• Après le départ de celle qui me rejoint le ouiquennede, je prends le chemin qui mène à l’Opéra de Rouen, croisant des familles qui s’ennuient le dimanche et une bande de scouts et scoutesses qui remplissent des questionnaires sur les marches du parvis de la Cathédrale.

    A l’intérieur du bâtiment, mon attention est attirée par un parallélépipède de tissu noir greffé sur une des loges, sorte de cabine d’essayage dans laquelle on aurait installé une climatisation. Je demande aux ouvreuses. L’une me répond que c’est pour La Flûte mais qu’elle n’en sait pas plus. La Flûte enchantée, c’est pour février. En cette fin janvier, c’est Mikhaïl Rudy pour un programme de musique russe.

    Je suis au premier balcon suffisamment haut pour ne pas être gêné par les deux projecteurs qui seront utilisés pendant la seconde partie du concert et côté jardin pour bien voir les mains du pianiste.

    Mikhaïl Rudy (qui a demandé l’asile politique en France dans les années soixante-dix) joue d’abord Petrouchka d’Igor Stravinsky. Point ne lui est besoin de partition. Ses mains courant sur le clavier se reflètent, fantomatiques, sur l’écran installé en fond de scène et à la fin, avec les nôtres, on l’applaudit beaucoup.

    Pendant l’entracte, du promenoir, je considère celles et ceux qui se pressent autour du bar et au loin la Seine qui coule toujours dans le même sens.

    Piano décalé vers la gauche, Mikhaïl Rudy revient pour Les Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski, toujours sans partition. Pendant qu’il joue, sont projetées, selon son désir, les aquarelles réalisées par Kandinsky pour la présentation de cette œuvre en mil neuf cent vingt-huit. Animées, elles se jouent de la musique et amène parfois le sourire. C’est une production de la Cité de la Musique en collaboration avec le Centre Pompidou.

    Beaucoup d’applaudissements saluent la performance et pas moins de quatre rappels ramènent le pianiste sur la scène. Les deux premiers reprennent les deux moments spectaculaires de la projection, l’épisode kaléidoscopique et celui des ronds colorés qui galopent sur des sinusoïdes.

    Le temps que je descende les escaliers encombrés, Mikhaïl Rudy a déjà eu le temps d’arriver au foyer où il commence à dédicacer ses cédés. Comme nul n’a jugé bon d’annoncer cette signature et que la plupart du public ne passe pas par là pour sortir, je doute qu’il voie autant de monde que James Ellroy mercredi dernier à L’Armitière.

    *

    Lundi matin, je regarde la vidéo mise en ligne par L’Armitière où l’on voit James Ellroy réclamant café, stylo, crack ou cocaïne avant de dédicacer ses ouvrages. En arrière-plan, une ombre s’approche et s’immobilise entre deux présentoirs : moi-même.

    *

    Dans un café rouennais l’autre jour :

    -Moi, je suis pas pressé de rebondir, je touche quatre mille euros de chômage, j’étais directeur d’agence.

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  • Jeudi soir, je pars de chez moi à dix-neuf heures pile et arrive, après avoir marché le long de la Seine où malgré le froid s’agitent coureurs et coureuses, trois quarts d’heure plus tard au Hangar Vingt-Trois, juste pour l’ouverture des portes.

    Je suis l’un des premiers et je m’installe à ma place préférée au milieu du quatrième rang, pas envie d’être devant et de courir le risque d’une corpulente striptizeuse du Cabaret New Burlesque sur mes genoux. Je sais ce que je vais voir et aussi que, passée la mode créée par Tournée, le film de Mathieu Amalric, on ne verra plus cette troupe venue des Etats-Unis en France (ou alors à Paris seulement), ce pourquoi je suis là et tou(te)s les autres aussi, la salle est bientôt comble.

    J’observe le plateau plongé dans une quasi obscurité sur lequel flotte de temps à autre une fumée blanche striée par la lumière des quelques projecteurs quand soudain en surgit une géante. C’est du moins mon impression. Quand je l’ai remise à l’échelle un, je vois une femme bien en chair (comme on dit), montée sur talons hauts et vêtue (ou dévêtue) de façon émoustillante. C’est la Maîtresse de Cérémonie. Elle indique en anglais mâtiné de français qu’il convient de taper dans ses mains et de faire du bruit avec sa bouche dès qu’apparaissent des fesses ou des nibards (en français dans le texte) et c’est parti pour le chaud burlesque.

    Les numéros s’enchaînent menés par des dames plus que féminines et un jeune homme entre deux genres. C’est grivois, salace, drôle, récréatif et, comme le dit le programme du Hangar Vingt-Trois, cela « désamorce en partie la dimension érotique de la nudité », ce pourquoi je n’adhère pas complètement mais passe néanmoins un bon moment. Mon numéro préféré est celui, assez Grand Guignol, de la femme au bras tranché sur I Put a Spell on You par Screamin’ Jay Hawkins.

    Tout cela finit dans la salle avec baisers chaleureux et frottement de seins sur les spectatrices et spectateurs accessibles, à quoi j’échappe heureusement, puis dans l’entrée où les six artistes vendent à leur profit des objets du meilleur mauvais goût.

    Je rentre par le même chemin ne croisant qu’un coureur sur le quai balayé par le vent glacial.

    *

    Vendredi, à neuf heures, j’appelle encore une fois le Commissariat. Mon policier n’y est toujours pas, m’apprend une voix féminine. Je lui dis que je ne vais pas continuer à appeler tous les jours. Elle me répond qu’elle va s’occuper de ça personnellement.

    *

    Une heure plus tard, je suis à la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier où je discute avec Michaël Féron du spectacle du Cabaret New Burlesque (il y était) et où j’achète le numéro triple daté d’avril mil neuf cent quatre-vingt-quinze de la revue Quel Corps ? rebaptisée Quel Cul ?, un numéro triple consacré aux Imaginaires Sexuels.

    *

    Un peu avant midi, mon téléphone sonne. C’est le policier. Il me demande quand on peut se voir. Tout de suite, si vous voulez. Non, ce sera la semaine prochaine. Je lui dis que je serai libre tous les jours sauf mercredi. Il me propose jeudi, matin ou après-midi. Matin, lui dis-je. A neuf heures ? Oui. Comme sujet de conversation : la plainte de l’ancienne commerçante rouennaise qui n’aime pas mes écritures.

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  • A peine remis de la mauvaise Conférence illustrée de l’après-midi, je grimpe mercredi soir à Mont-Saint-Aignan d’un coup de Teor pour la première des Sexy Scènes. Deux pièces sont au programme : Je baise les yeux de Gaëlle Bourges et Striptease de Céline Milliat-Baumgartner et Cédric Orain. Le Centre Culturel Marc Sangnier est à l’image de la soirée : rideaux rouges et guirlandes de même couleur. Un libraire inconnu de moi propose des livres érotiques. Les jeunes dames de la maison sont parées d’écharpes froufroutantes.

    Je baise les yeux est une conférence spectacle sur le théâtre érotique tel qu’on peut le voir à Paris et dans certaines grandes villes (donc pas à Rouen). Les interprètes sont en scène quand on entre dans la salle, trois filles plus ou moins nues derrière une table (dont l’auteure portant barbe) et un homme en costume marchant de long en large. Ce dernier est l’interviouveur. Il s’assoit en bout de table après avoir signifié au public qu’il peut envoyer des questions via le téléphone. Il commence par les siennes et il fait ça bien, avec un tas de références littéraires et musicales parfaitement inappropriées (on sent l’homme de télévision muté du service culturel à celui des tauque-chauds). Les trois filles, qui ont de l’expérience (elles ont pratiquées ensemble ce dont elles parlent, notamment le chaud lesbien), répondent entre l’ironie et le premier degré, illustrant leurs propos d’une démonstration (pour ce faire, elles s’habillent), striptize masturbatoire pour Gaëlle Bourges, contorsions impudiques pour Marianne Chargois et chaos en latex pour Alice Roland. L’interviouveur (parfaitement joué par Gaspard Delanoë) pose pour finir les questions miraculeusement arrivées sur son téléphone. Tout cela est très drôle et réjouit le public qui est invité à quitter la salle pendant l’entracte de trente minutes. Dans le couloir une fille dit à ses copines qu’elle se resservira d’une des répliques. Laquelle ? « Les yeux, ça use pas le cul ».

    Ce soir au bar on propose une soupe angevine, coquetèle dont la recette est généreusement fournie avec le programme, et des mets moléculaires. J’opte pour un verre de vin rouge et discute avec l’homme au chapeau que je croise souvent dans les salles de spectacle. Ce vin est mauvais. J’aurais dû prendre un peu de soupe.

    Striptease est une pièce de Cédric Orain et Céline Milliat-Baumgartner, jouée par cette dernière. Elle arrive discrètement par le côté, dis bonjour avec un petit air timide, demande au public de ne pas photographier, pas filmer et pas se… pendant son striptize, puis elle s’adresse à chacun(e) : « Et toi, tu  veux voir mon cul ? » Ben oui.

    Mutine et vulnérable, elle fait son chaud tout en narrant l’histoire du strip, son origine et ses pratiquantes dont elle donne une liste ébouriffante d’une centaine de noms (de Foufoune Darling à Lili la Pudeur en passant par Bonita Super et Rita Renoir), un inventaire qui lui vaut des applaudissements. Désormais nue, elle évoque le trou autour duquel vole le regard puis jette son corps autour de la barre en sept figures répétées jusqu’à l’épuisement. Affalée, essoufflée, orgasmée, elle a ces mots « On est bien, là ». Ben oui.

    Céline Milliat-Baumgartner revient saluer nue sous son grand ticheurte et je rentre avec l’homme au chapeau dans le dernier Teor chopé de justesse.

    *

    Jeudi matin, j’appelle une nouvelle fois le Commissariat. Une voix masculine m’apprend que la personne que je demande est absente aujourd’hui. Je constate qu'il n'est pas facile de voir le policier qui veut vous rencontrer rapidement (deux jours qu'il n'est pas là).

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  • Ce mercredi matin, je téléphone à l’heure de l’ouverture au Commissariat où l’on souhaite me voir rapidement. On me dit de rappeler dans une demi-heure. Je le fais. On me dit que les policiers sont en extérieur, que je rappelle demain matin. J’ai donc ma journée libre et j’en occupe l’après-midi à assister à la Conférence illustrée consacrée au scandale dans l’art. Cela se passe à l’Omnia et est organisé par les étudiant(e)s en je ne sais plus quoi. Les invités sont Hélios Azoulay (de l’Ensemble de Musique Incidentale), Nathalie Heinich (du Céhennéresse) et Olivier Lefèbvre (du Volcan du Havre, spécialiste de la danse). La salle est pleine, beaucoup de jeunes et le reste de vieux, dont moi entre deux jeunes, plus loin à droite trois très vieilles qui ne veulent pas, disent-elles, mourir idiotes.

    Une étudiante qui étudie des choses dans le domaine de la médiation (m’apprennent mes voisines) est là pour mener le débat. Elle annonce que le public pourra prendre la parole à tout moment et passe le micro à Hélios Azoulay qui narre son scandale de l’Opéra de Paris quand il y sabota un opéra dirigé par Marc Minkowski, attendant de ne plus rien craindre de la police pour s’en avouer l’auteur. Il fait ensuite entendre ses compressions des œuvres de Mozart et de Glenn Gould, puis il vante son livre sur les scandales, puis il annonce son animation prochaine dans la petite bibliothèque de quartier Simone de Beauvoir. L’étudiante réussit à l’interrompre et passe le micro à la sociologue qui voit la problématique du scandale avec les yeux de sa science, qualifiant notamment celui d’Azoulay à l’Opéra de canular (Hélios est vexé). Elle donne son point de vue sur la fontaine de Duchamp, n’y voit nul scandale puisque passée inaperçue lors de sa première exposition à New York (Patrice Quéréel, duchampiste local, proteste). Le micro passe dans les mains du spécialiste de la danse. Celui-ci fait diffuser un dévédé au son pourri. On y voit cinq courts extraits de chorégraphies de Vanessa Gehrt, Tatsumi Hijikota, Jérôme Bel, Jan Fabre et Maguy Marin qui ont fait scandale en leur époque. Il nous explique en quoi et pourquoi. Cela fait déjà bien longtemps que je m’ennuie. La sociologue se fait un deuxième ennemi en disant à Olivier Lefèbvre que ses captations de chorégraphies sont mal filmées. Depuis un moment, un étudiant assis devant moi tente vainement d’attirer l’attention, main en l’air, afin de poser une question. On finit quand même par le repérer. Il a le micro mais là-bas les trois invité(e)s bavardent toujours. L’animatrice les interrompt enfin :

    -Prenons des questions pour que les gens aient l’impression…

    Murmures dans l’assistance, le jeune homme dit qu’il ne voit pas où est le scandale dans les images qu’il a vues. Il se fait envoyer paître. Il insiste. Autour de moi, on l’approuve.

    -Plus vous parlez, moins vous intéressez les gens, lui dit Hélios Azoulay, vous entendez ce bruit qui monte dans la salle, on ne vous écoute pas.

    -Ça, c’est ignoble, dit une femme derrière moi tandis qu’on entend plusieurs « C’est pas vrai ».

    Azoulay s’enfonce en se vantant d’être l’instigateur d’un petit scandale. Un autre spectateur dénonce le scandale institutionnalisé et subventionné en se référant à Philippe Murray. « Le scandale est le recours de l’indigent » dit-il. Cela commence à être intéressant mais l’animatrice arrête le débat, il est l’heure d’aller manger des petits gâteaux.

    Je bois un verre de poiré en mangeant mon gâteau. Plusieurs personnes viennent féliciter et consoler le jeune audacieux qui s’est fait moucher. Je dis à Hélios Azoulay qu’il ne s’est pas fait que des amis aujourd’hui et que personnellement je n’ai pas apprécié ses propos. Il me dit qu’on ne l’a pas bien compris et puis que de toute façon peu importe.

    Oui, peu importe, je n’ai pas envie de rester pour la suite, une projection du Chien andalou de Luis Buñuel. Ce soir grâce à la soirée érotique proposée par la Scène Nationale à Mont-Saint-Aignan, je passerai un bien meilleur moment.

    *

    Dans la dernière livraison de sa rouen chronicle (vingt-six janvier deux mille onze), Félix Phellion écrit exactement ce que je pense des animations de bibliothèque, plus qu’à le citer (ça se passe à Rouen, c’est valable partout) :

    Au programme, dans un neuf auditorium, on a convoqué un clarinettiste, un plasticien et un illustrateur. Un écrivain aussi ? Taratata, pas de ça ici (…/…)

    Pour intéresser, pas de livres, de l’événementiel. Une bibliothèque doit être un lieu ouvert, convivial, solidaire. Du vivant, du mouvement, de l’aérien. Bref, du vent dans les branches, jonglages et acrobaties. Les vieilles étagères, ça fait cimetière. Tous ces volumes alignés, ces rayonnages silencieux, mortel ! Et puis trop de livres, trop de lignes, trop de mots.

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  • Ce n’est pas que je sois un lecteur de James Ellroy (je n’ai plus le goût des polars et ses écrits autobiographiques ne sont pas une priorité pour moi) mais je ne peux laisser passer la venue à Rouen de ce monument de la littérature américaine, aussi ce mardi, vers seize heures trente, je pousse la porte de l’Armitière où la file d’attente de ceux et celles qui veulent une dédicace est déjà fort longue.

    Il y a là surtout des hommes et je discute avec deux d’entre eux jusqu’à ce qu’arrive le grand homme. Il réclame un café et répond aux questions de la télévision régionale puis, debout derrière une sorte de sellette, attaque sa longue série d’autographes en précisant qu’il signera tout, y compris les vieux livres de poche pourris. Chaleureux, il serre les mains et fait bonne figure aux photographies. Les mâles ont droit à un « Hi brother ». De temps à autre, il se livre à l’un de ses rugissements. J’observe tout ça entre deux présentoirs d’agendas, gênant une dame qui en achète un. Je lui conseille de le faire dédicacer, il prendra de la valeur. Elle ne connaît pas le monsieur qui est là. Je lui explique mais ne parviens pas à la convaincre.

    Je monte à l’étage où doit se dérouler la prise de parole et où se trouve déjà beaucoup de monde. Une chaise libre vers le fond devient la mienne. Ce n’est pas un problème car la table derrière laquelle Ellroy doit s’asseoir est surélevée sur fond de paravent rouge.

    On attend longtemps puis une des responsables de la librairie annonce qu’il arrive, que les signatures reprendront après.

    James Ellroy s’assoit en compagnie d’une interprète. La libraire parle de « rencontre mémorable avec le maître du polar américain ».

    -Good evening, motherfuckers, répond celui-ci.

    Il nous remercie d’être là alors que nous aurions pu choisir de baiser, de nous droguer ou de louanger ce stupide Président Obama. La libraire indique que ce soir, il ne sera pas question des polars, uniquement de La Malédiction Hilliker, son dernier livre autobiographique, dans lequel il revient sur la mort de sa mère et ses rapports avec les femmes. En réponse à sa première question, Ellroy raconte une énième fois qu’enfant après que sa mère l’eut giflé pour avoir dit qu’il voulait aller vivre chez son enculé de père (la traductrice minimise : « son connard de père »), il a souhaité sa mort et que cette belle rousse de quarante et un ans, trois mois plus tard, fut assassinée, d’où sa grosse culpabilité.

    La libraire pose ensuite une série de questions de prof à propos du livre qu’elle a lu. L’auteur répond courtoisement. Il dit qu’il est influencé dans son écriture par Beethoven « le maître du romantisme », que son livre est « une ode au romantisme », qu’il a maintenant trouvé la femme de sa vie, Erika, laquelle se promène en ce moment dans les rues de notre belle ville parce qu’elle en a marre de l’entendre raconter ses conneries dans les librairies, qu’il écrit pour que les femmes l’aiment, qu’il ne supporte pas les agresseurs de femmes et donc qu’il est pour la peine de mort. Il remercie son éditeur, Rivages. La questionneuse indique qu’elle a encore à poser. Elle pose. Ellroy répond qu’il a (avait) une obsession des femmes, pas une addiction, et que dans son livre il n’y a rien de sexuel, que du spirituel. Apercevant son Erika à l’étage inférieur, il l’interpelle et la prend à témoin de ce qu’il est encore à dire des conneries.

    Quand la libraire en a fini avec l’analyse de La Malédiction Hilliker, il est encore temps pour quelques questions venues du public et là Ellroy se montre à la hauteur de sa réputation.

    Croit-il en Dieu ? Oui, il est croyant, Dieu a des projets pour lui, il a un destin, la plupart de ceux qui pensent comme ça sont schizophrènes mais pour lui ça marche.

    Que pense-t-il d’Henry Miller, de James Joyce, de Louis-Ferdinand Céline ? Je ne les ai jamais lus, je n’ai pas le temps de lire.

    Son écriture est-elle une psychanalyse ? Il n’écrit que pour le plaisir de faire des gros livres.

    N’y a-t-il pas trace dans son livre de Joan of Arc ? Reprenez vos comprimés, ça n’a rien à voir, je me fous de Joan of Arc, je sais seulement qu’elle a cramé dans cette ville. Si je pouvais, je créerais une chaîne de fast-food et j’y ferais des Joan burgers bien grillés.

    Aime-t-il d’autres musiques que le classique ? Le jazz, mais surtout pas le rock, le rock c’est pour ceux qui ne savent pas grandir. Il évite la culture d’une manière générale.

    C’est fini, applaudissements, le public descend l’escalier en colimaçon. Ellroy descend par un autre et se remet en place pour la signature. Devant lui, une nouvelle file des lecteurs et lectrices s’allonge qu’il salue le bras tendu à la romaine : Hi motherfuckers !

    *

    Pas jugé bon de me faire dédicacer l’un des livres d’Ellroy par son auteur. Le personnage vaut le déplacement mais pas forcément la lecture. Ce que j’ai parcouru ici ou là dans ses livres ne m’excite pas. Exemple avec le début d’Underword USA, récent thriller paru chez Rivages :

    Le camion laitier braqua sèchement à droite et mordit le trottoir. Le volant échappa aux mains du chauffeur. Pris de panique, il écrasa les freins. Le coup de patins fit chasser l’arrière. Un fourgon blindé de la Wells Fargo percuta le flanc du camion laitier de plein fouet.

    Que des clichés. C’est peut-être la faute du traducteur. Ne parlant pas anglais, je ne peux le savoir. Pas envie, en tout cas de « La marquise sortit à cinq heures », ni d’histoires à suspense.

    *

    Rentré chez moi, j’ai un message sur mon répondeur. Une voix masculine m’informe que l’on veut me voir rapidement au Commissariat de Police. J’appelle. Une voix féminine me dit qu’elle a décroché parce que j’insistais mais que c’est trop tard, le Commissariat ferme à dix-huit heures trente : « Rappelez demain matin. »

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  • Une semaine à chercher des bouchons d’oreille après que la mienne droite eut souffert du précédent lundi du Kalif, interrogeant trois de mes connaissances fréquentant le milieu des musicien(ne)s qui jouent fort. A chaque fois, la même réponse : ils doivent en avoir au Kalif où une association en met à disposition.

    Lundi après-midi, je reçois un mail de cette école de musique me le confirmant et le soir venu, j’en aperçois un bocal sur le comptoir à l’entrée. J’en pêche deux.

    Au programme ce soir, Tahiti 80, groupe anglophone rouennais connu jusqu’à loin (spécialement au Japon) et qu’en dix ans je n’ai encore jamais ouï ni vu.  Ils sont cinq, trois devant aux différentes guitares, deux derrière (permutables) à la batterie et aux percussions, chacun avec une tête sympathique. Ils interprètent des chansons de leur prochain album, filmés par les quatre caméras de la maison. J’aime bien leur musique pop rock et la voix du chanteur, Xavier Boyer.

    -Vous êtes aussi calmes qu’au Cent Six le mois dernier, c’est normal ? s’étonne-t-il.

    Personnellement, je préfère cette ambiance tranquille et attentive. Debout à côté d’un des filmeurs monté sur un bidon métallique, j’ai bonne vue sur la scène et les oreilles bien bouchonnées. La deuxième partie du concert est consacrée à des morceaux anciens tout aussi inconnus de moi, puis en rappel c’est à la demande et bien décontracté.

    Je rentre comme je suis venu, à pied par la longue route de Darnétal puis par le quartier de la Croix de Pierre. Ma montre marque un peu plus de vingt-deux heures trente. Rouen, fidèle à sa légende, est endormie.

    *

    Dans la série des oxymores que je préférerais ne plus entendre : le silence assourdissant.

    *

    Ce que j’aime particulièrement dans le Réseau Education Sans Frontières : pas de porte-parole, pas de hiérarchie, pas de bureau, pas de cotisation.

    Une illustration avec cette lettre adressée à Brice Hortefeux, Ministre de l’Intérieur, le dix décembre deux mille dix :

    « Monsieur le Ministre, vous avez souhaité rencontrer le Réseau Education Sans Frontières, RESF.

    Le Réseau dans sa diversité aussi bien géographique que philosophique, politique, spirituelle, refuse de désigner en son sein quelque représentant que ce soit pour venir au ministère. »

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  • C’est parce que celle qui me rejoint le ouiquennede a dû partir tôt et que l’Omnia offrait des places via le réseau social Effe Bé que je me trouve dimanche après-midi dans la plus grande salle à demi remplie du cinéma qu’il s’agit d’inaugurer une nouvelle fois.

    La première fois, c’était le dix-huit décembre mil neuf cent cinquante-deux avec Jean Marais, Michel Simon et Micheline Presle. Cinquante-neuf ans plus tard, c’est encore avec Micheline Presle.

    Micheline Presle, pour moi, c’est surtout Le Diable au corps avec Gérard Philipe, ce film de Claude Autant-Lara (mil neuf cent quarante-sept), dans lequel lui semble physiquement plus moderne qu’elle, et aussi Les Saintes Chéries, ce feuilleton télévisé des années soixante qui me collait le cafard chaque dimanche dans la maison familiale.

    Je me souviens également avoir aimé, vu à la télévision, Beau temps mais orageux en fin de journée de Gérard Frot-Coutaz (mil neuf cent quatre-vingt-cinq), où cette actrice que l’on attend aujourd’hui à Rouen joue avec Claude Piéplu l’histoire d’un vieux couple qui se déchire. Micheline Presle fait partie des actrices qui se sont améliorées avec le temps, grâce à ses rencontres avec de jeunes réalisateurs et réalisatrices.

    Elle arrive, applaudie, au bras de Richard Patry, gestionnaire de l’Omnia, portant bien ses quatre-vingt-huit ans, suivie de Valérie Fourneyron, Députée Maire, s’assoit au premier rang, mitraillée par les appareils photo et filmée par France Trois.

    Vient le moment des discours et des cadeaux. Les pontes de l’Omnia, un historien local et Madame le Maire y vont de leurs compliments. Cette dernière lui remet la médaille de la ville de Rouen. « Je la mettrai avec mon César » promet Micheline Presle (elle ne dit pas où). Frédéric Sojcher, réalisateur belge, parle ensuite de son film HH (Hitler à Hollywood) tourné avec un appareil photo, qui nous est proposé en avant-première mais on nous montre d’abord un court-métrage assez moyen de mil neuf cent quatre-vingt-seize signé Christiane Lack (qui est là aussi), Citron amer, où l’actrice joue avec sa fille Tonie Marshall le rôle d’une vieille mère face à sa fille, puis Micheline Presle quitte la salle avec un petit salut de la main, dommage qu’on ne lui ait pas donné davantage la parole.

    Aucune idée de ce que je vais voir ensuite, de ce qu’est ce film au titre étrange, où Micheline Presle joue le rôle de Micheline Presle.

    HH (Hitler à Hollywood) est un film intéressant surtout par sa forme : le filmage à l’appareil photo, le traitement de l’image mettant en couleur l’un des personnages alors que les autres sont gris, le mélange fiction et documentaire, le recours aux images d’archives, la narration façon bédé. On y court de Bruxelles à Malte en passant par Paris, Venise, Marseille, Berlin, Londres, et j’en oublie, en compagnie de la ravissante Maria de Medeiros dans le rôle d’elle-même. Pour le fond, c’est une critique assez paranoïaque de l’envahissement des écrans européens par les films américains.

    Je ne sais si Frédéric Sojcher adhère vraiment au propos de son film ou si celui-ci n’est pour lui que le moteur de l’action. Dans la première hypothèse, ce serait un peu inquiétant. A aucun moment n’est envisagé la responsabilité du public qui préfère aller vers ce cinéma d’outre Atlantique.

    Quoi qu’il en soit, j’ai passé une bonne après-midi avec Micheline Presle et HH (Hitler à Hollywood), film belge qui ne sera sur les écrans (comme on dit) que le cinq mai deux mille onze.

    *

    Le matin de ce dimanche, avec celle qui est repartie tôt à Paris au café Le Clos Saint-Marc pour un thé, café, bavardage. Parmi les clients, trois écrivains américains : Bukowski, Ellroy et Hemingway.

    *

    Le soir de ce dimanche, un mail d’elle accablée par ce qu’elle vient de lire sur Ouiquipédia à la page Voltaire consultée pour son mémoire de philosophie, l’esprit des Lumières en plein obscurantisme :

    Il n’est permis qu’à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Chinois, les Américains, soient des races entièrement différentes… Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu’ils ne doivent point cette différence à leur climat, c’est que les nègres et les négresses, transplantés dans des pays les plus froids, y produisent toujours des animaux de leur espèce… (Essai sur les mœurs et l’esprit des nations)

    C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre. (Dictionnaire philosophique à l’article Tolérance)

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  • Grosse agitation rue de la République à l’heure où je sors de chez moi, plusieurs fourgons d’incendie toutes lances dehors, des voitures de police partout, gyrophares bleus et circulation interdite. L’appartement du premier au-dessus du restaurateur de tapis et de tapisseries est totalement détruit par le feu.

    Le piéton que je suis peut passer et rejoindre le cinéma Omnia où Jean-Emmanuel Deluxe organise ce vendredi soir une projection du documentaire de télévision Strip burlesque ou la philosophie du corset de Constance de Médina et Helena Noguerra.

    Il s’en est donné du mal, Jean-Emmanuel, pour qu’il y ait du monde et la salle est honnêtement remplie quand il arrive en compagnie d’Helena Noguerra, d’Inga La Douce (l’une des tiseuses), de Marie Chourgnoz (productrice) et d’un homme de l’Omnia qui se juge suffisamment connu pour ne pas dire qui il est quand il présente le film au micro.

    Je ne sais pas grand-chose du strip burlesque dont il est question partout depuis le film Tournée de Mathieu Amalric. J’apprends de quoi il s’agit en regardant et en écoutant les trois pratiquantes filmées dans le documentaire : Miss Anne Thropy, Juliette Dragon et Inga La Douce.

    La plus radicale des trois, c’est cette dernière. Elle se présente comme une néo féministe dénonçant le refus de la séduction des années soixante-dix, promouvant au contraire un excès de séduction, burlesque et donc grotesque. « Je suis une femme à poil et qui pense » dit-elle après la projection, revendiquant haut et fort ses quatre-vingt-quatorze kilos. Elle définit le burlesque comme le mélange du punk et de la drag queen. Il s’agit avant tout de se décomplexer, d’accepter son corps tel qu’il est. Bref, on n’est pas là pour bander mais pour dénoncer le corps hétéro normé.

    Cette Inga La Douce a le sens de la formule et répond catégoriquement à toutes les questions. Le point commun entre les anciennes féministes et les nouvelles qu’elle représente, c’est la certitude d’avoir raison. A ses côtés, calme et réfléchie, Helena Noguerra est dans le questionnement et j’aime bien ça, par exemple quand elle dit qu’en tous temps et tous lieux les humains ont eu besoin de normes physiques, citant les anciens Egyptiens ou certains peuples d’Afrique.

    Cet univers du strip burlesque n’est pas le mien, me dis-je assis au dernier rang. Je ne suis pas d’accord pour m’aimer comme je suis.

    Et je ne suis pas sûr qu’Irma la Douce et ses amies y aient réussi, sinon pourquoi se cacheraient-elles derrière le grotesque, la bouffonnerie, la franche rigolade.

    -Oui, mais il reste la question de l’âge, dit une femme à cheveux gris et à gros appareil photo assise au premier rang.

    -Mais chérie, lui répond Irma (elle appelle tout le monde chéri(e)), t’as rien compris, remettez le film pour la dame, tu t’acceptes comme tu es, que tu sois grosse ou pas, vieille ou pas.

    La dame n’est pas convaincue.

    -Mais, reprend Irma, je suis bien mieux dans ma peau à trente-cinq ans que je l’étais à vingt ans, alors ça va continuer.

    Helena Noguerra, qui en a plus de quarante, trouve que ce n’est pas la même chose qu’en avoir trente-cinq. Je suis bien de cet avis. Vieillir est une malédiction que je n’ai pas envie d’accepter.

    Soudain, l’homme de l’Omnia reprend le micro et remercie tout le monde, signifiant ainsi qu’il est temps pour ses invités de quitter les lieux, ce que je fais sans tarder. La rue de la Rép est toujours barrée. Devant l’immeuble incendié, les employés municipaux lavent la chaussée à grande eau.

    *

    Le strip burlesque se pratiquait en France dans les années trente, ai-je appris. Il s’est développé ensuite aux Etats-Unis puis est revenu en Europe depuis quelques années. Je ne trouve pas ça rassurant. En même temps, ce n’est qu’un phénomène de mode, sans doute pas loin de sa fin puisqu’il arrive à Rouen et qu’on en parle dans Télérama.

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  • Plusieurs fois que j’obtiens une place au premier rang du premier balcon à l’Opéra de Rouen (ce ne me convient guère pour cause de barre antichute qui empêche de voir) et plusieurs fois que je peux l’échanger pour mieux la veille ou le jour même à la billetterie. Ce qui n’était pas possible il y a peu l’est devenu. Les guichetières ne sont plus les mêmes et désormais souriantes et fort aimables.

    C’est ainsi que jeudi soir je suis à l’orchestre en Bé Douze pour un concert en deux temps. Le chef est Hervé Niquet qui, surpris par une chaise, entre en scène d’une façon un peu acrobatique. Il porte une longue veste de coupe aristocratique taillée dans le cuir d’un vieux fauteuil sur lequel un chat s’est fait les griffes. D’une gestuelle de volatile, il dirige la Symphonie numéro un en ré majeur de Charles Gounod que celui-ci écrivit pour se consoler de l’échec de son opéra La Nonne sanglante. C’est une œuvre vitaminée et fort applaudie.

    L’Opéra est complet ce soir. A l’entracte, impossible d’entendre quoi que ce soit tant le monde se presse contre le monde. Je retourne m’asseoir et lis la vie de Luigi Cherunini. Son amitié avec Marie-Antoinette l’oblige à fuir la Terreur en se réfugiant à la Chartreuse de Gaillon puis au Havre. Il sauve sa tête et écrit en mil huit cent seize une messe de requiem pour le roi décapité.

    L’Orchestre et son chef bien habillé sont rejoints par les choristes d’accentus, placé(e)s face à face, côté jardin les femmes, côté cour les hommes, enfin presque, la vieille dame devant moi se penche vers son mari : « Tu as vu, il y a un homme avec les femmes ». On donne donc ce vingt janvier de Luigi Cherubini la Messe de requiem pour la mort de Louis XVI. Cette messe tombe à point, nous sommes à la veille de l’anniversaire du décapitage et pour faire bonne mesure, elle sera donnée à nouveau le vingt et un par les mêmes dans la Chapelle Royale à Versailles, de quoi pour le chœur accentus mettre un peu de baume au cœur des royalistes après en avoir mis à celui des communistes quand il interprétait des chants bolcheviks.

    Cette messe de requiem est tonique et fort gaie. Elle suscite de vrais applaudissements et même quelques sifflets admiratifs venus des hauteurs. La vieille dame devant moi se penche vers son mari pour lui dire qu’elle n’aime pas ça, les sifflets. Je regrette pour ma part que personne ne crie Vive le Roi.

    *

    Dans les livrets programmes de l’Opéra, toujours les informations les plus importantes. Ce jeudi : « Hervé Niquet est Chevalier de l’Ordre National du Mérite et Officier des Arts et Lettres. »

    *

    Ouf, Louis-Ferdinand Céline l’a échappé belle, inscrit qu’il était sur la liste des célébrations nationales pour deux mille onze. Serge Klarsfeld a protesté et le neveu du Mythe Errant, pusillanime Ministre sarkoziste de la Culture, a fait le reste, ôtant son nom de la liste, lui évitant le déshonneur des honneurs officiels.

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  • Le soleil se lève dans un ciel rouge ce mercredi à Paris. Il embellit la ville et me donne envie de baguenauder, d’autant que je suis devenu quasi abstinent dans l’achat des livres et que par ailleurs je n’aurai pas le plaisir de retrouver celle qui étudie ici pour la raison que cette semaine encore elle étudie à fond.

    Je passe quand même la matinée boulevard Saint-Michel dans mes librairies préférées, déjeune rue Saint-Séverin chez mon kebabier habituel puis me mets en quête de la Maison de l’Amérique Latine, boulevard Saint-Germain, afin d’y voir l’exposition de photos intitulée Fragments latino-américains. A pied, ce n’est pas tout près, me dit l’homme qui me renseigne. Je passe devant l’église Saint-Germain-des-Prés. Elle me rappelle l’enterrement de Bashung.

    Fragments latino-américains montre, dans les sous-sols de l’hôtel particulier, les œuvres de seize photographes et vidéastes de là-bas. Celui qui m’a conduit jusqu’ici, c’est le Mexicain Manuel Alvarez Bravo, mort en deux mille deux à l’âge de cent ans. Je regarde ses photos : fragments de maison, drapés, corps féminin, sans y trouver celle que je cherche.

    Je reprends le chemin en sens inverse, m’arrête un instant devant le numéro deux cent deux où vécut et mourut Guillaume Apollinaire, traverse la Seine et entre au Centre Pompidou afin d’y boire un café à la Mezzanine. Plongée dans des lectures ardues, celle que je ne verrai pas doit être au-dessus à la Bépéhi.

    Le café bu, je me dirige vers la rue Vieille-du-Temple et entre au Centre Culturel Mexicain. Ici, l’exposition de photos a pour mauvais titre Ombre et lumière. Manuel Alvarez Bravo y a toute sa place. L’image que je cherche est là. La bonne renommée endormie montre une femme nue allongée sur une natte sous un soleil intense, les cuisses et les pieds bandés, les yeux clos, près d’elle de petits cactus sexuellement inquiétants. Elle a été réalisée en mil neuf cent trente-huit pour André Breton.

    Une reproduction de cette photo était dans la chambre de mon frère Jacques à Paris puis à La Rochelle où il mourut une nuit. Je pense qu’il l’avait achetée lors de l’exposition de mil neuf cent quatre-vingt-six au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Elle est chez moi maintenant.

    *

    Quand même quelques livres dans mon sac en rentrant de la capitale, dont le numéro de la revue Europe consacré à Boris Vian, publié en novembre/décembre deux mille neuf à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, et une élégante publication datant de deux mille quatre du Bartleby de Melville par les Editions Amsterdam, nouvellement traduit par Jérôme Vidal et illustré par Jean-Claude Götting, deux ouvrages trouvés bradés chez Gibert Jeune.

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