•             Je fais mes bagages, une semaine de vacances du côté du Mans avec celle qui fait copilote dans la voiture. J’attends qu’elle arrive de Londres et en route. Tout ce que je devais faire avant de partir et que je n’ai pas fait ! Je me laisse distraire. Hier, par exemple, suis tombé sur l’enregistrement vidéo du Marathon Bovary, cette lecture intégrale de Madame Bovary faite à Rouen, au lycée Corneille, lors des dernières Journées du Patrimoine, pour le cent cinquantième anniversaire de la parution du roman de Flaubert.

                Pour le trouver, cet enregistrement, il suffit de taper « Marathon Bovary vidéo » dans un moteur de recherche (Yahou s’en sort mieux que Gougueule). Je ne sais pas si c’est à cause de ma liaison Internet assez rudimentaire ou à cause de l’enregistrement lui-même mais l’image est très sommaire. En revanche, pour le son, c’est parfait. Et le son, pour une lecture, c’est ce qui compte. Je passe d’un lecteur à une lectrice et réciproquement, les quelques-un(e)s que je connais, les inconnu(e)s de moi. J’y suis aussi, au début du chapitre sept de la troisième partie.

                Bon, une semaine à vivre loin d’un ordinateur, ça ne peut que me faire du bien.

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  •             L’autre mercredi, à Paris, dans le bac des livres à un euro chez Gibert, que vois-je ? À l’aveugle, roman de Claudio Magris, qui se déroule dans un hôpital de Trieste où un vieil homme raconte ses vies à un psychiatre, un livre publié chez L'Arpenteur. Je l’achète et de retour à Rouen, je constate qu’il est pourvu d’une dédicace de Claudio Magris, datée du douze octobre deux mille six. A qui ? Je suis bien en peine de le savoir. L’heureux bénéficiaire a rageusement noirci son nom à l’aide d’un feutre. Un journaliste sans doute, ou un critique littéraire, peut-être un confrère écrivain, en tous cas quelqu’un de prudent, qui n’a pas envie que l’on sache qu’il vend les livres que lui offrent leurs auteurs.

                J’ai donc, sans l’avoir cherché, un nouveau livre dédicacé dans ma bibliothèque. J’en ai d’autres, trouvés au hasard chez les bouquinistes ou sur le trottoir des vide-greniers. Et un seul pour lequel je suis allé solliciter l’auteur afin qu’il écrive un mot pour moi sur la page de garde de son livre. Il s’agit d’En marge, le livre de mémoires de Jim Harrison. Il me l’a signé à L’Armitière, celle de l’ancienne équipe, qui recevait les meilleurs écrivains dans sa boutique. (Que devient L’Armitière ? Eh bien, la nouvelle équipe organise la vente nocturne du énième volume des aventures d’Harry Potter, cela à l’attention des adultes qui lisent des livres pour enfants.)

                Vraiment, je m’arrache les yeux à tenter de lire le nom du malappris à qui Claudio Magris a dédicacé ce livre À l’aveugle. Je n’y arrive pas. Plutôt que demander de l’aide au service d’Interpol qui a réussi, il y a peu, à déflouter le visage d’un pédophile, je vais attendre le retour du soleil d’été et compter sur son aide pour éclaircir l’encre du feutre.

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  •             Le piano est de nouveau à l’honneur ce vendredi soir avec, dans le cadre du festival Automne en Normandie, la venue de Boris Berezovsky à l’Opéra de Rouen. Le piano est sur scène, je le vois loin là-bas, perché que je suis au deuxième balcon où j’ai pour siège attribué un strapontin.

                Pour ma chance, de nombreuses places restent inoccupées à l’heure où le noir se fait dans la salle. Je me déplace, occupe un vrai fauteuil, côté jardin, avec vue sur le clavier.

                Deux hommes entrent sur scène : Benoît André, directeur du festival et Daniel Bizeray, directeur de l’Opéra. Ils informent le public du remplacement de la cantatrice Marina Domashenko, malade, par Ekatarina Gubanova. Boris Berezovsky est bien là, lui. Daniel Bizeray profite de l’occasion pour, démonstration à l’appui, inciter les tousseux à agir discrètement.

                Le programme est russe : Modeste Moussorgski, Alexandre Borodine et Sergueï Rachmaninov.

                Boris Berezovsky entre seul en scène et fait honneur à sa réputation de virtuose, puissant quand il le faut, léger à d’autres moments. J’en redemande, mais ce n’est pas prévu. Dans la deuxième partie du concert, il n’est que celui qui accompagne la mezzo-soprano Ekaterina Gubanova, qui est agréable à entendre c’est sûr, mais je rêve d’une soirée uniquement consacrée à Boris.

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  •             Les avions sont en grève ou plus précisément, celles et ceux en uniforme qui font des sourires à l’intérieur en montrant aux passagers et passagères quoi faire en cas de catastrophe.

                Un qui s’en réjouit, c’est Idriss Matsima N’Zoumba. Il est d’Elbeuf, vivant en France depuis huit ans et père d’un enfant français scolarisé.

                Arrêté, détenu au Centre de Rétention de Oissel, il en a été extrait ce vendredi vingt-six octobre et acheminé sous escorte (cinq policiers) vers Roissy avec un billet pour Brazzaville, offert par l’Etat français.

                Avion annulé pour cause de grève. Que faire d’Idriss Matsima N’Zoumba ? C’est bien simple. Les policiers l’ont relâché sans assistance à Roissy.

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  •             Le programme est éclectique ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen. Je suis en haut du premier balcon. Cela commence par Requies, per orchestra da camera de Luciano Berio. Le chef, Gilbert Amy, s’apprête à lancer l’orchestre. Un mouflet gazouillant par deux fois l’en empêche. La troisième est la bonne. Certaines spectatrices devant moi s’agitent. Je perçois ce qu’elles pensent. Elles se disent que l’orchestre n’a pas fini de s’accorder. Au point d’orgue, un téléphone portatif sonne. Décidément la vie n’est pas aussi parfaite qu’elle devrait l’être.

                C’est maintenant Maurice Ravel pour le Concerto pour piano et orchestre, en sol majeur avec au piano l’unanimement reconnu Georges Pludermacher. Quel talent en effet. Je suis idéalement placé pour admirer le jeu de ses doigts courant sur le clavier. Les musiciens de l’orchestre sont à la hauteur. Les applaudissements éclatent en proportion du plaisir reçu. Georges Pludermacher se rassoit et annonce en supplément de programme Ondine du même Ravel. Nouveau tonnerre d’applaudissements. Il revient une troisième fois pour un court morceau qu’il ne nomme pas et que mon inculture musicale m’empêche de connaître.

                Après l’entracte, pendant lequel je contemple la multitude des mélomanes sur fond des lumières colorées de la foire Saint-Romain, c’est la Symphonie numéro un, en ut majeur opus vingt et un de Ludwig van Beethoven.

                Un bien bon concert, me dis-je, rentré chez moi, relisant la présentation par Christophe Queval de chaque œuvre jouée. J’y cherche les formules imagées dont il a le secret : « intense jubilation » « ombres vacillantes » « miroitement harmonique » « lamentation tremblante » « texture fragile » « façon lancinante » « voix fantomatique » « taraudant palimpseste » « obédience lisztienne » « échos maléfiques » « énergie sulfureuse » «  noirceur mortifère » « émotion sereine » « ébouriffantes difficultés » « péroraison échevelée ». Ce n’est qu’un échantillon. Paul Claudel n’a pas été lu par tous, qui écrivait : La crainte de l’adjectif est le commencement du style.

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  •             Sortant des Invalides, je décide de rejoindre le Quartier Latin à pied et me voici donc rue de Varenne, il y a là le musée Rodin dans l’hôtel Biron. Bien longtemps que je n’y suis entré et le jardin sous le soleil me fait signe. Je franchis la porte et passe de salle en salle dans l’atmosphère typique de vieux musée de province qui caractérise l’endroit. Le nombre raisonnable de visiteurs permet de jouir de chaque œuvre exposée (les mêmes sculptures installées au Grand Palais et ce serait la ruée).

                Je fais le tour du jardin où les feuillages d’automne sur fond de dôme des Invalides retiennent plus mon attention que les monumentales statues signées Rodin. Je n’aime que le Rodin érotique.

                Je mets le cap sur l’Assemblée Nationale puis marche en direction du Sénat. C’est la rue Monsieur le Prince, presque entièrement dédiée à la cuisine japonaise, que je cherche et que je trouve. Au restaurant Tokyotori, je déjeune soupe crudités sushis sashimis vin blanc et un petit verre de saké offert par la maison. Je dessoûle dans les libraires du boulevard Saint-Michel.

                Toujours à pied, je passe rive gauche où, m’a dit celle que je dois rejoindre à dix-sept heures, sont installées des oeuvres assez excitantes, galerie Yvon Lambert.

                Elle a raison, ce que je découvre me séduit.

                C’est, semble-t-il, la première exposition personnelle de Kendell Geers. Son titre Kannibale est un écho au Manifeste cannibale du poète brésilien Oswald de Andrade : Seul le Cannibalisme nous unit. Socialement. Economiquement.  Philosophiquement. et à la revue dada Cannibale dans laquelle Francis Picabia écrivait :

                comme vos idoles : rien

                comme vos politiciens : rien

                comme vos héros : rien

                comme vos artistes : rien

                comme vos religions : rien

                Kendell Geers vit en Afrique du Sud et chacune de ses œuvres est une violente attaque directe à la hauteur de la brutalité de la société actuelle : un mur d’affiches à l’encre noire, grasse, baveuse (relecture violente des affiches de Mai Soixante-Huit avec citations des travaux des situationnistes, de Matisse et de Munch), une réplique de La Victoire de Samothrace (dont l’originale est cannibalisée par le Musée du Louvre), une immense tête de mort en néon, une vidéo montrant en gros plan le sexe d’une femme éclairé d’une lampe torche pendant qu’elle se masturbe ou urine, des néons circulaires « Sacred Scared » et « What do you believe in », deux immenses étoiles (l’une en miroir brisé, l’autre composée de matraques de Céhéresse), des tours de barbelés coupant comme des lames de rasoir (ceux-là même que les Américains emploient en Irak et à Guantánamo), je résiste à l’envie d’y mettre le doigt pour voir si vraiment ça coupe bien. Oui, cela me plaît, surtout cette étoile de matraques, matraques que l’on ne découvre que lorsqu’on s’approche.

                « Je suis un Africain blanc vivant dans une époque dans laquelle des gens armés de lames de rasoir peuvent s’écraser dans les bâtiments les plus puissants du monde. Une époque dans laquelle quinze millions de Sud Africains ont le Sida. Une époque dans laquelle les Etats-Unis peuvent déclarer la guerre en Irak sans raison autre que d’accomplir leur propre désir. Une époque dans laquelle la pollution des Etats-Unis provoque des inondations en Europe et des sécheresses en Australie. Je vis dans un temps de contradictions dans lequel la Contradiction, la Vérité, le Désir, la Passion et l’Anarchie ne sont plus que des noms de parfums. Je vis dans l’âge de la reproduction digitale dans lequel la vérité n’existe désormais plus dans une image, dans lequel chaque image peut être modifiée et changée, quiconque peut être effacé ou inséré dans l’Histoire. » écrit Kendell Geers.

                Il est temps pour moi ce mercredi de rejoindre l’école Boulle et de lui dire qu’à propos de cet artiste, je suis d’accord avec elle.

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  •             Il fait beau quand je sors du métro, ce mercredi matin. Le dôme des Invalides brille de tous ses feux. J’entre dans la cour d’honneur et je suis le fléchage. Ce qui est bien avec les militaires, c’est la précision chiffrée, je suis à cent soixante-quinze mètres de l’entrée de la première partie de l’exposition Amours, guerres et sexualité, cent vingt mètres, soixante-quinze mètres, chaque panneau fait état de ma progression et finalement j’atteins la cible.

                J’achète mon billet et progresse dans le corridor de Perpignan (un vrai couloir en effet) où sont exposés moult documents historiques des deux guerres mondiales concernant la vie affective et sexuelle des soldats et de la population civile en temps de guerre. Des amours séparées, contrôlées, partagées ou outragées, ainsi que le résume le texte de présentation.

                Je fais mon marché parmi les objets présentés : un marin tire-bouchon et un obusier allemand dont l’obus cache un bel engin en effet, ce sont deux outils en provenance du Musée de l’Erotisme. « Fantasme patriotique et dimension phallique des armes » commente sobrement le carton explicatif. Tiens, une citation d’Adolf : « La vie publique doit être débarrassée du parfum de notre érotisme moderne. ». A côté, un document nazi stigmatise « le déshabillage de la danseuse nègre Baker ». Des chansons d’époque agrémentent la visite, je ressors de là avec Lili Marleen dans la tête,  impossible de m’en débarrasser.

                C’est bizarrement organisé cette exposition, un vrai parcours du combattant pour en trouver la seconde partie dans le corridor de Valenciennes. Je dois demander de l’aide à une petite secrétaire (qui malheureusement ne porte pas d’ « uniforme qui collait à ses formes » comme dans la chanson de Boris Vian). De ce côté, les femmes violées ou tondues remplacent les infirmières et les fiancées de la première partie. La guerre n’est assurément pas une partie de plaisir. « Il est strictement interdit aux prisonniers de guerre de s’approcher sans être autorisés aux femmes et filles allemandes » prévient une affiche nazie, tout contrevenant aura dix ans de prison, ou sera condamné à mort en cas de relation sexuelle. Un compte-rendu de procès fait état de la condamnation d’un prisonnier français en Allemagne pour « acte impudique avec vache ». Autre curiosité : un autel portatif avec tous les outils du curé à l’intérieur, indispensable pour célébrer les mariages au front.

                Je traverse à nouveau la cour d’honneur quand je quitte l’hôtel des Invalides, des gendarmes en grande tenue apprennent à marcher au pas de cérémonie. Je les observe dans leurs déplacements linéaires et circulaires. Cela me rappelle certains jeux que l’on fait à l’école maternelle.

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  •             C’est dans la salle un du cinéma Le Mercure à Elbeuf que j’attends, mardi soir, que se pointe sur scène Thomas Fersen. Première fois que j’assiste à un concert dans une salle de cinéma, cela fait partie du charme d’Elbeuf. Le public est de tous les âges (y compris le moutard), on écoute Nino Ferrer en attendant que ça commence.

                Tiens le voici, barbu, pantalon marron de représentant de commerce et chemise blanche à jabot, accompagné de son unique musicien, Pierre Sangra, il branche tranquillement son ukulélé électrique. Bizarre cette barbe naissante mais bien noire, à croire qu’il a vraiment cédé à son « côté malsain donnant sur la rue » et qu’il tient à passer incognito. C’est un concert à instruments minimaux, à deux ukulélés (le second parfois remplacé par une mandoline) :

                -C’est une idée que j’ai eue il y a un an, explique-t-il, et chaque soir je la regrette parce que toutes les chansons se ressemblent.

                C’est de l’humour à la Fersen. Je commence à retrouver celui que j’ai vu deux fois au Rive Gauche de Saint-Etienne-du-Rouvray et que j’ai boudé au Zénith de Rouen (trop grande la salle).

                Suis toujours sous le charme de la voix éraillée et des textes subtilement écrits, cela m’est égal le côté olé olé ukulélé. J’applaudis bien fort avec tous les autres et Thomas Fersen revient pour deux rappels de trois chansons chacun. Il ne peut nous quitter sans passer par Saint-Jean-du-Doigt, et nous chante le Blaise et la Jeanne avec un petit coup d’harmonica et de pipeau et trois pas de Sainte Jeannaise, une danse de ce village par lequel je ne manque pas de faire un détour quand je vagabonde en Bretagne, j’adore son :

                Elle m'a fait une clef anglaise

                Quand je l'ai crue prête à l'emploi.

                Dommage en revanche qu’il oublie Deux pieds, chanson qu’il a écrite spécialement pour moi :

                On me dit que je suis paresseux

                Que je ne fais que ce que je veux

                C'est à dire, pas grand-chose

                On dit que je me repose

                Je suis désolé

                Je n'ai que deux pieds

                Je n'ai que deux pieds 

               Franchement désolé

                Il faut bien en finir et c’est avec Bella ciao, petite chanson révolutionnaire. Thomas Fersen s’en tire avec une ovation debout, eh oui, on est à Elbeuf. J’espère qu’il reviendra dans la région l’année prochaine, avec tous ses instruments de musique et sans sa barbe.

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  •             Je lis, en grande diagonale, surtout la nuit, les critiques théâtrales rédigées par Paul Léautaud, sous le nom de Maurice Boissard (un hétéronyme, ledit Boissard est censé être un vieux monsieur), entre mil neuf cent sept et mil neuf cent quarante et un. Guère d’intérêt à lire aujourd’hui la critique des pièces, la plupart oubliées, ce que j’y cherche c’est ce que raconte Léautaud dans ses digressions, quand il oublie son hétéronyme pour parler de lui, ce qui d’ailleurs n’est pas toujours à son avantage, sa misanthropie se nourrissant de racisme et d’antisémitisme.

                Sa chronique publiée dans la revue Le Mercure de France, le premier octobre mil neuf cent huit, évoque le voyage qu’il vient de faire à Rouen (escapade qu’il raconte également d’une manière différente, sur un autre ton, dans son Journal littéraire).

                Il loge près de la Halle aux Toiles, à l’Hôtel de Bordeaux (qui existe toujours sous sa forme reconstruite) et s’émerveille : Le vieux Rouennais est charmant, d’une humeur délicieuse, et grand admirateur de sa ville, il nous en montre les beautés. C’est ainsi que je connais déjà, rue de la République, un petit café bien curieux. On y trouve réunis un phonographe, un piano mécanique, un oiseau artificiel qui chante comme un vrai et un cinématographe. Les becs de gaz sont agrémentés de fumivores, où un petit équilibriste de carton fait de la barre fixe pendant toute la soirée, et le garçon qui sert exhibe une fluxion démesurée. Tout cela fonctionne en même temps et ne coûte que cinquante centimes, consommation comprise. Avouez qu’il n’y a que la province.

                Il se risque à s’encanailler (prudemment) et pour cela pas de meilleur endroit que l’île Lacroix (aujourd’hui, triste île-dortoir) : Nous sommes allés aussi aux Folies-Bergères de Rouen, sur la rive gauche, dans l’île Lacroix. On traverse le pont Corneille, où la statue de l’auteur du Cid semble avoir été mise pour montrer le chemin. On prend une petite rue à gauche, où l’on trouve une façade vivement éclairée. C’est là. Les Folies-Bergères de Rouen sont assez différentes des nôtres et l’on pourrait plutôt les rapprocher de certains de nos petits concerts populaires. (…)Une chose que je regrette, pourtant, aux Folies Bergères de Rouen, c’est de n’être pas allé voir le petit jardin où se tiennent, paraît-il, les horizontales de l’endroit.

                Et c’est au Café du Commerce (disparu) qu’il prend des notes afin de rédiger sa chronique théâtrale en parlant de son voyage à Rouen : Le Café du Commerce est d’ailleurs un endroit fort agréable. Vous savez –ou vous ne savez pas,- qu’il fait l’angle de la rue de la République et du quai. De la table que nous avons adoptée, nous avons devant le port, à notre droite, passé le Transbordeur, la fuite lointaine de la Seine, et à notre gauche la côte Sainte-Catherine et Bon-Secours. Regarder ce paysage sous le soleil de midi, puis sous la lumière adoucie de la journée, peu à peu enveloppé de brume quand arrive le soir ! Mon Dieu ! Cela vaut peut-être bien les trésors un peu froids des musées et des architectures.

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  •             L’autre jour, je m’apprête à traverser le quai Jacques-Anquetil, rive gauche de Rouen, une femme me hèle de sa voiture arrêtée au feu rouge, je m’approche :

                -Savez-vous où se trouve le centre de détention ? me demande-t-elle.

                -La prison ?

                -Oui.

                Je lui explique : il faut aller au bout du quai et tourner à gauche pour trouver ce qu’elle appelle le centre de détention.

                C’est ainsi que l’on parle maintenant. Plus de prison mais un centre de détention ou une maison d’arrêt, plus de vieux mais des personnes âgées, plus de nains mais des personnes de petite taille, plus de bonnes mais des employées de maison, plus de chômeurs mais des demandeurs d’emploi, c’est correctement politique.

                -A gauche ? me dit la dame.

                -Oui, lui dis-je. Ensuite c’est facile, vous allez tout droit et sur votre gauche vous verrez un vieux bâtiment de briques rouges avec des miradors, vous ne pouvez pas vous tromper, ça ressemble bien à une prison.

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