passage, hier soir, par le centre culturel Marc Sangnier, à Mont-Saint-Aignan, ville où les merles chantent à la tombée de la nuit au milieu des barres d’immeubles, pour une courte étape du parcours du spectateur (qui consiste à suivre la mise en place de deux spectacles de la saison).

    Il s’agit de regarder la vidéo de Tourlourou, une précédente chorégraphie de Carlotta Sagna, laquelle travaillait autrefois avec la Needcompany.

    Nous sommes deux spectateurs sur les douze concernés (les autres ayant choisi une autre date). Me voici donc enfermé avec une jeune femme dans un cagibi où trônent téléviseur et lecteur de dévédé pour assister par écran interposé au solo de Jone San Martin, danseuse espagnole au physique almodovarien.

    Vêtue d’un tutu taillé dans de la toile de camouflage pour militaire, elle nous annonce, les pieds au centre d’une cible horizontale, qu’elle n’en a plus que pour vingt-quatre heures, et nous propose d’envisager ce que nous aurions à cœur de faire si nous étions dans sa situation. Le temps passe vite. Bientôt plus que dix minutes. Puis seulement trois. Puis…

    Carlotta Sagna est auteur de texte autant que de chorégraphie, théâtre et danse se mêlent, danse sur musique quasi militaire. Toujours au cœur de la cible, elle est assez douée pour mettre le spectateur en face de ses propres angoisses.

    Le film terminé, quelques mots échangés avec l’équipe du centre culturel et la parcoureuse, celle-ci voyant un certain cynisme dans le propos de Carlotta Sagna. Sur le moment, je ne trouve rien à répondre, comme souvent. Puis, sur le chemin du retour, songeant à tout cela, j’y vois plutôt la marque d’un certain optimiste. « Dix minutes, le temps de faire cuire des pâtes », « Trois minutes, le temps de faire cuire un œuf » nous disent l’écrivaine et son interprète. Encore faut-il être bon cuiseur de pâtes et d’œuf pour réussir dans le temps imparti.

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  • Oh comme il a changé le Sarko (fat sot) ce week-end, comme il est devenu gentil (un peu comme en son temps le Mythe Errant se faisant limer les dents), comme il a envie de plaire à tout le monde, comme il parle doucement maintenant, comme il était émouvant faisant la cour à la petite Jeanne d’Arc.

    Et Sarkolène (pure hautaine) pendant ce temps, à quoi s’occupait-elle? Elle gardait les moutons dans sa campagne, caressait les agneaux devant les caméras, en souriant comme elle sait si bien le faire.

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  • Température douce et ciel bleu sur la ville. Magasins (certains) ouverts le dimanche. Par autorisation préfectorale, l’ouverture des magasins. Le bleu du ciel et la douceur de la température, peut-être par réchauffement planétaire.

    Comme le suggère un lecteur de Télérama cette semaine, attribuant le propos à Alphonse Allais : Les commerces ouverts le dimanche devraient être exclusivement réservés aux commerçants qui ne peuvent pas faire leurs courses dans la semaine.

    Dédaignant les soldes, passé un moment au Pub Station, avec dans les oreilles une musique salsa distillée par Radio Latina, pour y continuer la lecture d’Être sans destin d’Imre Kertész, et comme c’est bizarre de lire une histoire aussi tragique dans une ambiance aussi festive.

    Sorti de là pour acheter un pain aux céréales chez le boulanger le plus proche de chez moi, ouvert quant à lui tous les dimanches. Sur son comptoir un écriteau : « Pour cause de flemmingite aiguë, la boulangerie fermera désormais à dix-neuf heures le dimanche. »

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  • Accrochage consacré à Jean-Yves Auregan à la galerie Duchoze, visible jusqu’à la fin de février. Vernissage hier soir en assez petit comité. L’artiste au crâne luisant salue ses amis et connaissances de manière joviale et chaleureuse. Aux murs, ses œuvres pleines de matière dont il faut s’éloigner pour en percevoir le sujet, de la peinture à prendre avec du recul. Une belle série de crânes, une figure christique attirante, une série dont chaque élément est intitulé Tournesol ou bien oreille de Van Gogh, quand l’auteur ne sait pas lui-même s’il s’agit d’un tournesol ou d’une oreille, il faut se garder de trancher.

    Trois hommes se concertent avant d’aborder Jean-Yves Auregan. L’un d’eux émet l’avis qu’il est toujours instructif de discuter de ses œuvres avec un artiste. Bien longtemps que je n’ai plus envie de m’instruire. Et quant à aller trouver le peintre, la seule question qui me vient en tête étant : Est-ce qu’en peinture, l’expérience est un peigne pour les chauves? mieux vaut ne pas la lui poser.

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  •             Comme c’est curieux, cela fait plus d’un an, je pense, que le maire de Rouen, Albert (tiny), a rendu aux piétons moult rues du centre ville dans le périmètre du Palais de Justice et pourtant la plupart des passants continuent à se cantonner sur les trottoirs, allant même jusqu’à s’y gêner et à s’y bousculer dans les périodes commerciales chaudes.

    Nous ne sommes vraiment pas nombreux à marcher tranquillement au milieu de ces rues heureusement débarrassées des automobiles, parfois bizarrement regardés par ceux restés sur les trottoirs. Il faut croire que tant d’années de portion congrue ne se laissent pas effacer comme ça chez beaucoup. Et que certains ne s’autoriseront à la liberté que lorsque Albert (tiny), maire, aura transformé les chaussées, supprimant le bitume et le remplaçant par un pavage de type voie piétonnière.

    Allez, piétons, l’audace se résume à peu de chose, juste un petit pas de côté.

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  •             Récital Alexandre Tharaud hier soir à l’Opéra. Foule des grands jours. Pour la première fois, j’ai une place sur une chaise au-dessus de la fosse d’orchestre. La plate-forme sur laquelle je repose en compagnie d’une trentaine de mes semblables tremble un peu lorsque quelqu’un y marche. Il faut faire confiance aux concepteurs et ne pas penser au trou profond dans lequel on pourrait disparaître.

                Beaucoup de spectateurs s’estiment mal placés, à un endroit indigne d’eux, et scrutent les places susceptibles de rester libres afin d’y foncer à la fermeture des portes. Sans attendre ce moment, une femme d’un âge certain se précipite sur l’une des chaises de la fosse qu’elle n’hésite pas à déplacer pour se mettre dans la meilleure des positions, aurait été institutrice que ça ne m’étonnerait pas. On découvre à l’entracte qu’elle n’avait pas à s’installer là, étant en possession d’un billet pour le deuxième balcon, le jeune homme dont elle a pris la place entend la récupérer pour la seconde partie du récital. Elle fait semblant de ne pas comprendre, pas de doute une ancienne institutrice, puis finit par céder devant l’insistance de la placeuse, toisant le jeune homme et lui disant d’un air pincé que c’est une très bonne place. Effectivement, pour avoir mieux il faudrait s’installer sur les genoux d’Alexandre.

                Donc le jeune Alexandre Tharaud, multi primé et encensé par toute la critique, élégante silhouette, jolies mains de pianiste, pour un récital Chopin en deux parties: valses puis préludes. Un jeu virevoltant et sensible qui enchante le public. Derrière lui, le tourneur de page parfois de la tête dodeline en mesure tandis qu’Alexandre se laisse emporter par la musique pour finir au bord de l’extase. Douze valses plus vingt-quatre préludes lui font voir trente-six chandelles, semble-t-il.

                Tonnerre d’applaudissements et cris de bravo. Alexandre Tharaud offre quatre rappels en remerciement. Deux couples comme il faut échangent quelques propos sur le bonheur que ce doit être d’avoir un tel jeune homme comme fils, voire comme gendre.

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  •             On solde. Moins trente, moins cinquante, moins soixante-dix sur tout l’inutile en magasin. Le commerçant y trouvant encore globalement son bénéfice. C’est dire qu’en temps habituel le client se fait estamper dans les grandes largeurs.

                Affluence dans les rues et dans toutes les boutiques. Essentiellement féminine. Beaucoup de jeunes filles accompagnées de leur mère. C’est bien sûr cette dernière qui paie. Trois ou quatre sacs de fringues au bout de chaque bras en fin de parcours.

                Les femmes, jeunes ou moins jeunes, sont tellement malheureuses, bien plus malheureuses que les hommes, dans ce monde creux et sans perspective, et donc proies faciles pour la société de consolation.

                Elles auront beau faire, acheter de jolis dessous, un mignon chapeau ou un élégant manteau, elles ne pourront jamais acheter la vie qui va avec. Retourneront donc demain ou après-demain dans les magasins. Le commerçant y trouvant encore son bénéfice.

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