• Comment remplir l’Opéra de Rouen tout en jouant de la musique de chambre ? Avec du baroque bien sûr. Ce dimanche après-midi, le programme va de Telemann à Bach en passant pas les moins connus Janitsch, Graun et Graupner.

    J’ai une place en orchestre côté jardin, l’une de ces places où l’on a dans la nuque les pieds de celles et ceux qui sont en corbeille. Derrière moi, deux dames discutent avec quelqu’un de la maison de l’éventuelle construction d’un nouvel Opéra, un projet soudainement sorti du chapeau d’Alain Le Vern, Président du Conseil Régional. Après tout l’argent que la Région a dépensé pour refaire la machinerie et le plateau, ça m’étonnerait que ça se fasse, leur dit-il. Il pense que l’on se contentera de moderniser la salle actuelle.

    Elle en a besoin. Certains fauteuils sont bien déglingués. Ma voisine a sur les genoux le dos du spectateur de devant dont le dossier ploie sous le poids. Elle finit par protester. Il se lève et va s’asseoir ailleurs. De mon côté, pas de souci, j’ai devant moi une nymphette à lunettes et je vois bien le claveciniste Oriol Cruixent à l’ouvrage et Oswald Sallaberger au violon pour Die Relinge (Les Rainettes), concerto en la majeur de Georg Philipp Telemann, une pièce un peu crin crin que j’apprécie moyennement.

    En revanche, j’aime beaucoup O Haupt voll Blut und Wunden, quadro en sol mineur de Johann Gottlieb Janitsch, qui bénéficie du hautbois, très bien joué par Jérôme Laborde.

    Suit la Sonate en trio pour deux violons et basse continue de Johann Gottlieb Graun puis c’est l’entracte.

    Vin rouge, vin blanc, champagne ou cidre, c’est au choix pour qui a envie de boire. On trouve aussi des boissons non alcoolisées. C’est dire qu’il y aurait toujours une tasse de tisane ou un verre de lait pour Fabius s’il se mettait à aimer la musique non actuelle.

    Je rejoins ma place sans avoir consommé. C’est d’abord la Sonata a quattro en sol majeur de Christoph Graupner puis la Suite numéro deux en si mineur de Johann Sebastian Bach, qui bénéficie de la flûte, très bien jouée par Kouchyar Shahroudi.

    En bonus, après les chauds applaudissements, est redonnée la trop connue badinerie finale de cette Suite puis je rentre dans la nuit tombée et l’odeur de croustillon. A la Mairie de Rouen, on confond de plus en plus la fête de Noël avec une fête foraine. Sur le parvis de la Cathédrale tournent des manèges dont on ne voudrait pas pour la fête patronale de Bosc-Roger-en-Roumois.

    *

    Trouvé ça, que je ne connaissais pas, de Georges Perros : Le dimanche est ennuyeux parce qu'il est dimanche pour tout le monde. (En vue d'un éloge de la paresse)

    *

    Rouen, place de l’Etameur, un graffiti s’adresse à moi : « T’as réussi ta vie, connard ? ». Je t’en pose, moi, des questions ?

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  • Enfin Rouen a son établissement labellisé Scène de Musiques Zactuelles, le Cent Six, troisième de Normandie, après le Cargö de Caen et le Cabaret Electric du Havre et comme ici on ne manque aucune occasion d’être ridicule, cette Smac est sans alcool. Ainsi en a décidé le maître des lieux, Laurent le Fabuleux, chef d’agglo élargie. « Limonade pour le 106 » titrait narquoisement Libération, ce vingt-six novembre : « Laurent Fabius a eu une idée poilante : rétablir la prohibition. »

    L’inauguration, c’était sans moi vendredi soir avec son lot de discours de politiciens. Didier Marie, Président du Conseil Général, a voulu faire le malin en évoquant Dominique Laboubée, le défunt chanteur des Dogs, comme le raconte, dans son blog, Laure Leforestier, présente: « Et dans ce hangar 106, j’ai une pensée particulière pour le rocker rouennais David Labourée. »

    « Labourée », pour une salle où l'alcool est interdit… » commente Catherine Laboubée, sœur du chanteur des Dogs.

    Ce samedi, le bon peuple est invité à aller y voir gratuitement, ce que je fais au milieu de l’après-midi avec celle qui me tient la main, à pied parmi les manèges de la foire Saint-Romain en cours de démontage. Nous passons entre les vigiles dont l’un ressemble salement à Brice Hortefeux et entrons sous les néons animés. Sur le toit du studio de radio où officie Hache Dé Air, Bob Log III fait son chaud. J’ai déjà vu et entendu ce bonhomme en plein air. Ici c’est vite étouffant, nous préférons nous mettre au bout de la file d’attente pour grimper aux étages visiter les studios de répétition. On peut s’y amuser avec des instruments interactifs (comme on dit). Redescendus, nous faisons le tour de ce qu’on nous laisse voir. Celle qui m’accompagne n’est pas enthousiasmée par les aménagements intérieurs du bâtiment, le face à face bois et béton, les couleurs jaune et noire. « Cela fait années quatre-vingt-dix », me dit-elle. Je ne puis pas en juger mais je suis d’accord avec elle quand elle ajoute que c’est Bouchain qui aurait dû s’occuper de ça.

    Dans la petite salle, trop petite, qui s’ouvrait sur l’extérieur dans un premier projet abandonné faute d’argent, joue Mama Rosin, groupe à accordéon. C’est peut-être pas mal, mais trop de monde, on ne peut y entrer.

    Elle choisit l’extérieur pour aller fumer, refusant de se faire enfermer dans la cage vitrée non chauffée réservée aux accros de la cigarette, puis nous allons attendre la suite du programme dans la grande salle pas si grande que ça. Ses murs latéraux sont recouverts par ce qui ressemble à des clôtures de clayettes en bois, installées verticalement. Des coursives la dominent sur lesquelles passent des hommes pressés. Prenant appui contre la rampe d’accès au plateau où sont parqués les handicapé(e)s en fauteuil, nous assistons au remplissage de la salle puis à l’arrivée des Strange Boys qui font du rock à l’ancienne. On en écoute un peu puis on se replie au milk bar de Fabius où nous commandons des jus de fruits. D’enceintes sort du rap à haut volume que nous fuyons, le rafraîchissement bu, en nous réfugiant au bout du couloir qui mène aux spacieuses loges et cantine des artistes (non visitables). Elle s’assoit par terre et je m’appuie contre le mur. On discute de tout ça en attendant le prochain concert.

    Avant de retourner dans la grande salle, je passe par les toilettes, très impressionné par le mur métallique contre lequel les buveurs de bière sans alcool peuvent la pisser de concert, entre peutes, en cherchant qui a la plus grosse.

    Elle retourne fumer dehors puis me rejoint contre la rampe d’accès des handicapé(e)s. Cette fois-ci, elle s’est fait fouiller par les vigiles. « Vous ne fouillez qu’à partir d’une certaine heure, laquelle ? » leur a-t-elle demandé.

    -Une certaine heure, lui a-t-il été répondu.

    Il est bientôt vingt et une heures, la salle est presque pleine quand Lilly Wood and The Prick prennent place sur le plateau. Ça s’écoute mais c’est un peu bruyant à mon goût. Je n’aime pas cette salle. Elle est oppressante. Ses cloisons me font penser aux enclos pour les bestiaux. D’ailleurs, c’est ce que nous sommes, du bétail, debout dans nos manteaux et nos blousons, surveillés par des vigiles. La plupart jouent le jeu, répondant « Oui ! » quand Lilly crie « Ça va Rouen ? », claquant les mains au-dessus de la tête quand les musiciens leur demandent de le faire. Je propose à celle qui est dans mes bras de se tirer de là.

    On rentre à la maison boire un petit porto.

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  • Prudemment muni d’un parapluie, sous les guirlandes de Noël déjà allumées dans les rues, je gagne l’Opéra de Rouen où ce vendredi soir on joue Schumann et Escaich.

    Ma place au premier balcon est moins mauvaise que je ne l’imaginais. Je la garde dans un premier temps, n’en changeant qu’à la dernière minute pour une pas mieux située mais un peu plus loin d’un racleur de gorge. Dans la salle, ça bavarde du sujet d’actualité le plus important, les trois flocons de neige tombés dans la journée.

    Frédéric Roels, directeur, monte sur scène pour annoncer le déplacement de l’entracte puis les musicien(ne)s de l’Orchestre prennent place, parmi lesquel(le)s pas mal de nouvelles têtes, bientôt rejoint(e)s par le jeune chef Jérémie Rhorer et la violoncelliste Emmanuelle Bertrand pour le Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur de Robert Schumann. Emmanuelle Bertrand est à la hauteur de sa réputation mais ce concerto m’ennuie un peu, trop guimauve. En bonus, la violoncelliste nous offre In Memoriam, courte pièce de Pascal Amoyel, avec qui elle joue souvent en duo

    Un piano est roulé jusqu’au centre de la scène pour la Fantaisie concertante pour piano et orchestre du contemporain Thierry Escaich. Le pianiste, c’est le renommé Jonathan Bénichou. Ses doigts galopent sacrément vite sur le clavier. Jusqu’au moment où la lumière du plateau se coupe, remplacée par un éclairage de secours qui ne permet pas aux musicien(ne)s d’aller bien loin. Un technicien vient murmurer à l’oreille du chef. Celui-ci déclare que la panne est consécutive à une erreur d’appui sur le jeu d’orgue. La lumière revient quelques minutes plus tard et Jérémie Rhorer annonce à la satisfaction de tout le monde que l’œuvre étant d’un seul bloc, on reprend au début. C’est reparti pour la cavalcade (le tourneur de pages ne doit pas mollir). Cette Fantaisie concertante est bien réjouissante. Gros applaudissements, le compositeur monte sur scène pour en recevoir sa part.

    A l’entracte, du promenoir du premier balcon, je considère chacun(e) se ruant vers le bar ou vers des personnes de connaissance. Hélios Azoulay m’aperçoit, qui me demande d’en bas :

    -Ça vous a plu, Escaich ?

    Je lui fais signe que oui, beaucoup. A mon retour en salle, je constate à regret que la branlotine qui tousse sans cesse est toujours là, maudissant ces parents qui emmènent leur descendance au concert plutôt qu’aux urgences de l’Hôpital. Elle abîme, et le racleur de gorge avec elle, la Symphonie numéro quatre en ré mineur de Robert Schumann, une œuvre tout à fait à mon goût. J’applaudis bien fort, songeant à la triste fin de Schumann, se jetant dans le Rhin, sauvé par des pêcheurs, mourant deux ans plus tard à l’asile.

    *

    Jugement sans appel dans un café rouennais : « Il n’est pas méchant mais il est gentil. »

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  • A Paris, la passerelle Simone-de-Beauvoir mène à la Très Grande Bibliothèque voulue par le Mythe Errant. A Rouen, c’est la petite bibliothèque de quartier nichée dans le bâtiment de la Non Médiathèque qui porte le nom de l’écrivaine féministe.

    Ce vendredi soir, c’est l’inauguration officielle et l’entrée est libre. Ce pourquoi, sous une pluie neigeuse, protégé plus mal que bien par mon parapluie, je me hâte vers le bâtiment que l’on doit à Rudy Ricciotti et qui aurait dû abriter une Médiathèque digne d’une ville qui se prétend Capitale. Laurent Fabius, ancien Premier Ministre du Mythe Errant, et Valérie Fourneyron, Députée Maire socialiste, en ont décidé autrement.

    Si la municipalité de Rouen a choisi le nom de Simone de Beauvoir pour la bibliothèque du quartier Grammont, c’est, explique Rouen Magazine (bulletin officiel), parce que cette « figure tutélaire de la lutte pour l’émancipation de la femme, (…/…) a enseigné la philosophie au lycée Jeanne-d’Arc de mil neuf cent trente-deux à mil neuf cent trente-six. »

    Cette vie de professeur, Simone de Beauvoir l’évoque dans sa correspondance avec Nelson Algren, son amant américain, dans une lettre datée du vendredi deux janvier mil neuf cent quarante-huit où elle lui raconte comment elle a fêté l’année nouvelle :

    Au réveillon du nouvel an, bien sympathique, la vieille dame et sa petite-fille se sont enivrées de champagne ; la petite, charmante, enfantine et garçonnière bien qu’elle ait près de quinze ans et soit fort jolie, a dansé et fait des sauts périlleux. C’est troublant, une fillette de cet âge, ça sait tant de choses et en ignore tant d’autres. Si j’étais née homme, peut-être aurais-je été un grand pervers, ça doit sûrement procurer de vifs plaisirs de coucher avec des filles très jeunes et d’être aimé d’elles, mais à la vérité je les aurais vite laissées tomber,car souvent elles sont trop sottes, trop puériles et deviennent vite assommantes. Quand j’étais professeur, elles tombaient fréquemment amoureuses de moi, ce qui ne m’a pas toujours déplu, trois ou quatre fois même je me suis laissé prendre au point d’en arriver à me conduire très mal…

    Dans cette même missive, tirée du recueil titré Lettres à Nelson Algren (Folio) que j’ai lu l’été de la clavicule cassée, Simone de Beauvoir parle de son goût pour les bibliothèques :

    J’aime l’idée de fréquenter les bibliothèques comme du temps où j’étais étudiante, pour m’instruire, et réfléchir sur ce que j’apprends.

    Ce goût des bibliothèques publiques, Simone de Beauvoir le doit à sa mère qui l’a inscrite petite fille dans l’une. Elle le raconte dans les Mémoires d’une jeune fille rangée, un point commun que l’on a, elle et moi.

    J’arrive tôt et en profite pour monter par l’escalator au deuxième étage du bâtiment de Rudy Ricciotti avant l’arrivée de la foule. La bibliothèque Simone-de-Beauvoir a tout d’une bibliothèque de quartier, petite et organisée comme les autres, mobilier laid et de médiocre qualité. Elle jouxte le vaste espace, pour l’instant vide, où aurait dû se trouver la salle de lecture de la Médiathèque, bientôt dévolu au stockage des archives de la Seine-Maritime. Y sont disponibles surtout des bédés, des mangas et des dévédés (on est dans un quartier de pauvres).

    J’en visite les toilettes, minuscules malgré l’espace disponible, trop peu nombreuses et mal conçues, puis redescends au premier par les escaliers (l’escalator n’est que montant). Accoudé au garde-corps, je regarde arriver le monde dont certain(e)s habitant(e)s du coin, intimidé(e)s. Une troupe de bouffons déguisés est chargée d’animer l’attente, saluant bruyamment les arrivant(e)s et les époussetant, ce qui en dit long sur l’époque.

    Arrivent Madame le Maire de Rouen, son adjoint aux bibliothèques, le Président du Conseil Général, le Président du Conseil Régional, Monsieur le Préfet et Monsieur l’Architecte. N’arrive pas mais presque, une jeune femme qui tombe entièrement dans le plan d’eau qui longe le bâtiment (je la vois repartir dégoulinante avec son compagnon). N’arrive pas du tout, Fabius, le chef d’agglo qui voulut détruire ce bâtiment.

    C’est la série des discours, ceux des politiques dont je ne retiens rien et celui de Ricciotti apparemment improvisé mais qui reprend mot pour mot les propos tenus par lui ici même lors de la visite de chantier le trente et un mars dernier : glorification de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain votée à l’unanimité et des métiers du bâtiment non délocalisables et non piratables (il termine en tirant de sa poche le livre lu dans le train, un policier dont l’auteur, Max Obione, est rouennais et présent dans la salle et en lit une phrase qui parle d’un architecte). Bref, c’est du Rudy tout craché, charmeur et un brin démago.

    Reste à couper le ruban, ce qui se fait sans que je le voie, puis, suivis par les bouffons, les politiciens et l’architecte vont voir leur petite bibliothèque de quartier cependant que l’on se rue sur les buffets : champagne et petits fours de l’Institut National de la Boulangerie Pâtisserie. Près de moi, l’un des membres d’un trio dit qu’il ne désespère pas de voir un jour une Médiathèque dans ce lieu. Je n’en crois rien.

    Sans attendre le concert du groupe Quattrophage aux trois albums « dont un sur le label mythique Sordide Sentimental », je rentre chez moi. Ce soir, j’ai envie de lire.

    *

    Cette Non Médiathèque fonctionne, avec l’argent de la ville de Rouen et celui du département de Seine-Maritime, donc avec l’argent des mêmes et celui de l’agglo de Fabius, il aurait été possible de faire fonctionner une Médiathèque.

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  • Après une courte nuit, je prends ce mercredi matin un train pour Paris. Il s’agit d’un modèle récent, propriété de la région Haute-Normandie, avec dans les voitures colorées un coin salon et un garage à vélo, des nouveautés dues aux modes actuelles. Elles diminuent le nombre de places assises et obligent certains de ceux qui vont travailler dans la capitale à voyager debout. J’ai la chance de trouver un siège à l’étage dans l’un des carrés minuscules où l’on cogne les genoux de la personne d’en face, de quoi regretter les vieux trains Corail.

    Au Quartier Latin, je fais le tour de mes librairies préférées sans me charger beaucoup, déjeune tôt chez le kebabier puis traverse la Seine. Dans le Centre Pompidou, je me rends au café La Mezzanine et y attends celle qui étudie ici. Elle arrive bientôt, souriante et fatiguée, et me raconte ses déboires avec l’assistante sociale de son école, une mollassonne qui a oublié de prévenir les élèves des possibilités de bourses. Je connais ce genre de personnes, qui valent certaines infirmières scolaires, dont on ne voudrait pas ailleurs que dans l’Education Nationale. Après m’avoir rappelé l’exposition d’Oda Jaune chez Templon, elle me quitte pour aller s’entretenir avec un employé de banque puis retourner à son travail. Avant que nous quittions Beaubourg, je demande à l’accueil ce qu’on a fait du Pompidou de Vasarely encore il y a peu accroché au plafond. Il doit être parti au nettoyage, me dit-on.

    Je vais directement chez Templon. Oda Jaune était déjà exposée ici il y a un an et ça m’avait plu. Elle y est de retour avec Once in a Blue Moon, un ensemble d’huiles sur toiles complétées de quelques aquarelles. Qualifiée aujourd’hui de peintre d’origine bulgare, elle s’est récemment installée à Paris. Sa peinture se situe toujours entre surréalisme et expressionnisme, corps greffés et déformés, dont certains me font penser à Bacon, un mélange de douceur et de violence. Presque tout est vendu. Ma toile préférée est Wonderful. Elle montre un visage en gros plan, le regard chaviré, des doigts écartant la bouche verticale vulvaire.

    Je me rends ensuite rue Debelleyme chez Karsten Greve pour voir les images en noir et blanc de la photographe américaine Sally Mann présentées en deux salles. Dans la première sont visibles les photos retravaillées du corps nu et fatigué de son vieux mari malade. Dans la seconde, divisée en plusieurs espaces, ce sont des paysages flous qui m’indifférent sauf l’un où l’on voit surgir de la terre les os d’un cadavre décomposé depuis longtemps. Entre les deux lieux, un peu cachées dans un couloir, trois photos témoignent de l’époque où Sally Mann photographiait ses propres enfants, ce qui lui a valu plus tard d’être qualifiée de pédophile : deux photos de nu et l’une montrant sa fille une cigarette en main le regard provocant. Je sors de là en me disant que j’aime moins ce qu’elle fait maintenant que ce qu’elle faisait avant.

    Je passe ensuite chez Book-Off (sans y trouver de quoi me plaire) puis vais me nourrir un peu au Couique de Saint-Lazare. Derrière moi, une fille explique à ses amis qu’elle a retrouvé son père biologique mais que celui-ci ne veut pas la voir :

    -J’ui ai téléphoné, j’ui ai dit j’suis ta fille, ma mère c’est Samira. Quelle Samira ? y m’a dit, j’en ai eu plus d’une dans mon lit de Samira. J’y ai dit j’t’appelle pas pour te demander kekchose, j’ai un beau-père, y s’est bien occupé de moi, y m’a même pas fait d’attouchements sexuels.

    Le soir venu, attendant le train du retour, je m’attarde devant un panneau consacré à la chute des feuilles et à ses conséquences sur la circulation des trains. « La chute des feuilles provoque des ralentissements » m’apprend la Société Nationale des Chemins de Fer. Ces ralentissements sont de deux ordres : patinage et enrayage. Le patinage, je vois bien ce que c’est. L’enrayage, c’est plus compliqué et ça allonge la distance de freinage.

    Une heure et quart plus tard, je suis à Rouen, patinage et enrayage n’ayant pas fait des leurs.

    *

    Dans ce même Couique, une autre fois, une famille, père, mère et deux grands enfants, récitant le bénédicité devant leurs hambourgueurs en plastique mou, leurs frites en carton et leurs sodas à téter avec une paille. : « Bénissez, Seigneur, bénissez ce repas, ceux qui l'ont préparé et procurez du pain à ceux qui n'en ont pas.  Ainsi soit-il. »

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  • Fébrilité chez les étudiant(e)s coréanisant(e)s de l’Université de Rouen, c’est ce mardi soir la clôture de l’Agora du Cinéma Coréen : projection de Lovers vanished de Cho Chang-ho (en présence du réalisateur) suivie d’un coquetèle offert par la municipalité rouennaise.

    Il y a foule, divisée en deux rangées « avec invitation et réservation » et « avec invitation sans réservation ». Celles et ceux qui ont acheté un pass, qui ont fait le maigre public de ce festival pendant huit jours, n’ont pas eu pour la plupart l’invitation et ne sont donc pas là.

    Pour ma part, j’en ai une, obtenue de haute lutte auprès de l’Agora, et puis un soir madame Beaumont m’a inscrit, en plus, sur son petit cahier. Qui sont les présent(e)s ? Celles et ceux qui sont sur « la liste de la Mairie », liste recensant les bourges et les bourgesses de la ville, dont les politicien(ne)s de gauche et de droite, les mêmes que je côtoie aux vernissages des expositions du Musée des Beaux-Arts, se fichant de la plupart des expositions proposées comme du cinéma coréen, toutes et tous venus là par vanité sociale.

    Après une attente fatigante, nous entrons dans la salle trois, l’une des grandes salles du cinéma Pathé. La comédie bat son plein chez les invité(e)s de la Mairie (vous ici quelle surprise !) jusqu’à ce qu’arrivent les organisateurs et les huiles. Deux couples d’étudiants présentent la soirée, les garçons en tenue de ville et les filles en costume traditionnel coréen (c’est toujours sur les filles que ça tombe), et lancent le film des Bétéhesses en audiovisuel du lycée Corneille, film retraçant la première journée de l’Agora dans lequel on me voit, à mon grand désagrément, dire ce que je pense du film Arahan. Vient le moment des discours : celui de l’ambassadeur de Corée en France, celui d’un obscur conseiller municipal rouennais remplaçant à la dernière minute l’adjointe à la Culture absente, celui du Président de l’Université de Rouen, celui de Kuy-young Beaumont, puis Cho Chang-ho parle de son film, traduit par un élève, film qualifié par lui de raté.

    Raté ou pas, je me doute qu’il ne me plaira pas, n’ayant pas aimé son autre film The Peter Pan Formula. Effectivement, je ne m’intéresse pas du tout à cette histoire abracadabrantesque au romantisme adolescent qu’applaudissent servilement les invité(e)s de la Mairie de Rouen.

    Laquelle se révèle pingre, n’offrant que des jus de fruits et du crémant rosé. Je prends un verre en plastique empli de ce mauvais vin et slalome entres les présents, mangeant quelques-uns des makis coréens qu’ont fabriqués en quantité les étudiant(e)s coréanisant(e)s (nous sommes loin des délicieux mets coréens offerts autrefois au Gaumont). Je demande à plusieurs invité(e)s pourquoi il y a tant de monde ce soir alors que nous n’étions qu’entre dix et trente dans la salle lors des séances de la semaine, n’obtenant que des réponses fuyantes et gênées.

    Je suis très énervé en songeant que l’ambassadeur de Corée va rentrer à Paris en croyant le roi bien habillé alors que pendant huit jours je l’ai vu à moitié nu. Filouterie, escroquerie, supercherie, fumisterie, ces mots me tournent dans la tête quand je rentre seul dans la nuit par le quai bas désert.

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  • Après avoir, dimanche soir, sans elle repartie à Paris, vu The Peter Pan Formula de Cho Chang-ho (deux mille cinq) et ne l’avoir pas aimé, trop onirique à mon goût, « un film à voir avec son cœur » nous disait son réalisateur avant la séance (le mien est sec), je suis de retour au cinéma Pathé des Docks lundi après-midi pour assister à la suite de cette Agora du Cinéma Coréen qui occupe beaucoup de mon temps depuis une semaine ; au programme deux films : Breathless de Yang Ik-june (deux mille sept) et Taxi Blues de Choi-Ha Dong-ha (deux mille cinq).

    Breathless narre la rencontre d’un barbare traumatisé dans son enfance et d’une lycéenne vivant dans la violence familiale. Quand ils se croisent, il lui crache dessus mais elle réussit à le mater (déjà, tu y crois vachement). Pour le reste, ce ne sont que scènes de bagarre sanglantes devant des enfants qui hurlent de terreur car la brute travaille dans une officine de recouvrement de dettes à coups de poing où se fait embaucher le frère de la lycéenne sans que celle-ci le sache (ben voyons). A la fin, le frère tue le barbare à coups de marteau parce qu’il n’a pas été assez méchant avec un endetté, occupé qu’il était à songer à la fête de l’école de son neveu où il devait retrouver la lycéenne ainsi que son patron soudain devenu bon. Je suis furieux en quittant la salle d’avoir perdu deux heures dix de ma vie à voir une telle ineptie.

    Taxi Blues est un film de docu-fiction sur un chauffeur de taxi de nuit dans la tentaculaire Séoul. Ce chauffeur tente désespérément de gagner sa vie, malgré l’argent qu’il doit pour la location de son taxi et les amendes que lui colle la police, en chargeant les moins bourré(e)s et les moins dingues des noctambules. C’est un peu long mais montre bien Séoul by night.

    Personne pour présenter ces deux films aux deux dizaines de spectateurs et spectatrices, cela sent la fin de festival et c’est bien car je commence à en avoir assez. Le chemin du retour par le quai bas me semble long, plus de foire Saint-Romain pour l’agrémenter. Je mets le cap sur la Cathédrale, jouxtée depuis ce lundi de la grue nécessaire à la construction de l’immeuble qui remplacera le Palais des Congrès. Cette grue, par sa hauteur, achève de ridiculiser la grande roue municipale.

    *

    Ce film ultra violent, Breathless, contrairement aux films de l’Agora montrant des scènes sexuelles, n’est pas déconseillé aux moins de seize ans, pas même aux moins de douze ans, parce qu’il est l’allégorie de la société ultra libérale, laquelle repose sur le plaisir que tu prends à casser la gueule à autrui.

    *

    Dans un café rouennais, l’autre semaine, un bourgeois de Rouen discute avec sa fille étudiante en médecine. « Peu de place au gouvernement divin, au fait que Dieu s’occupe de nous chaque matin », regrette-t-il.

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  • Rouen est décidément une ville « qu’aimerait bien avoir l’air mais qu’a pas l’air du tout », me dis-je en contournant avec celle qui me tient la main ce qui est présenté par le quotidien Paris Normandie comme la « surprise de taille » de la troisième édition de l’opération « Rouen givrée » : une grande roue posée devant la cathédrale, dont on fixe les nacelles ce dimanche après-midi, alors que nous sommes de passage, en route pour l’Agora du Cinéma Coréen au cinéma Pathé. Cette grande roue est une moyenne roue, pour ne pas dire une petite roue, de vingt-deux mètres. Celle de Lille en fait cinquante.

    Bien en avance, nous atteignons les Docks et, confortablement installés dans l’un des canapés du Pathé, nous attendons l’ouverture de la salle huit. Le moment venu, nous en sommes tenus à la porte par l’équipe technique qui cale le film. Quatre vieux et vieilles arrivent, dont l’une me demande pardon en me poussant. Je lui réponds sèchement que la salle est fermée et qu’il est donc inutile de me bousculer. Il paraît que je ne suis pas aimable.

    Tous les films de la sélection de cette sixième Agora du Cinéma Coréen n’entrent pas dans le thème Tabou, ai-je appris d’Antoine Giard, l’un des organisateurs de l’évènement. Il en est ainsi de celui que nous venons voir : The Magicians de Song Il-gon (deux mille six). C’est le film de rappel de la cinquième édition. Il narre la réunion un soir de nouvel an dans un café isolé en forêt ouvert par l’un d’eux, des anciens membres d’un groupe de rock commémorant le suicide de leur guitariste trois ans plus tôt. Cette guitariste est elle-même présente sous forme de spectre facétieux, ainsi qu’un moine ancien champion de planche à neige venu récupérer son matériel de compétition.

    Ce qui fait l’originalité et la force de ce film d’une heure et demie, c’est qu’il a été tourné en un unique plan-séquence incluant scènes d’intérieur et d’extérieur, présent et retours en arrière, une prouesse technique un peu gâchée par une courte panne lors de la projection que nous suivons au milieu de la dernière rangée. Nous aimons tous les deux ce film de Song Il-gon (dont la musique de la bande-son est confiée non pas au rock mais au tango argentin).

    Nous rentrons sous la pleine lune par le quai bas. De l’autre côté de la Seine, la foire Saint-Romain bat son plein et on est bien content de savoir qu’on la reverra au même endroit l’an prochain. Celle qui m’accompagne me raconte ses expériences de manèges et je lui parle des miennes, plus anciennes. D’autres attractions bien secouantes sont arrivées depuis, dont l’une figure une sorte d’ascenseur extérieur allant et venant fiévreusement le long d’une colonne terminée en ogive, en quoi elle et moi voyons une préfiguration du reste de notre soirée.

    *

    Songeant à une récente pièce de théâtre et à d’autres vues précédemment, je m’interroge sur le besoin qu’ont les metteurs et metteuses en scène de faire crier, voire hurler, leurs personnages. Je rêve d’un spectacle théâtral dans lequel on parlerait comme dans la vie.

    *

    L’évitiste s’est aperçu, dès son entrée dans la vie active, qu’il ne peut changer la nature de ses interlocuteurs. (…/…) L’évitiste écarte ainsi les discussions violentes et les conflits dérisoires… écrivait Marcel Mathiot dans ses Carnets d’un vieil amoureux. J’aime cette notion d’évitisme. J’en suis depuis toujours l’adepte fervent, au sens plus vaste de contournement d’obstacle, de résistance passive, de refus de jouer le jeu.

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  • Ce vendredi, en début d’après-midi, dans la salle huit du cinéma Pathé de Rouen largement emplie de collégien(ne)s, je m’apprête à voir Une vie toute neuve d’Ounie Lecomte, film sur l’adoption, datant de cette année deux mille dix mais dont l’action se déroule en mil neuf cent soixante-quinze. L'abandon d’enfant et les blessures qu'il provoque sont des sujets encore tabous dans la société coréenne, ai-je lu sur le site de l’Agora du Cinéma Coréen.

    Trois classes au moins sont présentes dont celle d’un établissement de l’hyper centre cornaquée par un vieux professeur à moustache vêtu d’un survêtement à trois bandes. Lequel se plaint auprès d’une étudiante coréanisante de n’être pas mieux accueilli. Il veut la réalisatrice tout de suite. L’étudiante lui répond qu’elle sera là à l’issue du film. Il rouspète encore mais quand l’étudiante lui dit qu’elle fera remonter sa plainte, non non ce n’est pas la peine, se déballonne-t-il. Pendant ce temps, ses élèves, des sixièmes, s’interpellent d’une rangée à l’autre :

    -C’est quoi le beuze là ?

    -J’suis amoureuse de Noé.

    -Et toi Lucie, t’es amoureuse de qui ?

    -J’te l’dirai pas.

    -D’Arthur, j’suis sûre !

    -Hé, Clément, t’es amoureux de Julien ?

    -Ben non, j’suis pas pédé !

    Toute cette marmaille se tait quand commence le film. En général, je n’ai pas goût pour les histoires d’enfants à l’écran mais le sujet d’Une vie toute neuve me concerne.

    Ce film raconte quelques mois de la vie d’une fillette de neuf ans (très bien jouée par Kim Sae-ron) entre le moment où elle est déposée par son père (sans que l’on sache bien pourquoi) dans une maison d’enfants catholique et celui où elle prend l’avion pour Paris afin d’y être adoptée par une famille française, une période faite de solitude, de désespoir puis de complicité avec l’une de ses semblables (complicité brisée lorsque cette nouvelle amie réussit à se faire adopter avant elle).

    Je me revois, avec celle qui était ma femme, prendre, il y a presque trente ans, un avion pour Israël. A l’aéroport de Lod, celle qui allait devenir notre fille nous attendait entre deux religieuses d’une maison d’enfants catholique de Jérusalem.

    Dans le film d’Ounie Lecomte, les futurs parents font leur choix parmi les enfants. Je n’ai heureusement pas connu cela (ma fille était l’unique enfant adoptable). En revanche, comme dans cette histoire coréenne, il y avait là-bas des petites filles désirant ardemment se faire adopter. Je me souviens de l’une d’elles nous harcelant :

    -Pourquoi vous la prenez elle, et pas moi ?

    « C’est émouvant » commente l’une des élèves de sixième assise devant moi à la fin d’Une vie toute neuve. La majorité des scolaires quittent la salle alors que le générique défile encore et qu’Ounie Lecomte entre un micro en main. Reste la classe du prof grincheux dont les élèves posent à la réalisatrice quelques questions pertinentes, sur la tentation du suicide, sur sa vie à elle comparée à celle de la petite fille de son film (en grande partie autobiographique, raison pour laquelle elle parle si bien le français et plus le coréen).

    Le professeur se plaint à nouveau de l’accueil. Je devine qu’Ounie Lecomte lui répond que ce n’est pas à elle qu’il faut dire ça. Cette mentalité de consommateur me hérisse. Il y a parmi les enseignant(e)s tant d’insupportables. Quelle chance de ne plus en être, me dis-je en le regardant s’éloigner suivi de son rang dans le long couloir de sortie.

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  • Je l’échappe belle en longeant la Seine jeudi après-midi en direction du cinéma Pathé, une bande de mouettes me survole, qui chient à qui mieux mieux, maculant les quais de taches blanches, m’épargnant heureusement. Propre sur moi, je me présente au guichet de l’Agora du Cinéma Coréen où l’on me donne trois entrées pour les trois films à venir, trois sujets Tabou.

    Trop jeunes pour mourir de Park Jin-pyo (deux mille deux) est déconseillé aux moins de seize ans. On y montre explicitement qu’à soixante-quinze ans en Corée (comme ailleurs), on n’est pas forcément des retraités du sexe et de la vie en général. C’est un film un peu maladroit entre la fiction et le documentaire, que je trouve intéressant et qui est raccord (comme au dit au cinéma) avec ma lecture d’entre deux films : les Carnets d’un vieil amoureux de Marcel Mathiot (lui a quatre-vingt dix ans et ça marche fort).

    Road Movie de Kim In-shik (deux mille deux) est pour tout public et raconte l’errance de deux sans-abri (un ancien traideur quitté par sa femme et un alpiniste homosexuel tombé de sa montagne). On s’y sodomise à peine et on y échappe à tellement de morts possibles que très vite mon intérêt se relâche. Comment croire à une histoire dont l’un des personnages devrait être mort depuis longtemps. Un incident vient relancer mon attention. Le dévédé coince vers la fin au dam des étudiant(e)s qui se précipitent dans la cabine de projection. Pas moyen de le remettre sur la route. Ce Road Movie se termine en impasse, ce qui amène, un peu plus tard, Kyu-young Beaumont à faire un plaidoyer pour ses étudiant(e)s qui travaillent pendant de longs mois notamment à l’élaboration des sous-titrages et qui n’y sont pour rien, la faute à Pathé.

    Fantasmes de Jang Sun-woo (mil neuf cent quatre-vingt-dix neuf) est interdit aux moins de seize ans. On y voit une lycéenne se faire dépuceler à sa demande par un sculpteur quadragénaire (premier trou, deuxième, trou, troisième trou) puis leurs rencontres successives qui laissent de plus en plus de traces cuisantes sur leurs corps, celui d’elle d’abord, celui de lui ensuite, jusqu’à l’envol de la demoiselle ayant un peu grandi. C’est un film à la construction intéressante. Kyu-young Beaumont apparaît pendant le générique de fin et nous dit qu’il ne faut pas compter sur elle pour le commenter. Elle n’a pas pu le voir en entier parce qu’on y trouve des choses dégoûtantes. En revanche, elle a dans son sac une bouteille de soju, cet alcool coréen qui titre dans les vingt degrés, qu’elle nous invite à boire avec elle, Ce que nous faisons dans l’interminable couloir du cinéma Pathé, mangeant aussi quelques makis, puis elle inscrit sur un petit cahier les noms de celles et ceux qui veulent participer à la soirée de clôture.

    Il est presque minuit quand je rentre par les quais en compagnie d’un que je croise souvent et d’une amie à lui. Nous nous séparons en bas du boulevard des Belges et je continue par les rues du centre de la ville. Place Jacques-Lelieur, je découvre un billet de vingt euros. Cet objet trouvé sera pour celle qui travaille dur à Paris pendant que je vais au cinéma et que l’économie européenne avance doucement vers ce qui sera peut-être une catastrophe.

    *

    Point de blocage de la ville par les camions des forains de la Saint-Romain, il aura suffit cette fois d’une petite manifestation pédestre pour que Madame le Maire de Rouen renonce à son projet d’exiler la fête sur la presqu’île de Waddington.

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