• Je n’arrive pas à signer la pétition contre la nomination du fils cadet du Tout Puissant de la République à la tête de l’Etablissement Public d’Aménagement de la Défense, le site est d’abord saturé et quand enfin je peux remplir ma petite fiche, je ne peux valider ma signature car le mail de confirmation ne me parvient pas. Pas grave, je recopie ici mon commentaire : « Jean Sarkozy a déjà obtenu son diplôme de fils à papa qui lui a été remis par le collectif Sauvons les Riches, ce n’est pas la peine qu’il en rajoute » (c’était en avril dernier, pendant un repas conférence du Rotary Club dans le seizième arrondissement, on peut voir les images via Internet).

    Maintenant, voici le père dudit qui évoque ce mardi la création des lycées par Napoléon le Premier, «un geste qui signifiait, très concrètement, la fin des privilèges de la naissance ». « Cela voulait dire, dit-il, 'désormais ce qui compte en France pour réussir ce n'est plus d'être "bien né", c'est d'avoir travaillé dur et d'avoir fait la preuve, par ses études, de sa valeur' » et il poursuit en ces termes : « Principe de justice, mais aussi, en même temps, principe d'efficacité: car quel meilleur critère que celui du savoir et de la compétence pour désigner ceux qui doivent exercer des responsabilités ».

    Jeannot a vingt-trois ans, il commence sa deuxième année de droit.

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  • Après une nuit perturbée par une inquiétante lueur blanche et froide (mon téléviseur s’étant mis en route de lui-même, balayant toutes les chaînes à grande vitesse puis recommençant, cela le jour même où je reçois l’ordre de payer la redevance), je suis samedi matin avant neuf heures, le premier devant la Halle aux Toiles où l’antenne rouennaise d’Amnesty International organise sa grande vente de livres.

    Il n’empêche qu’à l’ouverture des portes, je me fais doubler par les professionnel(le)s dont les objectifs prioritaires sont : premièrement les livres d’art, deuxièmement la philosophie. Une naïve organisatrice constatant la ruée se réjouit à voix haute qu’autant de gens s’intéressent à la philo, je ne songe pas à la détromper en lui révélant l’atroce vérité.

    C’est que de mon côté je n’ai pas de temps à perdre, d’autant qu’ici les livres sont très peu chers, cinquante centimes les poches, entre un et deux euros la plupart des autres.

    Mon sac est bien rempli quand je passe à la caisse. Un de mes achats n’a pas de prix indiqué. Une vendeuse le met à un euro cinquante. Je m’en étonne, lui faisant remarquer que d’autres plus gros sont à un euro. On ne marchande pas ici, m’avertit une autre, cependant qu’une troisième s’en mêle et dit que si, il y a un prix, c’est un euro cinquante, et la première lui répond, évidemment c’est moi qui viens de le mettre.

    -Dire qu’il faut toujours supporter ces dames d’association, leur dis-je, heureusement qu’il y a les livres.

    L’une d’elles me répond qu’il faut aussi supporter certains clients (je ne peux pas lui donner tort).

    J’y retourne à l’heure du déjeuner, trouve encore de quoi remplir mon sac et ça ne se passe pas mieux au moment de payer. Cette fois, la vendeuse veut poser mes achats à l’endroit où elle mange, dans les miettes de son sandouiche. Je lui dis de ne pas mettre mes livres dans la confiture et exige d’aller à l’autre bout de la table.

    -Qu’est-ce vous avez contre nous aujourd’hui ? me demande-t-elle.

    -Rien, lui dis-je, c’est juste que je ne mélange pas les livres et la nourriture.

    Il ne faut pas que j’y retourne une troisième fois. On finirait par croire à la Halle aux Toiles que j’ai mauvais caractère.

    Heureusement qu’il y a les livres; beaucoup pour moi, parmi lesquels Le Livre des snobs de William Makepeace Thackeray (chez Poche-Club avec une préface de Matthieu Galey), Philobiblon ou l’amour des livres de Richard de Bury (Anatolia/Le Rocher), Le Cabinet noir de Max Jacob (L’Imaginaire), La petite pièce hexagonale de Yoko Ogawa (Babel), Scènes de la vie d’un propre à rien de Joseph von Eichendorff (Phébus, je l’ai déjà dans une autre édition), Conversation extraordinaire avec une dame de ma connaissance de Carlos Drummond de Andrade (Métailié), Le bon vieux et la belle enfant d’Italo Svevo (Le Seuil) ; un peu pour elle, parmi lesquels Les braves gens ne courent pas les rues de Flannery O’Connor (Folio) ; un pour nous deux puisqu’en double, le sulfureux Margot la Ravaudeuse de Fougeret de Monbron (Zulma), bref moult ouvrages qui constituent un potentiel réservoir de mauvaises vies, et de quoi a-t-on le plus besoin si ce n’est de mauvaise vie en ce moment où de façon inquiétante soufflent de concert brise marine et petit vent d’amont.

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  • Jeudi soir, je me pèle sur la parquigne du Hangar Vingt-Trois à attendre avec quelques autres que le sympathique vigile d’Universal Security (c’est le même qu’au Cent Six, ici il ne fouille pas, là-bas oui) donne l’autorisation d’entrer. Ensuite une longue station debout avant que l’on puisse s’asseoir et enfin je m’installe au centre du quatrième rang pour voir et ouïr Mayra Andrade que je ne connais pas. Je sais juste que c’est de la musique du Cap Vert et j’aime bien Cesaria Evora.

    Ce n’est pas la même chose. C’est de l’assez banale musique du monde (comme on dit), pas désagréable, pas excitante non plus. Je ne sais pas ce qu’elle raconte, les deux chansons en français sont des bluettes.

    Elle est jolie sur la photo de ses affiches, Mayra Andrade, les cheveux au vent. Sur scène, ils sont sévèrement tenus en arrière et comme d’habitude, il faut taper dans ses mains et chanter la la la « Allez, nous dit-elle, les Suédois y arrivent bien, les Rouennais devraient y arriver ». Si je veux et je n’ai pas envie ce soir.

    Une demi-douzaine de Capverdiennes sont là pour danser devant. D’autres aussi ont envie de bouger mais le temps de se décider et de s’agglutiner dans la fosse, c’est la fin du concert, le moment où l’artiste devient intimiste, seule avec le guitariste puis seule avec une guitare. A ce moment-là, elle fait de jolies choses avec sa voix, de quoi donner envie de l’entendre dans un autre cadre, sans les sempiternelles percussions et guitares électriques de la musique du monde.

    Je tente de rejoindre le mien avec ma petite voiture, un peu déçu, et énervé d’avoir tant de mal à m’extraire du chaos automobile. Le foutoir ne s’arrange pas dans le secteur depuis l’ouverture du cinéma Pathé aux Docks. Quant aux transports en commun, il est trop tard et de toute façon ils ne passent pas par là.

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  • Un mercredi à Paris sans qu’il me soit possible d’y rejoindre celle qui passera brièvement me voir samedi ; dans le train qui m’y mène j’ai avec moi Les Grandes Blondes de Jean Echenoz, une histoire de fugitive poursuivie par des détectives approximatifs. Avec Jean Echenoz, on s’en fiche de l’histoire, ce qui est excitant c’est comment il la raconte et là, judicieusement, elles passent par Rouen, son histoire et la grande blonde prénommée Gloire, au moment où je quitte la ville :

    Tôt le lendemain matin, elle avait pris le premier train pour Rouen, puis l’autobus vers une maison de retraite aménagée dans un ancien couvent de la banlieue rouennaise. Après un peu d’attente au bout d’un couloir, un vieillard bien mis, frais comme un gardon, s’était présenté au bras d’une nurse. Gloire l’avait embrassé. Mademoiselle, avait dit le vieillard, vous êtes absolument charmante mais je ne crois pas que nous ayons été présentés. La nurse en arrière-plan secouait la tête. Tiens, papa, avait dit Gloire, je t’ai apporté du cognac.

    Ne pouvant m’en empêcher, je fais le tour de mes librairies préférées, rive gauche côté Quartier Latin, rive droite côté Halles. A l’issue, un éclectique butin me tire sur les bras. Comme échantillon citons équitablement deux livres dits érotiques : Délit du corps de Jacques Serguine (Editions Blanche) et Liaisons particulières de Marie France O’Leary (Le Cercle) et deux livres dits présentables : Le Livre d’un homme seul de Gao Xingjian (Editions de l’Aube) et le tome deux des Mémoires d’un esthète d’Harold Acton (Julliard), ce dernier payé un euro chez Gibert Jeune, qui valait autrefois deux cent cinquante francs, quel éditeur demanderait aujourd’hui trente-huit euros pour un tel ouvrage ?

    Je passe par la galerie Pièce Unique, rue Jacques-Callot, afin d’y voir l’une des dernières œuvres de Louise Bourgeois (quatre-vingt-dix-sept ans). La pièce n’est pas seulement unique, elle est également petite. Pas moyen d’y caser une jolie fille à l’accent étranger pour veiller sur Self Portrait qui n’est donc visible qu’à travers la vitrine. Il s’agit d’une grande horloge dessinée sur un drap de lin brodé aux initiales de l’artiste. En faisant le tour du cadran, on y voit  la vie de Louise matérialisée pas des bouts de tissus gravés à la pointe sèche, rehaussés d’encre et cousus. Suis déçu de ne pas pouvoir m’approcher.

    Pour déjeuner, je choisi un restaurant chinois dont l’ambiance paisible est brutalement perturbée par un mendiant vindicatif entré là pour traiter la clientèle de bâtards et d’égoïstes. Un peu de nourriture gratuite et la ferme intervention du vigile de la superette voisine ramènent le calme.

    Dans la rue, le calme est tout aussi relatif. Quand je sors, s’engueulent copieusement, prêtes à se battre, celles qui tout à l’heure jouaient les sourdes et muettes sollicitant du passant signature de pétition et surtout argent.

    Il fait lourd, le temps est à l’orage.

    Je sens ça encore après, quand ayant renoncé (j’ai la flemme)  à me rendre du côté de Matignon pour visiter les expositions Karel Appel et Ernest Pignon-Ernest chez Lelong et Shirin Neshat chez Jérôme de Noirmont, je me repose un peu, assis près de la fontaine des Innocents au milieu d’un tas de branlotin(e)s constamment surveillé(e)s par la police. Le moindre mot peut provoquer la bagarre.

    C’est bien plus tranquille à la Mezzanine du Centre Pompidou où, buvant un café verre d’eau, je termine la lecture des Grandes Blondes.

    En fin d’après-midi, juste avant que n’éclate l’orage, je rejoins la gare par la ligne Quatorze, petit point dans la foule qui sort de terre par le double escalier hélicoïdal. Là, je me heurte presque à l’une de ces musulmanes cachées sous une tente de campigne avec moustiquaire devant les yeux. Il s’agit, paraît-il, de ne pas être livrée au regard des hommes. Evidemment tous les mecs la matent, combien comme moi se demandant si avec cette chaleur elle est nue sous la bâche.

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  • Me voici maintenant attaché sur le blog d’Edgar Menguy, conseiller municipal Huhemmepé de Rouen, pour avoir écrit ce que je pense de la dernière mouture de l’Espace Monet Cathédrale. Elle m’aime bien la droite locale quand je dis du mal de la gauche locale. Quand je dis du mal d’elle, elle n’en parle pas.

    Cela me rappelle la sénatrice Catherine Morin-Dessailly, autre sarkoziste locale, m’inscrivant d’office à sa niouze-letteure après que j’eus dénoncé la mise à bas de la Médiathèque, le mal que j’ai eu à m’en faire désinscrire.

    Cette droite locale qui soutient la politique xénophobe du fat sot qui nous gouverne et son Ministère de l’Identité Nationale créé pour capter les voix du F-Haine, c’est peu de dire que je ne l’aime pas. Je n’aime pas non plus la gauche locale. Quand reviendra le temps des élections municipales, je mettrai dans l’urne du deuxième tour le bulletin qui leur va comme un gant (si je puis dire), un bulletin nul.

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  • Passant par la Mairie de Rouen, je m’attarde un instant devant les panneaux qui veulent faire croire au bon peuple qu’on l’a écouté et que la dernière façade de l’Espace Monet Cathédrale est la sienne.

    Pauvre Jean-Paul Viguier qui a dû revoir encore une fois sa copie. Il en arrive maintenant à un dessin passe-partout qui n’est pas sans rappeler la Non-Médiathèque de Rudy Ricciotti (avec en bonus une sorte de jardin suspendu qui causera bien des soucis aux futur(e)s copropriétaires).

    Ricciotti qui doit transformer sa Médiathèque en hangar à archives, Viguier qui doit refaire ses dessins sous la dictée de Madame le Maire, les illustres architectes sont considérés par la municipalité de gauche comme petit personnel (il faut croire qu’ils n’ont pas de fierté).

    J’attends maintenant avec intérêt le début de la démolition du Palais des Congrès après les fêtes de fin d’année. J’adore le chaos et les ruines (mêmes temporaires) et j’imagine déjà la tête et les propos des commerçant(e)s de luxe du quartier. Surtout, cela mettra un peu d’animation sur le parvis de la Cathédrale, ce lieu assez désolé où ne broutent habituellement que les troupeaux de touristes chenu(e)s.

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  • Dimanche, avant midi, je rejoins ma voiture et prends la route de Giverny ayant envie de voir gratuitement (c’est le premier dimanche du mois) l’exposition Joan Mitchell au Musée des Impressionnistes (autrefois Musée d’Art Américain). Arrivant à Vernon, je découvre par voie d’affiche que c’est le jour du grand déballage, une appellation locale pour le vide grenier. Je passe le pont sur la Seine et me gare près d’un gymnase, retraverse à pied et parcours les nombreuses rues et places dévolues au déballage.

    Le butin est mince en ce qui me concerne, Les Campagnes hallucinées et Les Villes tentaculaires d’Emile Verhaeren (bien connu à Rouen pour y être passé sous un train), recueil paru dans la collection Poésie/Gallimard, et Le Catalogue raisonné des amants de Lucie paru en mil neuf cent quatre-vingt-sept au Pré aux Clercs et faussement signé Paddy Donegan. C’est mieux pour celle qui va regarder courir les chevaux : j’achète à son intention un pesant présent qui me fait bien plaisir et un peu mal au bras tandis que je repasse la Seine.

    Au rond-point, à Giverny, je laisse ma petite voiture sous les arbres et gagne pédestrement le Musée. D’emblée, je constate que la peinture de Joan Mitchell, qualifiée d’expressionnisme abstrait, ne me dit rien. Je fais quand même le tour de ces grandes toiles colorées (souvent en deux parties) qui relèvent surtout à mes yeux d’un impressionnisme tardif, ce pourquoi sans doute elles sont là. Joan Mitchell a vécu longtemps à Vétheuil dans la maison de Monet et y est morte en mil neuf cent quatre-vingt-douze. Un tableau du Claude est là pour le rappeler Nymphéas avec rameaux de saule, datant des années mil neuf cent seize/dix-neuf, bien plus intéressant que les trente toiles de la peintre américaine et devant lequel je m’attarde un peu avant de reprendre la route de Rouen.

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  • C’est avec celle qui m’a rejoint pour une petite partie du ouiquennede que je me dirige dimanche, le jour pas encore levé, vers la place de la Rougemare, lieu du dernier vide grenier rouennais de l’année. La pluie est à craindre mais nous espérons en faire le tour avant les premières gouttes. Pour cela, il faudrait que les vendeurs et vendeuses aient fini de s’installer, ce qui est loin d’être le cas. C’est pour l’heure un complet désordre avec voitures d’exposant(e)s dans tous les sens. Nous  visitons les déballages des plus rapides, éclairés par les gyrophares de la fourrière qui dégage les véhicules des distrait(e)s garés là pour la nuit.

    Rien d’excitant ne nous retient et il faut déjà qu’elle parte, rappelée par les études à l’hippodrome de Longchamp où elle est tenue d’assister au prix de l’Arc de Triomphe.

    Je continue donc seul et trouve enfin de quoi me satisfaire, d’abord Music-Hall ! le roman de Gaétan Soucy (dans son édition canadienne chez Boréal), puis je m’arrête au stand voisin où l’on m’interpelle :

    -Faites attention, vous êtes chez les bourges ici.

    -Je sais, ils sont partout.

    Il s’agit d’un lecteur de mes écritures quasi quotidiennes, déjà rencontré ici l’an dernier, qui a devant lui quelques piles de livres.

    Je lui demande s’il ne se lasse pas de me lire. Il me dit que non, me montrant la pile pour les connaisseurs, celle qui peut m’intéresser. Effectivement, il y a là de quoi me plaire. Tandis que je fais mon choix, il me dit qu’il n’a pas bien compris pourquoi mon amie a déménagé de Marseille à Paris.

    Je retiens Robert Pinget à la lettre, un abécédaire signé de l’écrivain suivi d’un entretien avec Madeleine Renouard, (Belfond), Les boutiques de cannelle de Bruno Schulz (L’Etrangère, Gallimard) et Au bord de la nuit de Friedo Lampe (L’Age d’Homme). Je demande combien.

    -Trois euros pour le tout mais il faudra être gentil avec nous.

    -J’ai du mal à être gentil, j’essaie mais je n’y arrive pas

    Je salue mon lecteur et sa femme, leur donnant rendez-vous pour l’an prochain.

    Un peu plus loin, je croise un vendeur qui, je me souviens, était assis près du chanteur mystérieux qui m’avait bien plu lors de la dernière Fête de la Musique (un chanteur qu’un autre de mes lecteurs aimerait lui aussi retrouver). Je lui demande s’il le connaît. Hélas non, il était juste descendu l’écouter, habitant au-dessus.

    Je croise quelques connaissances chez les acheteurs et acheteuses puis trouve le tome quatre de l’érotique Déclic de Manara (L’Echo des Savanes/ Albin Michel) qu’un sympathique vendeur me laisse pour deux euros. Enfin, dans le même domaine, Les Kâma-sûtra de Vâtsyâyana, un beau livre publié chez Zulma (avec des images inédites du Fitzwilliam et du British Museum) m’est vendu quatre euros par un musicien et une musicienne de l’orchestre de l’Opéra de Rouen (mais je sais rester discret).

    Et à propos de l’Opéra de Rouen, une fois rentré chez moi pour (avant de repartir) un déjeuner avancé et rapide tout en écoutant France Culture, j’ai la réponse à ma question de l’autre soir : le Trio « Dumky » de Dvorak est l’indicatif de l’émission L’Esprit public de Philippe Meyer.

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  • J’achève ma lecture nocturne des Disparus de Daniel Mendelsohn, pavé de six cent quarante-six pages publié par Flammarion (avec une couverture navrante que le ferait passer pour un ouvrage de basse condition), dans lequel il raconte l’enquête qu’il mène pour savoir quand, où et comment sont morts pendant la Deuxième Guerre Mondiale le frère de son grand-père, sa femme et ses quatre filles (les seuls de la famille à être restés à Bolechow, village successivement polonais, russe, allemand et ukrainien) après avoir en vain appelé au secours la parenté expatriée.

    Terrifiante histoire que celle que raconte Daniel Mendelsohn, qui rappelle que pour exterminer les Juifs il n’y eut pas que les nazis et que du jour au lendemain des voisins sympathiques peuvent se transformer en tortionnaires sadiques, ce que l’on a revu dans la défunte Yougoslavie et au Rwanda, ce que l’on reverra.

    S’attardant sur les dangers de la proximité, il se souvient que lui-même, enfant, a un jour battu son frère jusqu’à lui casser volontairement un bras.

    Refermant ce livre, me revient la formule d’Albert Cohen que je cite de mémoire : « L’homme naît mauvais et la société le rend pire encore », avec laquelle je suis tout à fait d’accord.

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  • Mercredi soir j’attends en haut des marches que veuillent bien s’ouvrir les portes de la salle de la Halle aux Toiles dans laquelle l’Opéra de Rouen donne concert de musique de chambre. Je suis entouré de la bande des mélomanes. La question du jour est : Que sait-on de notre nouveau directeur ? Ce « notre » me réjouit et j’espère en apprendre un peu mais rien, on ne sait rien de lui, on ne sait même pas comment on doit prononcer son nom à celui qui vient de Liège, les avis divergent. On se rabat sur le concert de la veille, cette Création due à Haydn et là c’est l’unanimité : Comme c’était beau ! Oh oui magniiifique !

    Je suis bien placé, de biais avec vue sur le piano, et ai le temps de lire trois fois le programme avant que la salle ne soit comble, qu’il soit vingt heures, et qu’entrent Tristan Benveniste et Jacques Perez pour le Duo pour violon et violoncelle de Zoltàn Kodàly dont j’aime bien le premier mouvement alors que m’ennuie le troisième. Je préfère Mythes, pour piano et violon de Karol Szymanowski, une composition des plus sensuelles jouée par Christian Erbslöh et la filiforme et sinueuse Elena Pease. Le meilleur est pour la fin, c’est le Trio pour piano, violon et violoncelle « Dumky » d’Antonin Dvorak, joué par François Pinel, Tristan Benveniste et Jacques Perez, dont le début m’est familier et qui soulève bien des applaudissements.

    Je rentre en me demandant pour quelle émission de France Culture ce Trio « Dumky » sert d’indicatif, pas foutu de trouver la réponse.

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