• Ce mardi à six heures, c’est comme d’habitude Un nouveau jour est possible de Tewfik Hakem (France Culture) qui me réveille mais pour plus d’efficacité un éclair suivi d’un tonitruant coup de tonnerre s’y ajoutent, je veux bien les mêmes chaque matin.

    Le midi, je prends la route de Quèvreville-la-Poterie afin de déterrer quelques livres à mon goût chez Détéherre Bouquinerie parmi les plus de six cent mille proposés et aussi de faire rouler ma petite voiture qui sans cela perd son énergie. Le braiement des ânes m’accueille au hameau de la Fresnay. Je suis seul parmi tous ces livres, saoulé par la radio Chérie dont les niaiseries sentimentales m’accablent. Quelques livres tombent dans mon panier, parmi lesquels La Papesse du Diable (Editions Ombres), livre signé Jehan Sylvius et Pierre de Ruynes, noms qui en cachent d’autres, nous apprend Sarane Alexandrian en quatrième de couverture : Excellent exemple de l’érotisme surréaliste d’avant-guerre, La Papesse du Diable (1931) semble dû à la collaboration d’Ernest Gengenbach et de Robert Desnos.

    Le soir, je suis à l’Opéra pour le concert Entre jazz et violes qui vise à rapprocher le baroque et le jazz avec des compositions de quatre des musiciens présents sur scène : David Chevallier (guitare, guitare électrique, théorbe), Christophe Monniot (saxophones), Jean-Philippe Morel (contrebasse) et Atsushi Sakai (dessus de viole). Les deux autres musiciens sont Thomas de Pierrefeu (ténor de viole) et Isabelle Saint-Yves (basse de viole). Au centre se trouve Anne Magouët, soprano. C’est quand elle chante (des textes de Francis Bacon –pas le peintre, l’autre– et de Vassily Kandinsky) que j’aime le mieux. Pour le reste, bien que n’appéciant ni le baroque ni le jazz, j’y trouve quand même mon compte. Cependant je manque plusieurs fois de m’endormir. Je ne sais s’il faut accuser la musique ou mon état physique. En bonus, après des applaudissements contenus, c’est un morceau intitulé Du vent dans les violes.

    *

    La mise en lumière laisse à désirer ce soir à l’Opéra d’où le cri d’une spectatrice entre deux morceaux : « Monsieur Chevallier, vous pouvez leur dire de ne pas nous mettre la lumière dans les yeux, on nous fait un fond de l’œil, là ».

    *

    Fierté de l’Opéra de Rouen sur sa page Effe Bé : « C'est notre mezzo-soprano Tatyana Ilyin qui a ouvert le 1er tour de la Coupe Davis entre la France et Israël avec la Marseillaise au Kindarena vendredi dernier. »

    Question que je me pose, ces artistes font-ils cela volontairement ou y sont-ils obligés par ceux qui les financent ?

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  • Pour notre dernier jour à Indianapolis, Chad a racheté des petits croissants mous sous plastique. Nous en mangeons quatre, améliorés avec de la confiture pommes/bananes. Il pleut salement dehors, aussi restons-nous à la maison pour faire l’itinéraire jusqu’à l’appartement de Chicago (notre prochaine étape) et écrire à celui qui nous l’a loué via Internet afin qu’il soit là à notre arrivée.

    Vers 11 a.m., il fait un peu meilleur. Au moment de sortir pour prendre le bus 8, nous croisons Chad en caleçon. Lui aussi semble étonné de nous voir dans sa maison.

    Le bus est calme ce matin. Nous en descendons à l’entrée de Downtown et mangeons excellemment à l’Acapulco’s Joe Mexican Food. Pour elle un Taco Salad fort copieux, pour moi une Quesadilla Deluxe qui ne l’est pas moins, cela avec un verre de chardonnay et suivi d’un café gratuit mais pas de thé.

    Quoi faire à Indianapolis quand on y est depuis trois jours ? Nous nous promenons vers le nord, croisant de jolies maisons et un petit parc privé (common neighbourhood garden) où l’on se repose sur des chaises longues orange en regardant les travailleurs de pelouse. Reprenant notre errance, nous découvrons une mosquée crémeuse et le luxueux YMCA at the Athenaeum, ancienne maison d’une organisation allemande, dont on utilise les toilettes.

    Nous continuons sur Mass Avenue. A l’occasion de la semaine de la mode, on y a installé une animation à led orange représentant une fille qui se trémousse de manière sexy. Celle que j’accompagne la filme avec son appareil photo puis me photographie sur Massachusetts Avenue, minuscule au pied d’une fresque géante représentant Kurt Vonnegut souriant d’un air avenant, une œuvre due à Pamela Bliss. Arrivés à Market Street, aujourd’hui sans marché, nous nous posons à une table publique. Le soleil est revenu, on y boit un café et un chocolat accompagnés de mini brownies achetés par ses soins à proximité. J’entre dans le marché couvert à la recherche des toilettes, y suis salué par un vieux policier d’un « Hello, folk ». Sur le mur de briques, je note cette utile maxime : If you find yourself in a hole, the first thing to do is to stop diggin’.

    Après rien, on rentre, on reprend le thé puis on se balade dans notre quartier de résidence où l’on trouve beaucoup de pauvres, surtout des blacks, dont certains nous regardent bizarrement. Personne ne se promène à pied hors du centre dans ces villes de province américaines. Quant à y voir des Français, ce ne doit pas être souvent. Demain, nous quitterons Indy sans avoir vu la culotte d’une prostituée.

    *

    Une escale dont on aurait pu se passer, tel est notre bilan de l’étape Indianapolis.

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    J’y ai pourtant fait de nombreuses photos du beau bleu gigantesque hôtel Marriott, le plus grand hôtel JW Marriott du monde, mille cinq chambres.

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    Dans cette ville, comme dans les précédentes hormis New York : abus de statues et de plaques commémoratives, pas seulement à la gloire des chefs militaires mais aussi à celles des chevaliers d’industrie.

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  • La controverse se poursuit pour ou contre l’installation de l’Ecole des Beaux-Arts dans les locaux du collège Giraudoux, quartier de la Grand Mare.

    Face à ce genre de problème, je ne me pose qu’une question : Si tu étais concerné, est-ce que tu aurais envie d’y aller à la Grand Mare ?

    Ma réponse est non, donc je soutiens les élèves et les profs qui ne veulent pas y aller.

    Celles et ceux qui sont favorables à ce déménagement peuvent se poser la même question.

    Si leur réponse est non mais qu’ils continuent à assurer que c’est une bonne décision, cela signifiera que leur morale personnelle se résume à un « Faisons aux autres ce que je ne voudrais pas qu’on me fasse ».

    Si leur réponse est oui, je les verrais bien mettre leurs actes en conformité avec leurs idées et quitter le centre ville.

    Ce lundi matin, une nouvelle possibilité s’ouvre. Grand Rouen s’interroge sur la fermeture éventuelle d’ici quelques années du lycée et collège Camille Saint-Saëns qui perd des élèves. Voilà une bonne place pour les beauzarteux et les beauzarteuses. Les lycéen(ne)s iront chez Corneille et chez Jeanne-d’Arc, ce n’est pas loin.

    Si l’on veut parfaire, on peut aussi envoyer les collégien(ne)s de Saint-Saëns sauver le collège Giraudoux de la Grand Mare. On est pour la mixité sociale, non ? Et puis, la Grand Mare, ce n’est qu’à quinze minutes en Teor, non ?

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  • La lecture de l’exemplaire jauni trouvé au clos Saint-Marc (il date de mil neuf cent soixante-trois) des Souvenirs et portraits d’amis de Marie Dormoy (Mercure de France) m’est un peu indigeste. On croise pourtant du beau monde dans cette évocation d’ami(e)s : Lucien Michelot, André Suarès, Romain Rolland, Marcel Dupré, Antoine Bourdelle, Auguste Perret, le chat Miton, Ambroise Vollard, Aristide Maillol, Jacques Doucet, Darius Milhaud, Paul Valéry, André Gide, Madeleine Gide, Cécile Sauvage, Olivier Messiaen et Paul Léautaud, des connus et des oubliés, chacun son chapitre.

    Parmi ces derniers, Lucien Michelot, qui semble avoir été le premier amant de Marie Dormoy, laquelle ne parle jamais de sa vie privée. Le bien renseigné Bernard Pivot est plus précis à ce sujet dans l’article Léautaud, misanthrope érotomane publié dans Le Journal du Dimanche du vingt-deux avril deux mille douze : brillant palmarès culturel que celui des amours de Marie Dormoy, citant, outre Paul Léautaud, comme amants probables ou certains : André Suarès, Auguste Perret et Ambroise Vollard.

    J’ai peu à garder de ce livre.

    Ceci, lorsqu’elle s’interroge sur les raisons qui ont pu pousser Madeleine Rondeaux à épouser André Gide : Peut-être aussi Madeleine avait-elle conscience que dans cette ville de province qu’est Rouen et où tout se sait, le scandale causé par la conduite de sa mère pèserait lourdement sur son avenir. (La mère de celle qui allait devenir Madeleine Gide avait trompé son mari.)

    Aussi, sa relation confuse de sa relation avec l’oublié Lucien Michelot :

    Ma nourrice me quitta lorsque j’eus cinq ans, pour épouser un cordonnier…

    (…/…)

    Le vide que me causa son absence ne fut comblé que dix ans plus tard, lorsque je rencontrai Lucien Michelot qui, malgré notre différence d’âge –il avait trente-six ans de plus que moi –, allait être la plus grande affection de ma vie.

    (…/…)

    M. Michelot me regarda de ses beaux yeux clairs et dit en riant : « Comme elle est gentille, la petite Marie. Regardez donc, Andrès, comme elle est gentille. –Je le vois bien », répondit Andrès, riant lui aussi.

    Pendant quelques secondes tous deux me regardèrent avec une expression telle qu’à la fin de ma vie j’en garde encore le souvenir. Ce double regard me rendit femme.

    (…/…)

    Quant à la vie de l’esprit, elle me fut rendue par celui que j’avais rencontré par hasard le jour de ma première communion : Lucien Michelot.

    (C’est confus, on pourrait croire que Marie Dormoy fit sa première communion à quinze ans.)

    Enfin, le dernier chapitre, parce qu’il est consacré à Paul Léautaud ; il commence ainsi :

    Je suis entrée en amitié avec Paul Léautaud comme je serais entrée en religion. Je savais d’avance qu’avec lui il me faudrait admettre l’inadmissible, supporter l’insupportable, accepter l’inacceptable.

    J’en note aussi ce Comme me l’a dit d’excellente façon Paul Valéry : « Léautaud n’est pas méchant, il est mauvais et, pour les amis, il en rajoute. »

    et à propos des Entretiens avec Robert Mallet :

    Aucun de ceux qui les ont entendus ne les ont oubliés. Dans Paris tout au moins ce fut du délire. Pendant tout le temps qu’ils durèrent –plus de deux mois–, les refus ou acceptations de dîners ou de soirées en ville ne se faisaient qu’en fonction des émissions de Léautaud.

    enfin les lignes consacrées à sa mort dans l’établissement du Docteur Le Savoureux à la Vallée-aux-Loups, le vingt-deux février mil neuf cent cinquante-six :

    Léautaud vêtu comme à son ordinaire d’un bleu de travail et d’un chandail de couleur imprécise, coiffé de son énorme toque de lapin, gisait, les yeux clos, la bouche ouverte, les mains ouvertes, elles aussi, comme je l’avais vu si souvent en arrivant chez lui à l’improviste, mais, cette fois-ci, il nous avait quittés pour rejoindre ses chats et ses chiens dans le paradis des bêtes.

    Le style est déplorable, le fond conventionnel.

    *

    Vendredi dernier, je trouve le courrier de la copropriété (dix-huit appartements) jeté à terre sous la porte cochère. Pensant qu’il s’agit encore une fois de l’œuvre d’un facteur ou d’une factrice de remplacement, j’appelle le service clientèle de La Poste et demande à ce qu’on informe cette personne que sa clé (dite clé du facteur) ouvre la porte.

    Samedi matin, je croise l’habituel facteur visiblement mécontent. C’est lui qui a mis le courrier sous la porte, sa clé n’ayant pu l’ouvrir. Il a sonné chez plusieurs habitants, me dit-il. L’un d’eux lui a dit qu’il descendait ouvrir mais n’est jamais venu. « J’en ai eu marre d’attendre sous la pluie. » A voir sa tête, je présume qu’il s’est fait engueuler par sa hiérarchie. Je lui dis que si j’avais su que c’était lui, je n’aurais pas téléphoné. Il me répond que la serrure n’est pas conforme aux nouvelles normes qui exigent maintenant des interphones à clé et à bip. Il va falloir en installer un et ça va coûter cher, ajoute-t-il d’un air satisfait. Il est déçu quand je lui apprends que je ne suis que locataire.

    *

    Cruauté du programme de ouiquennede de France Culture pour les enseignants : le samedi soir, alors qu’ils commencent à penser à autre chose, c’est Rue des écoles de Louise Touret où il n’est question que de ça, et le dimanche après-midi, alors qu’il faut bien commencer à y repenser, c’est Le Gai savoir de Raphaël Enthoven, émission « conçue comme un dialogue à bâtons rompus entre une élève et un professeur », cette dernière émission étant particulièrement risible tant la situation est convenue : Venez donc vous asseoir sur mes genoux, Paola, vous la sentez ma philosophie ?

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  • Voici les beauzarteuses et beauzarteux rouennais accusés par le donneur de leçons local de xénophobie, racisme et mépris social pour ne pas vouloir aller étudier à la Grand Mare (lui-même habite au centre ville rive droite), la faute à leurs banderoles : « Beaux Arts à la Grand Mare, à quand les charters ? » et « L’Hôtel de Ville à la Grand Mare ».

    Applaudissements de l’ensemble des acteurs et actrices du correctement politique car, bien sûr, il ne faut pas dire que la Grand Mare est une terre de relégation où personne ne va vivre par choix, que proposer ce quartier, et pas un autre, pour nouveau lieu d’accueil à ces étudiant(e)s est une manière de provocation, une façon de leur dire : « Vous êtes des apprentis artistes, autant dire des inutiles, de futurs assistés, allez vivre avec les autres parasites sociaux. ».

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  • Le plus difficile, c’est de tourner à gauche au bout du pont Corneille pour prendre le boulevard Industriel qui mène à Saint-Etienne-du-Rouvray où m’appelle au Rive Gauche Thomas Fersen. Je force le passage dans l’embouteillage ce vendredi soir et arrive suffisamment à l’heure pour être en avance. Massé avec mes semblables, j’attends que s’ouvrent les portes, près d’institutrices qui en parlent « Quand elle est inspectée une année, je le suis l’année suivante, c’est toujours comme ça ». Il faudrait pouvoir être sourd à la demande.

    En revanche, bien ouvertes sont mes oreilles au bout du rang Hache, place Vingt-Sept, quand il s’agit d’ouïr Thomas Fersen et son acolyte Pierre Sangra, lequel s’est fait une coiffure à l’image de celui qu’il accompagne. Il pourrait être élu sosie officiel de Thomas Fersen dans l’un de ces rassemblements de doubles que l’on organise dans les localités rurales.

    Ils sont en noir, debout, munis de ukulélés pour les premières chansons de ce concert intimiste. Par la suite, Thomas Fersen passe par le piano et Pierre Sangra par la guitare. Sont aussi sollicités flûte et violon et à nouveau ukulélés. La liste à jouer alterne les bien connues et les moins. De temps en temps, l’artiste à la voix éraillée se lance dans une historiette saugrenue.

    Une fausse sortie permet aux deux larrons de revenir pour la deuxième partie, aussi réjouissante que la première. Un rappel offre trois chansons nouvelles. Dans l’une, il est question d’un Michel qui ne veut pas aller à l’eau parce qu’il a peur que son ver soit mordu par un brochet. Un second rappel nous vaut une chanson tellement familière que j’en ai déjà oublié le titre. Le salut final est décontracté, pas d’ovation debout, ce n’est pas le genre.

    Gonflé à bloc, punaise, je reprends le boulevard Industriel, direction Rouen, à une heure où sont terminés les embouteillages mais à laquelle traînent encore dehors quelques clones de la French Cup, filles à chignon venues du nord patiner sur la glace de façon synchronisée, comme chaque année.

    *

    L’après-midi de ce vendredi, visite à Rouen du Ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, venu constater qu’il existe dans cette ville un pont (Flaubert) en parfait état mais non raccordé aux grands axes de circulation automobile et un autre pont (Mathilde) parfaitement raccordé aux voies rapides mais hors d’usage.

    *

    Ce texte est le deux millième.

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  • Point de mail d’elle avant qu’elle ne parte pour quelques jours à Marrakech avec une collègue de travail, c’est suffisant pour faire de ma virée parisienne de ce jeudi une journée morose. Je la commence dans le quartier de la Bastille chez Book-Off où j’ai emporté une partie des romans américains publiés chez Rivages que je n’ai jamais lus, achetés à l’époque où j’en lisais encore, et qu’aucun bouquiniste de Rouen ne veut m’acheter. Il paraît que ça ne se vend pas, à Rouen peut-être mais à Paris si. Néanmoins on m’en refuse quatre, parce qu’ils sont un peu abîmés. J’investis une partie de la somme reçue dans l’achat d’autres livres dont le Tout est musique d’Hélios Azoulay, édité en juin deux mille douze par Vuibert et vendu ici un euro (ça lui fera plaisir).

    Après un menu vapeur chez Délice Traiteur, je me dirige à pied vers Châtelet faisant un crochet par l’Hôtel de Sully dans le jardin duquel j’abandonne, sur un banc, au bénéfice de qui en voudra, les livres refusés chez Book-Off.

    Mon après-midi est un peu erratique et me mène dans le quartier où vivait autrefois celle qui me tenait la main avant celle qui me la tient encore un peu. On y trouve désormais des dames chinoises d’un certain âge faisant, sans en avoir l’air, le plus vieux métier du monde (comme on dit). Je passe par la Bouquinerie du Centre, avenue de Clichy, souvent fréquentée autrefois pour ses livres et ses cédés d’occasion, et constate qu’elle part à vau l’eau, désordre et produits bas de gamme.

    Je redescends vers la gare, dîne tôt au Café Saint-Lazare, rue du même nom, d’un steak frites salade côtes-du-rhône moins bon que lorsque je le partageais avec celle qui doit être maintenant outre Méditerranée. En face de moi, un miroir me rappelle mon âge. Depuis quelque temps, plus aucune fille ne me regarde.

    Sorti de là, je passe au kiosque voisin avec l’intention d’acheter le numéro de février de Books qui, m’a appris France Culture, est consacré au cholestérol. J’y renonce quand je vois son prix, quasiment dix euros. C’est donc le livre d’Hélios que je lis au café A la ville d’Argentan en attendant l’heure de mon train, un essai bien dans le style de son auteur, tout en digressions, J’y trouve des histoires ou des anecdotes que je connaissais (parfois par lui) mais aussi du nouveau, ainsi l’évocation de la vie d’Hugo Wolf dont j’entendais récemment les lieder et de sa fin tragique en hôpital psychiatrique, illustrée par un poème de Charles Bukowski Le jour où Hugo Wolf est devenu fou… qui commence ainsi

    Hugo Wolf est devenu fou en mangeant un oignon

    et en écrivant sa 253e chanson ; avril était

    pluvieux et les vers sortaient de terre

    en fredonnant Tannhäuser, et il a renversé son lait

    dans son encre, et son sang est retombé sur les murs

    A mon retour à Rouen, je trouve un message téléphonique et un mail désolés de celle qui est bien arrivée au Maroc.

    *

    Quoi de neuf sur le cholestérol dans Books ? D’éminents professeurs y expliquent que le lien entre l’hypercholestérolémie et l’artériosclérose n’est pas établi et surtout que les statines prescrites par les médecins ne servent à rien, ce qu’empiriquement j’ai toujours su, raison pour laquelle depuis plus de vingt ans je leur ai toujours résisté.

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