• Rue de la Harpe, ce mercredi midi pour un déjeuner sans surprise, c’est le même menu au même prix dans quasiment toute la rue, toute l’année, dix euros, j’opte pour l’un où je suis déjà connu et où un verre d’apéritif est offert. A ma droite est bientôt installé un couple de quinquagénaires unis pour la vie et pour le travail. Plutôt que parler de la vie, ils évoquent le travail, surtout elle. Lui écoute, comme font toujours les hommes à partir d’un certain âge :

    -Je lui ai dit à Régine que j’étais pas d’accord.

    Deux femmes s’assoient à ma gauche. L’une a aussi dans les cinquante ans, l’autre dans la trentaine. Elles sont contentes de se retrouver. La plus vieille félicite la plus jeune de son haut à poils longs.

    -C’est un cadeau de ma belle-mère.

    Cette femme est enceinte du troisième et a du souci avec les aînés, surtout l’un qu’elle doit mettre au coin, il n’y a que ça qui marche, peut-être parce que ça l’humilie, et espérons qu’il aille bientôt au pot parce que c’est ça l’examen pour entrer à la maternelle.

    Elle connaît l’attaché parlementaire du Maire de Marseille, tu sais bien, comment il s’appelle déjà ?

    -Gaudin, c’est génial ! s’exclame la quinqua.

    Elle connaît aussi quelqu’un qui a un chauffeur mais a su rester simple ou bien c’est le même et un autre à Dreux qui fait partie des veilleurs, quelqu’un qui pense bien, au premier rang des manifestants contre le mariage gay. Brusquement, elle revient à son futur descendant.

    -François-Xavier est content ? demande l’autre.

    -Oui très, et on a trouvé une dame qui viendra m’aider le matin, pour lever les enfants, les préparer, les faire déjeuner, enfin si elle ne me laisse pas tomber.

    -C’est génial !

    Tout cela dans un restaurant dont le personnel pourrait bénéficier de la nouvelle loi sur le mariage, au mur une photo dédicacée de Michou.

    *

    Sorti de Beaubourg, rejoignant la station Châtelet, quelle n’est pas ma surprise (comme on dit) de voir une nouvelle librairie Mona Lisait ouverte, celle de la Fontaine des Innocents. M’approchant, je constate qu’elle a changé de raison sociale. La maison Boulinier a repris les locaux mais non le stock. Même chose pour celle de Bonne Nouvelle, apprends-je. Sur la place quantité de livres marqués « Tout-venant » attendent l’acheteur, cinquante centimes pièce, beaucoup de daube évidemment. De son côté, Joseph Gibert a installé une nouvelle librairie dans l’ancien Virgin de Barbès. Ça en fait des livres d’occasion. Reste à espérer suffisamment de volontaires pour continuer à acheter des neufs.

    *

    Le soir, gare Saint-Lazare, je demande à l’accueil où l’on traite les objets trouvés.

    -C’est ici, me répond une jeune cheminote. Qu’est-ce que vous avez perdu et quand ?

    -Un parapluie, ce matin.

    -Ah non, on n’en a pas eu. En général, on ne nous les ramène pas les parapluies.

    -C’est-à-dire ?

    -Les gens qui les trouvent les gardent pour eux.

    -C’est bien ce que j’avais compris.

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  • Rouen sous la pluie à six heures vingt du matin, nul autre bruit que le chant d’un merle aussi seul que moi.

    *

    Au Café du Faubourg, lisant Libération avant l’ouverture du Book-Off de la Bastille j’apprends que la future Maire de Nantes a trente-quatre ans et que le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est le caillou dans sa chaussure.

    *

    Je savais que l’étage consacré à l’Art Moderne au Centre Pompidou bénéficie d’un nouvel accrochage aussi vais-je y voir ce mercredi en début d’après-midi après une matinée un peu dans le cirage, oubliant de composter mon billet et mon parapluie dans le train (ce qui me trouble car il me venait de celle qui lutte contre le froid et la neige à New York).

    Cela s’appelle Modernités plurielles de 1905 à 1970. Les premières salles sont consacrées aux artistes, surtout peintres, d’Amérique Latine, dont les noms me sont pour la plupart inconnus. Beaucoup de tableaux me laissent indifférents. J’en range d’autres dans la catégorie des croûtes. Il en est de même pour les œuvres des artistes de tous les coins du monde par où je passe. La dernière salle est celle de l’Afrique, un hasard sans doute. J’y arrive fatigué.

    M’étonnant que les couloirs séparant les salles soient bloqués en leur extrémité, je demande pourquoi à l’un des gardiens.

    -C’est la Conservatrice qui a voulu ça pour faire une sorte de parcours obligé.

    -Obligatoire même, lui dis-je.

    -C’est vrai qu’avant on pouvait circuler comme on voulait.

    -Oui, avant, quand on était libre.

    Outre ce chemin balisé d’où on ne peut s’échapper, les œuvres, souvent présentées les unes au-dessus des autres, à l’ancienne, ce qui fait pléthore, des murs et des murs de fac-similés de revues d’art du monde entier et les bancs du vaste couloir latéral remplacés par des tables encombrées de catalogues et d’écrans contribuent à l’impression d’étouffement. Vagabonder, baguenauder, respirer, c’est ailleurs dans le vrai monde pluriel que je vais le faire.

    Je sais maintenant que l’étage consacré à l’Art Moderne au Centre Pompidou est victime d’un nouvel accrochage.

    *

    Quand même un mur de Tamara de Lempicka dont La Communiante et Jeune fille en vert et ceci : « Klaxon n’est pas futuriste, Klaxon est klaxoniste. » (revue de Sao Paulo, mil neuf cent vingt-deux)

    *

    Une enseignante initiant ses malheureux élèves à l’art :

    -La ligne qui sépare le ciel de la terre, comment ça s’appelle ? La ligne doooo…

    Je ne sais pas moi, doryphore peut-être.

    *

    Un couple dans le même état que moi :

    Lui : Oui, il y a de belles choses mais elles sont noyées parmi les horreurs.

    Elle : C’est comme la vie.

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  • Un drôle de livre que ce Passe-Temps de Paul Léautaud dont j’ai maintenant un exemplaire de l’édition originale parue en vingt-neuf du siècle précédent au Mercure de France dont Léautaud était par ailleurs l’employé, un assemblage de textes disparates qui ont fait volume à la demande d’Alfred Vallette, directeur de la maison, qui n’en pouvait plus d’attendre un texte plus consistant de son auteur procrastinateur, lequel l’a couronné d’un titre à sa manière faussement désinvolte.

    La dernière partie est intitulée Mots, propos et anecdotes. C’est un fourre-tout à l’intérieur d’un fourre-tout. Léautaud y parle de lui à la troisième personne en se cachant derrière son initiale.

    Ces mots, ces propos et ces anecdotes ont pour beaucoup perdu de leur audace ou de leur originalité, mais à la relecture j’en élis quelques-uns :

    « Bête comme un héros de Corneille. » C’est une bonne définition de la bêtise.

    La femme d’un écrivain connu est fort laide. « On comprend qu’il ait écrit Le Désespéré », dit L… la première fois qu’il l’a vit.

    Une phrase des Goncourt dans Les Frères Zemgano : « Silencieuse, muette, elle ne disait pas un mot à son pauvre mari. » On ne s’étonne plus si on faisait alors des livres aussi gros.

    J’ai des lettres de Louis Pergaud qu‘il m’écrivait du « front ». Il était aux anges. «  Je ne donnerais pas ma place pour je ne sais quoi. On tire du « Boche » comme du lapin. » On n’a pas revu le pauvre Pergaud. Il a reçu la monnaie de sa pièce.

    On voit cela quand on a bien réfléchi à l’art d’écrire : les métaphores, les images, les phrases cadencées, les épithètes rares, sont de pures niaiseries.

    On me trouve immoral, subversif, sans respect : je n’exprime pas le quart, sur toutes choses, de ce que je pense.

    Le véritable écrivain est celui qui prend uniquement dans la vie la matière de ses écrits. Les gens qui font des livres avec des livres sont néant.

    et ceci :

    Il vous vient quelquefois un dégoût d’écrire en songeant à la quantité d’ânes par lesquels on risque d’être lu.

    que j’ai déjà cité dans une réécriture personnelle :  « On écrirait moins si on savait par quel genre d’imbéciles on risque d’être lu. »

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  • J’ai déjà évoqué le Docteur Martin, Ernest pour les intimes, et raconté ce que je lui dois personnellement. J’y reviens puisqu’il est mort, nouvelle qui m’attriste fort.

    Devenu Maire de Louviers sans l’avoir voulu en mil neuf cent soixante-cinq (la Gauche en péril était allé le chercher entre les deux tours), il le restera jusqu’en soixante-neuf. J’étais au lycée à la fin de cette période. Mon meilleur copain était le fils d’un de ses Adjoints, Louis Vallée, qui me prenait au bout de la route de Pacy pour m’emmener en cours chaque jour et même chose au retour. Dans la voiture, nous parlions de la politique locale, de ce nommé Martin, médecin, qui un jour où j’étais cloué au lit, et aucun autre médecin joignable, fut appelé par mes parents, n’arrivant qu’à onze heures du soir. Le Diable lui-même n’aurait pas fait plus forte impression sur ma famille, n’avait-il pas en Mai Soixante-Huit fait débrayer toutes les usines, allant de l’une à l’autre à la tête d’un imposant cortège, vêtu de noire anarchie et ceint de son écharpe tricolore.

    L’élection suivante lui fut fatale. La revanche vint en mil neuf cent soixante-dix-sept où fut gagnante le liste du Comité d’Action de Gauche, le Cag, qui tenait ses réunions au Chalet, rue Guy-de-Maupassant (ce chalet, où je ne suis allé qu’une fois, appartenait au Docteur qui y organisait autrefois des réunions du genre alcooliques anonymes, il brûlera plus tard). Dans ce Cag arrivé aux commandes de la ville, on trouvait tout ce qui faisait la Gauche alternative et autogestionnaire des années soixante-dix, de la Céheffedété au Péhessu en passant par des membres de la communauté anarchiste L’En-Dehors cachée dans la forêt de Saint-Lubin, ainsi que des rattachés à rien. Cette fois, Ernest Martin était le Premier Adjoint d’Henri Fromentin, l’imprimeur, ancien Résistant. Rien de plus dissemblable que ce duo : Martin aux cheveux longs mal peignés, Fromentin à la stricte brosse déjà blanchissante. Il était question de « rendre le pouvoir aux citoyens » comme l’avaient promis pendant la campagne électorale les murs couverts d’affiches sérigraphiées. Ce doit être à cette époque que la Quatre Ailes d’Ernest fut couverte de graffitis injurieux qu’il ne fit pas effacer tout de suite.

    J’étais alors de retour à Louviers après les études à l’Ecole Normale d’Evreux et quelques années d’instituteur en campagne profonde. Habitant rue de l’Hôtel de Ville, à deux pas de la Mairie donc, j’ai assisté quelquefois aux réunions plénières organisées la veille des Conseils Municipaux. Tout un chacun pouvait prendre la parole, mais je m’y emmerdais, la gestion d’une ville ne m’intéressant absolument pas. Je fréquentais davantage le Service Information où officiait l’une des sept enfants d’Ernest, Isabelle, que j’aimais bien, et bien sûr assistais aux nombreux concerts gratuits.

    Aujourd’hui, c’en est fait de l’autogestion. La Céheffedété est maintenant un syndicat toujours prêt à faire plaisir aux patrons, le Péhessu a disparu depuis longtemps, lorsque je tape sur Gougueule Saint-Lubin (L’En-Dehors) je trouve pour seule réponse « Conseil pour les affaires et la gestion » et Franck Martin, fils d’Ernest, dirige Louviers de main de maître.

    *

    Quel étonnement d’apprendre qu’Ernest Martin, bientôt quatre-vingt-cinq ans, est mort à la Mapa, rue Saint-Jean, cette Maison de Retraite où est mort mon père qui s’y était volontairement replié, ce lieu mortifère d’où à chaque visite je repartais totalement déprimé.

    L’imaginer là, lui cet homme si vivant et indépendant, dans une chambre ressemblant à celle de ces hôtels bas de gamme de zone commerciale, dans ces couloirs où est diffusée en permanence une radio dévidant des chansons niaises, dans ce réfectoire plein de vieilles et de vieux dont certain(e)s délirent en permanence.

    *

    Que serais-je devenu si le Docteur Martin ne m’avait pas fait le certificat de complaisance qui m’a permis d’être exempté à vingt-trois ans du service militaire obligatoire, si j’avais dû supporter les deux ans de prison auxquels étaient condamnés les insoumis dont je devais faire partie et perdu mon travail d’enseignant, je me le demande.

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  • Objectif Louviers (ville natale) ce samedi après-midi afin d’être au vernissage de l’exposition de Pierre Buraglio Echos de 14/18 (Son enfance, sa Normandie) au Musée. Je me gare à proximité, près d’un nouveau et imposant bâtiment à l’architecture typique des lieux de pouvoir qui a pris place sur les ruines du garage Renault. S’y caseront bientôt les membres de l’agglomération de communes. Des ouvriers s’emploient aux finitions de l’entrée.

    Les cafés de la place Thorel sont fermés. Je descends jusqu’à l’église Notre-Dame et trouve place au Café du Parvis qui je fréquentais lorsque j’étais lycéen. Tout est refait à l’intérieur, sauf la clientèle. Sur la vitre latérale, une affiche invite au concert du Nouvel An qui n’aura lieu que le premier février au Grand Forum (avec un orchestre à cordes et l’Harmonie municipale), une autre annonce une soirée « Au théâtre ce soir » à la Médiathèque Boris-Vian où le club des lecteurs présentera Les Exquis Mots. Passent une voiture bleue de la Gendarmerie et l’Agglo[bus] rouge qui va de Maison Rouge à la Gare par la Zone d’Activités. Je n’envie pas celles et ceux qui vivent ici en deux mille quatorze.

    Mon café bu, je rejoins le Musée, lieu d’exception, afin d’y voir l’exposition avant l’arrivée de la foule. En mil neuf cent soixante-sept, Buraglio, proche du mouvement Supports/Surfaces, définissait sa peinture par trois refus : ceux de figurer, de signifier et d'exprimer, et un impératif : subvertir. Il a un peu oublié la radicalité de sa jeunesse. Ici, ses œuvres sont réparties en trois salles ; dans la première, celles faites pour l’Historial de la Grande Guerre de Péronne en deux mille onze, représentant, au fusain, à la gouache ou au pastel, sur du matériel de récupération (bois, calque, etc.), des objets abandonnés sur les champs de bataille des deux camps ; dans la deuxième, celles évoquant la guerre suivante qu’il a connu petit enfant et au travers de son père architecte de la reconstruction dans le Cotentin (en complément : trois sculptures en bois massif réalisées par des malades mentaux propriétés de l’artiste, Camion de Gérard Montané et Aéroplane et Arme automatique à deux canons de Raphaël Gavira) ; enfin, à l’étage, des œuvres de diverses époques évoquant la Normandie.

    Le monde arrive. Je reconnais certaines têtes vieillies qui ne semblent pas reconnaître la mienne, dont celle de ma prof d’anglais de sixième. Le vieillissement est un désastre qui vaut celui de la guerre, en plus durable. Avec un retard important sur l’heure indiquée, est lu par un trio un long, trop long extrait du dernier Prix Goncourt Au revoir là-haut de Pierre Lemaître, un exemple de mauvaise littérature, à effets et à pathos, aux antipodes de la sobriété des œuvres de Buraglio (qui doit penser beaucoup mais ne dit mot). La parole, c’est Denis Laheye, Adjoint à la Culture, qui la prend en indiquant que ce n’était pas prévu mais « Franck Martin n’est pas là, il ne viendra pas, son père est décédé ce matin ».

    Ça, c’est une nouvelle qui m’attriste, qu’Ernest Martin, l’ancien Maire autogestionnaire, soit mort. Denis Laheye, qui le connaissait depuis aussi longtemps que moi et dont je fus proche, du temps où nous vivions ensemble, si je puis dire, lui, moi et d’autres, en pseudo communauté aux Grands-Baux, commune des Baux-Sainte-Croix, et qui a bien changé depuis, l’évoque avec émotion mais en s’attardant surtout sur ses activités de médecin.

    Suivent Michel Natier, Directeur du Musée, puis Pierre Buraglio, bientôt soixante-quinze ans, au discours un peu brouillon, passant par Sur la route de Louviers et finissant par une citation de Pierre Mendès-France, autre ancien Maire de la ville, qui déclarait au Tribunal de Riom en mil neuf cent quarante et un « Je suis juif, je suis franc-maçon et je ne suis pas déserteur. Et maintenant, que le procès commence. »

    Il est temps de boire un verre de champagne et déguster quelques petits fours. Personne autour de moi ne parle de celui qui vient de mourir.

    *

    Sur l’une des œuvres exposées dans la salle Deuxième Guerre Mondiale, cette inscription manuscrite, peut-être tirée des carnets de prisonnier du père de l’artiste, ou bien venue d’ailleurs : « Ce n’est que plus tard que je constatai que les grenades allemandes ressemblaient aux bites des ânes. »

    *

    De Pierre Buraglio, j’avais déjà croisé le chemin le mercredi vingt-trois avril deux mille huit à Paris, avec celle qui me tenait alors la main et qui marche aujourd’hui dans la neige à New York.

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  • Il pleut comme depuis au moins trois jours ce samedi matin à l’heure où je fais le tour d’un marché clairsemé place Saint-Marc. Vendeurs comme acheteurs ont la tête des mauvais jours. Rien d’autre à en tirer qu’un « C’est calme » entendu plusieurs fois et encore à la boulangerie où j’achète une demi baguette.

    -Et avec ceci ?

    -C’est tout.

    *

    Il ne se passe pas grand-chose dans cette ville en ce moment ou bien je ne suis pas au bon endroit. Je dois manquer des choses, comme hier soir la pièce de théâtre intitulée « Conseil municipal de Rouen » avec la participation de la troupe des commerçants en colère. C’est la deuxième fois que ce spectacle était donné, la dernière avant les élections municipales.

    *

    Pour ces élections, les Ecolos Citoyens auront une liste et ont déjà un programme, dont le point fort est la transformation de l’île Lacroix en écoquartier, mais pas de quoi m’inquiéter. Comme ils rallieront la liste de Robert (Maire) au deuxième tour, lequel, s’il est réélu, se contentera de planter des arbres, ma petite voiture continuera à y trouver place de parquigne.

    *

    Les meilleurs comiques restent les Communistes. Après avoir fait voter leurs militants, qui s’étaient prononcés à soixante-dix-sept pour cent et demi pour une liste « de large rassemblement soutenue par les partis et organisations membres du Front de Gauche », les voilà qui décident (comme je l’avais prévu) de faire liste commune avec le Socialiste Robert que n’aiment pas les commerçants.

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  • Valérie Mréjen, je connais bien sa littérature, combien délectable, mais qu’en est-il de ses travaux de plasticienne et de vidéaste ? Je vais voir ça, profitant ce jeudi soir du vernissage d’une exposition d’icelle intitulée Meilleur Souvenir à l’Espace 180, petite annexe de l’Ecole Supérieure d'Art et Design Le Havre-Rouen (anciennement Ecole des Beaux-Arts) située rue Martainville.

    Il y a déjà pas mal de monde lorsque je m’y pointe à dix-huit heures trente. Beaucoup sont dehors à fumer, boire et discuter comme d’habitude. Dans la salle, de vieilles télés à tube cathodique posées sur des tables d’école diffusent des vidéos de l’artiste que l’on peut regarder en s’asseyant sur des bancs. Au mur sont fichées à angle droit des cartes postales porteuses au dos d’un message brouillé. N’ayant pas envie de débrouiller cette affaire, ni de m’asseoir sur un banc pour regarder la télé comme un veau, je ressors.

    Une plateau sur tréteaux est installé dans l’entrée de l’aître Saint-Maclou, couvert de manger bien amélioré par rapport aux chips habituelles : plateaux de charcuterie et de fromages, pains spéciaux. Pensant que le vin a lui aussi gagné en qualité, je demande un verre de sancerre. C’est du rouge et hélas, il est aussi mauvais que par le passé. Quelques quinze minutes après en être parti, je suis de retour chez moi.

    *

    Dans ma bibliothèque Mon grand-père, L’Agrume, Eau sauvage, publiés chez Allia, trois textes autobiographiques de Valérie Mréjen dont le nom rime avec écrivaine et qui pourrait s’en tenir à ça.

    *

    Certes je l’avais déjà, mais un Passe-Temps de Léautaud à six euros cinquante, édition de mil neuf cent vingt-neuf, en vitrine ce matin au Rêve de l’Escalier, cela ne se refuse pas, ne serait-ce que pour faire mentir l’adage en couverture : « Les bons livres ne se vendent pas ».

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  • Jamais connu une semaine aussi familiale que la présente, invité à déjeuner mardi chez ma sœur et mercredi chez ma fille, avec pour ce deuxième repas un trajet automobile sur des routes mouillées et encombrées de camions, exercice fatigant et dangereux. Ne pourrait-on pas l’hiver supprimer l’espace entre les villes ?

    Je n’entre pas dans le détail. Simplement noter qu’une nouvelle fois je constate qu’un(e) enfant, en l’occurrence ma petite-fille, ça ne commence à devenir intéressant qu’à partir de trois ans et quelques mois.

    Ce fut donc un mercredi sans Paris, où d’ailleurs il pleuvait autant qu’en Normandie et d’où j’aurais peut-être eu du mal à revenir, les trains vers Rouen circulant mal suite à l’agression d’un conducteur par un fumeur à qui il avait demandé d’éteindre sa cigarette.

    *

    Je m'étonnais de ne pas avoir entendu parler de cette missive de Hollande sur le vote des étrangers que j’évoquais hier. L’un de mes fidèles lecteurs m’apprend qu’il s’agit d’une mystification, un hoax comme on dit en anglais. Cela ne change malheureusement rien au fait qu'elle existe et circule, et ailleurs qu’à l'extrême droite.

    *

    L’autre semaine se déroulait le Festival Télérama (places de cinéma à trois euros pour les possesseurs du pass idoine). Il était ordinairement suivi de la même offre financée par le Conseil Général de Seine-Maritime. Cette année, que dalle.

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  • Quelqu’une qui m’est proche vient de recevoir ça dans sa boîte mail :

                « Voici la fameuse enveloppe :

                Elle arrive, lourde de conséquences, à vous de décider !!!

                Ne pas dire après, je ne savais pas !!!

                Bonjour à toutes et tous,

              Vous allez recevoir une lettre de François Hollande pour vous expliquer l'avantage du vote des étrangers ...

                Tout ce cirque, pour obtenir à un moment donné la majorité des 3/5 ème au Sénat et confirmer la loi sur le droit de vote aux étrangers sans passer par un référendum qui serait lui, un succès écrasant de rejet !!!

              Personne en France ne veut de cette loi, sauf l’ensemble des journaleux et bobos collabos, déconnectés et bien-pensants vendus aux vertus bienfaisantes du vert étendard !!!!!.....

                 S’il vous plait, respectez cette consigne !!!

                 Merci de prendre quelques secondes pour transmettre à tous vos contacts.

                 La lettre de François HOLLANDE arrivera prochainement dans nos boîtes.

               Cette lettre doit être renvoyée sans l'ouvrir ; 16 860 685 enveloppes, qui lui reviennent, ça fait désordre !

                 La procédure est simple : Retour à l'expéditeur Ne pas ouvrir le courrier
               Inscrire en toutes lettres : RETOUR à L'EXPEDITEUR / Déposez votre lettre, sans affranchissement supplémentaire, à la poste qui se chargera de la retourner à l'envoyeur
                Pour un franc succès, faites passer le message autour de vous, par téléphone, e-mail, internet, etc.

                Inutile de motiver votre renvoi, Il comprendra ....

                Faites suivre Si vous voulez sauver la France, et continuer à y vivre !!! »

    Le propagateur de ce délire nauséabond à triple point d’exclamation n’est pas de l’extrême droite, mais de la bonne droite classique. Celle qui en a été la réceptrice lui a vertement répondu, au risque de se compliquer la vie, étant obligée de le côtoyer et d’une certaine façon son obligée.

    *

    Les Pieds sur terre de France Culture sont cette semaine de retour dans les villes qui furent gérées par le F-Haine. De quoi rafraîchir la mémoire. Ainsi à Vitrolles, la première décision fut de changer le nom de certaines rues : l’avenue Jean-Marie-Tjibaou devenue avenue Jean-Pierre-Strirbois (un F-Haine mort dans un attentat non élucidé), l’avenue Salvador-Allende devenue avenue Mère-Teresa, la place Nelson-Mandela devenue place de Provence. Deuxième décision : virer un certain nombre de livres et de journaux des bibliothèques.

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  • Etre propriétaire et ne pas faire de travaux dans son logement, c’était ma pratique (ou mon absence de pratique) du temps que je l’étais. Ce n’est pas celle de mon voisinage actuel.

    Depuis une semaine, je suis pris en sandouiche entre la voisine qui refait sa salle de bains et celle qui refait sa cuisine. Ce n’est pas trop désagréable, le bruit est tolérable et que ces deux entrepreneuses aient décidé sans se connaître de faire effectuer leurs travaux en même temps permet de diminuer la gêne dans la durée.

    Refaire sa salle de bains, c’est le plus souvent remplacer une baignoire par une douche. Quant à la cuisine, c’est mettre ce lieu de labeur domestique au goût du jour. J’ai entendu autrefois sur France Culture un sociologue expliquer que, statistiquement, quand un couple envisageait de refaire la cuisine, la séparation n’était pas loin. Point de danger pour ma voisine, elle est célibataire. Celle de la salle de bains itou.

    *

    Lecture d’un recueil de nouvelles de Pierre Mac Orlan Chronique des jours désespérés (Folio), le genre de livre que je ne regrette pas d’avoir lu juste pour deux phrases. C’est dans Sur la route :

    A la nuit, tous deux rentrèrent et l’on se mit à table. Le père ne disait rien, le fils regardait au fond de son assiette où était peint un coq jaune unijambiste.

    *

    Aurai-je un jour l’honneur de recevoir dans ma maison de rendez-vous ce jeune monsieur d’à peine vingt-cinq ans que fascinait une jeune proie consentante d’à peine douze ans ? Une petite fille avec toute sa panoplie, le chandail bleu, la jupe écossaise assez courte pour découvrir l’inévitable slip blanc de la marque Petit Bateau, les bas blancs et les yeux cernés. Chacun semblait se contempler ou contempler son plaisir, avec une immédiate complicité. écrivait Jean Chalon, connu pour ses biographies de femmes célèbres et ancien journaliste au Figaro, dans le volume de la collection Idée Fixe de chez Julliard consacré à la sienne : Ouvrir une maison de rendez-vous, livre publié en mil neuf cent soixante-quatorze, à mettre au nombre de ceux contenant une scène qui le ferait aujourd’hui condamné pour pédophilie.

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