• Daniel Grojnowski est allé fouiner dans les dossiers de la Préfecture de Police de Paris. Il y a pêché celui d’Eugénie Guillou, religieuse et putain, et l’a publié sous ce titre en avril deux mille treize aux Editions Pauvert (qui n’ont plus rien à voir avec Jean-Jacques). Buvant un café verre d’eau au Socrate, je l’étudie à mon tour.

    Eugénie entre à dix-neuf ans comme novice chez les sœurs de Sion où elle prend le nom de Marie-Zénaïde. Pour une cause indéterminée, elle se voit interdire de prononcer ses vœux. Elle quitte le couvent, disparaît pendant un certain nombre d’années et reparaît par le biais de petites annonces où elle propose à qui veut, moyennant finance, de la fouetter ou fesser.

    Elle y renonce assez vite car ça fait trop mal : ce jeune Monsieur que j’ai vu chez vous m’a fait des marques qui ont duré longtemps, et tous y vont trop brutalement. Elle décide alors de ne plus payer de sa personne, de fouetter à son tour, habillée en religieuse, et s’adjoint quelques aides, présentées comme mineures, d’où l’intérêt que la Police bientôt lui porte :

    La nommée Guillou de Launay a fait connaissance d’une jeune fille âgée de vingt et un ans, soi-disant, mais qui habillée en jupe courte n’en paraît pas plus de quatorze ans. De plus, elle a rencontré l’abbé Bouteyre, à eux trois ils font des scènes de proxénétisme dans lesquelles on fouette la petite fille. (rapport du trois octobre mil neuf cent deux, signé de l’inspecteur adjoint Pages) 

    Un indicateur va voir de quoi il retourne en décembre de la même année. Se faisant passer pour un potentiel client, il fait parler Eugénie :

    Eh bien voici, j’ai cherché dans tout Paris des jeunes filles toutes minces, petites et paraissant à peine treize à quatorze ans. Je les fais venir moyennant une modique somme et leur fais la classe dans la salle d’études sur le côté de laquelle est placé un rideau percé de deux trous, le premier à hauteur des yeux, le deuxième à hauteur des boutons de votre pantalon.

    Notre homme prend rendez-vous et rend compte à ses supérieurs :

    Il y aura trois fillettes. Nous avons essayé le rideau pour voir si la hauteur correspond à la… mienne. Elle me mettra aussi un loup sur la figure afin que les fillettes, si elles me rencontrent dans la rue, ne puissent me reconnaître. J’ai demandé, afin que vous puissiez bien établir le délit sans aucun embarras, qu’elle fera entièrement déshabiller les fillettes.

    Le dix décembre la Police déboule et constate que les trois fillettes ont entre vingt et vingt-deux ans.

    Bientôt, Eugénie (qui se fait appeler Madame de Florinval ou madame Erzy) n’hésite pas à assurer sa tranquillité en dénonçant la concurrence après du commissaire de police de son quartier :

    Quand vous enverrez dans mon quartier un de vos employés, auriez-vous l’obligeance de lui dire de passer chez moi pour que je vous donne l’état-civil d’une mineure de dix-huit ans et de deux sœurs de Levallois-Perret qui font des rendez-vous chez une modiste du bd Haussmann ?

    Cependant, elle-même est victime de la médisance :

    Plusieurs fois par semaine des mineures (filles et garçons, quatorze à seize ans) sont là à la disposition des clients et Madame Erzy, pour exciter ceux-ci, fait quelquefois des tableaux vivants avec les enfants. Il n’est pas rare qu’un client sérieux passe une heure enfermé avec une ou deux petites filles et un ou deux petits garçons. (signé illisible, le vingt-huit mai mil neuf cent sept)

    En mil neuf cent douze, Eugénie Guillou tente une reconversion (lettre à Monsieur Lefils, service des garnis, Préfecture de Police, le douze octobre) :

    Tout ce qui se rapporte à la police secrète m’a toujours beaucoup intéressée et attirée ; j’aurais le plus grand plaisir à me voir devenir actrice dans la recherche des crimes ou des délits, ayant l’imagination fertile en expédients et trucs de toutes sortes à cet effet (…) En me présentant par exemple dans une maison de rendez-vous comme une mère voulant livrer sa fillette, je pourrais parfois vous donner d’utiles renseignements sur les tenancières que vous suspectez de faire ce trafic abominable.

    Ce sera sans succès. Elle cherche alors à trouver un mari par petite annonce. Il est temps, à cinquante-deux ans :

    Naguère fleur ignorée dans l’ombre d’un cloître, âge moyen physique sympathique nature mystique et douce regrettant la vie austère d’antan, que n’ai-je un foyer me la rappelant ! Quel mari d’âge sérieux, aisé, aimant et ferme réalisera mon rêve ?

    C’est alors qu’on perd sa trace.

    *

     Du bon usage de l’imparfait du subjonctif :

    Les demoiselles Rhédon autorisent beaucoup de familiarités. Coïc m’a dit souvent qu’on leur prenait les mains, voire même la gorge et le cul, sans qu’elles s’en formalisassent. (Stendhal, lettre à un correspondant non désigné, Civita-Vecchia, le onze avril mil huit cent trente et un)

    Petit extrait d’une autre de mes lectures : Correspondances amoureuses, volume neuf des Grands Classiques de la littérature libertine (Editions Garnier/Le Monde), introduction et notes d’Yvan Leclerc, le spécialiste de Gustave Flaubert.

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  • Ce n’est pas faute d’avoir essayé de me faire inviter si je n’ai pas assisté au vernissage de l’exposition Tomi Ungerer en l’Hôtel de Région de la Haute-Normandie, ce n’est pas que l’on m’ait dit non, c’est qu’à mes messages privés ou publics sur le réseau social Effe Bé et sur le site de l’association organisatrice, nul n’a daigné répondre.

    Bien marri d’avoir manqué un discours du Président Nicolas Mayer-Rossignol, je me présente en simple visiteur vers midi et quart ce lundi afin de voir ce que l’on montre de Tomi dans cette exposition ouverte sept jours sur sept de neuf heures à dix-huit heures.

    Je me signale à la dame de l’accueil comme le recommande un panneau. Elle m’apprend qu’aujourd’hui à cette heure la partie consacrée aux dessins des livres pour enfants n’est pas visible pour la raison que des gens de la maison (élus ou non élus, je ne sais) y sont sur le temps de midi (pour y faire quoi, mystère). Ce sera la même chose demain. Je dis à cette dame aimable que cela aurait été une bonne chose d’en avertir les visiteurs, via Internet par exemple. Elle me donne le nom de la Chargée de Communication, qui ne m’est pas inconnu, mais cela ne change rien à ma situation.

    Je vais donc voir ce qu’il est permis de voir : la partie qui n’est pas conseillée aux enfants et qui est installée dans un grand hall d’entrée côté boulevard Gambetta. Intitulée « L’œuvre satirique de Tomi Ungerer », cette moitié montre essentiellement des dessins au format carte postale. En sont absents les dessins les plus violents de l’époque guerre du Vietnam et les plus sexuels de l’époque Fornicon. J’en suis l’unique visiteur mais n’y suis pas seul. Des employées passent allant d’une salle à l’autre, certaines se sont donné rendez-vous là pour aller déjeuner, l’une téléphone sans se gêner. Sur un écran, Tomi raconte sa vie. Aux murs sont inscrites quelques-unes de ses sentences : « L’intelligence complique tout » « Aux ricochets je préfère le pavé dans la mare » « Je suis en perpétuelle transhumance avec mes idées noires ».

    Quand je ressors, la dame de l’accueil m’offre une carte postale en dédommagement.

    *

    Au Socrate un peu plus tard :

    -Tu sais que je viens d’apprendre qu’à partir de quarante-cinq ans au Pôle Emploi t’étais considérée senior. Alors quand tu vois ça, tu te dis cherchez l’erreur.

    Ce sont deux femmes de boutique, l’une qui écoute et l’autre qui parle et se plaint de la concurrence « des petites nanas » :

    -Je n’ai rien à prouver moi, j’ai mal au dos mais je passe l’aspirateur quand même le soir.

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  • Le contraste est brutal entre la foule bruyante du marché de Noël que je suis obligé de traverser et le calme qui règne à l’Opéra de Rouen quand j’y arrive ce dimanche à trois heures et quart. En deux mille treize, un concert de musique de chambre mettant en avant Bertolt Brecht n’attire pas les masses (comme on disait chez les marxistes-léninistes).

    Le public est quand même en nombre acceptable quand la récitante Claire Chaufour, en pantalon rouge, dit Du pauvre B.B.

    Moi, Bertolt Brecht, jeté des forêts noires

    Dans les villes d’asphalte, quand j’étais dans ma mère, autrefois.

    La violoniste est enceinte. Trois autres jeunes femmes et trois hommes sans cravate complètent la formation nécessaire à l’exécution du Septuor numéro un d’Hanns Eisler, compagnon de route de B.B., exilé comme lui aux Etats-Unis pour fuir le nazisme et renvoyé comme lui en Allemagne de l’Est par le maccarthysme. Ce septuor composé en Amérique est fort guilleret.

    Ce n’est pas le cas du Quatuor à cordes numéro un en si mineur de Kurt Weill, autre compagnon de route, resté lui aux Etats-Unis pour être devenu Américain en quarante-trois, qui paraît un peu terne, et qui suit des textes édifiants de Brecht heureusement lus d’une façon détachée.

    Tandis que sur la scène un employé de coulisses organise chaises et pupitres, une dame, derrière moi, se demande ce que perçoit celui ou celle qui est dans sa mère.

    Claire Chaufour dit de Brecht l’exemplaire Légende de la putain Evlyn Roe trop vicieuse pour être admise au Paradis mais trop vertueuse pour être reçue en Enfer, puis Eloge de la dialectique (ça ne casse pas des briques) et place au Septuor numéro deux « Circus » d’Eisler, aussi gai que le premier.

    Tout le monde est bien applaudi à la fin et je me fade une nouvelle fois le maudit marché de Noël.

    *

    Je suis gentil avec les gens

    Je fais comme eux, je mets un chapeau dur.

    Je dis : ce sont des animaux à l’odeur très particulière,

    Puis je dis : ça ne fait rien, je suis l’un d’eux.

     

    Sur mes chaises à bascule parfois

    J’assieds avant midi deux ou trois femmes.

    Je les regarde sans souci, et je leur dis :

    Je suis quelqu’un sur qui vous ne pouvez pas compter.

    (Bertold Brecht Du pauvre B.B.)

    *

    Vaclav Havel avait raison, ce qui est bon chez Brecht, ce sont ses passages non-brechtiens.

    *

    Robert, Maire socialiste, semble certain de sa réélection. Il vient d’obliger le O’Kallaghan’s à fermer sa terrasse à vingt-trois heures. « Aucun préavis préalable, aucun entretien, aucun motif, aucun avertissement, aucune infraction, le fait du prince » écrit le propriétaire de l’établissement rouennais le plus fréquenté par les étudiant(e)s dans une pétition de protestation trop confuse que j’y mette ma signature.

    *

    Et encore Cegimmo qui me demande trois euros pour un impayé de loyer qui n’existe pas.

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  •  Ce vendredi treize décembre, je cherche sur mon plan de Rouen la rue Georges-d' Amboise où, à dix-neuf heures, doit être inauguré l'Atelier Point Limite qui sera désormais le lieu de travail des photographes Guillaume Painchault et Guillaume Laurent (je connais un peu le premier, venu me photographier à la maison le mardi dix mars deux mille neuf pour une exposition n’ayant pas encore eu lieu). Je la trouve, dans un coin où je ne vais presque jamais que l’on atteint à pied en traversant au péril de sa vie l’autoroute urbaine dénommée boulevard des Belges.

    J’arrive sain et sauf un peu avant l’heure officielle mais pas le premier. Je salue les deux Guillaume et embrasse une ancienne collègue d’école qui connaît celui que je ne connais pas. Fidèle à sa renommée, elle a apporté avec elle tout ce qu’il faut pour confectionner l’excellent mojito dont elle a le secret. Il ne faut pas longtemps pour que j’en aie un grand verre à la main.

    L’endroit est assez petit, dont les murs sont couverts d’un mélange des photos des deux montrant une diversité de sujets.

    -C’est toi cette photo ? demande l’une à l’un des Guillaume.

    -Non, c’est Guillaume.

    J’ignore lequel a repéré la jolie blonde à casquette de chef de gare qui envoie le train vers Motteville sur le quai d’en face lorsque je prends celui qui va à Paris. Sur la photo, elle a le regard noir de la fille qui n’a pas envie d’être prise. C’est ma préférée.

    Un inconnu me regarde fixement. Je lui demande si on se connaît. Il me dit que non et me demande qui je suis ici :

    -Personne, je connais un  peu l’un des Guillaume.

    Nous en restons là. Je reprends un verre de mojito et grignote les bonnes choses artisanales posées sur la table. Beaucoup de monde est là maintenant. Pas mal des présent(e)s proviennent du milieu des beauzarts, certains avec un gros sac à dos qu’ils n’ont même pas idée de poser dans un coin. Un musicien nommé Nicolas Lelièvre se lance dans un solo de batterie expérimental.

    J’échange quelques mots avec la fameuse Zoé de Grand Rouen. Elle y termine son stage, m’apprend-elle, et va connaître l’incertitude à laquelle sont condamnées les personnes de son âge. Un troisième verre de mojito est tentant mais j’y renonce, ne voulant pas atteindre mon point limite.

    La musique expérimentale improvisée reprend avec le duo Jean-Luc Petit à la clarinette et Benjamin Duboc à la contrebasse. Cela me plaît bien. J’écoute encore un morceau joué en trio avec le batteur et puis ouvre mon parapluie rue Georges-d’Amboise dans la nuit noire et la brouillasse.

    *

    Rentré à la maison, un message de l’Opéra de Rouen sur le réseau social Effe Bé pour se féliciter d’être au menu de Masterchef se met à table sur Téheffun suite à la soirée Chef Oui Chef (Vivaldi Rugby Gastronomie).

    « Pas de quoi être fier. », tel est mon commentaire.

    *

    Sujet de thèse pour apprenti sociologue : L’omniprésence de la cuisine comme révélateur de l’abêtissement généralisé et du retour aux saines valeurs.

    *

    Ce samedi matin, revenant du marché avec un sac de pommes de Jumièges à la main, je croise deux hommes souriant comme des ravis de la crèche. L’un d’eux me montre un petit carton où est écrit Pauvreté Violence Indifférence, etc. et me demande lequel de ces maux j’aimerais voir disparaître en premier.

    -Pourquoi pas tous, lui réponds-je, avec l’aide de Dieu bien sûr

    -Ah vous êtes croyant, se réjouit ce Témoin de Jéhovah.

    Je le détrompe.

    -Toutes les preuves de l’inexistence de Dieu sont sur votre carton, lui dis-je.

    Il me souhaite une bonne journée.

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  • Une chaise au premier rang avec vue sur le clavier du piano, c’est mon choix ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen et celui d’une femme qui s’installe à ma droite puis d’un jeune couple qui y dépose manteaux et écharpes avant de retourner au bar.

    -N’hésitez pas à être agressifs avec ceux qui voudraient prendre nos places, nous demandent-ils.

    Aucun risque, nous sommes en territoire civilisé. J’ai dans ma poche quelques bonbons à la menthe au cas où mes poumons, victimes des particules fines, voudraient me faire tousser. Je me plains assez de celles et ceux qui le font à longueur de concert pour éviter de les imiter. Je lis ce que dit le livret programme de Philippe Entremont. Je n’étais point encore né que celui-ci gagnait des concours de premier ordre après avoir été l’élève de la pianiste Marguerite Long. Ensuite, il n’a jamais cessé, jouant à ses débuts sous la direction de Stravinsky, de Milhaud ou de Bernstein, donnant au fil des ans plus de six mille concerts, devenant lui-même chef d’orchestre et dirigeant dans le monde entier, enregistrant pléthore de disques.

    Ce soir, Ludwig van Beethoven est à l’honneur, même si son nom figure en beaucoup plus petit que celui de Philippe Entremont. Avant qu’il soit joué, l’Orchestre, sous la direction de Luciano Acoccela, donne Cede pietati, dolor (Le anime di Medea) de Silvia Colasanti, pièce contemporaine à l’énergie débordante, bien applaudie.

    Le piano Steinway loué chez Berlioz au Havre est roulé sur la scène. Arrive Philippe Entremont en queue de pie et rosette à la boutonnière. Il s’installe sur son siège, teste les pédales, se laisse porter par les premières notes du Concerto pour piano numéro un de Beethoven puis ses doigts se lancent tandis que sa bouche chantonne sans bruit. Je n’en perds ni des yeux ni des oreilles. A l’issue, il est acclamé, faisant plusieurs allers et retours entre la coulisse et la scène avec Luciano Acocella, jusqu’à ce qu’il se jette sur l’instrument pour un bonus en solo prenant de court le maestro qui va se cacher parmi les musicien(ne)s. De chaleureux applaudissements saluent ce supplément.

    A l’entracte, on se pose deux questions : de quel musicien, ce supplément et quel âge peut-il donc bien avoir. Un homme compétent donne la réponse à la première : Chopin. Pour la seconde, chacun fait un calcul qui mène à plus ou moins quatre-vingts.

    Au retour, le couple à écharpes et manteaux n’est plus là pour fêter le bicentenaire de la Septième Symphonie de Ludwig van (donnée pour la première fois le huit décembre mil huit cent treize à Vienne). Luciano est à son affaire, dirigeant ça sans partition, et l’Orchestre assure jusqu’à satisfaction unanime du public.

    *

    Recherche faite, Philippe Entremont aura quatre-vingts ans le sept juin prochain.

    *

    Le début du deuxième mouvement de la Septième de Beethoven, une belle musique d’enterrement.

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  • Fraîcheur et soleil assuré pour ce mercredi à Paris que je commence à neuf heures et quart les doigts gourds dans les livres à vingt centimes de Boulinier. J’en tire Ballade américaine d’une certaine Elvire de Brissac, un récit de voyage publié en mil neuf cent soixante-seize chez Stock. Après un passage chez Gibert Joseph, un peu plus haut sur le même boulevard Saint-Michel, j’enfile la rue des Ecoles, tourne à droite vers la Montagne Sainte-Geneviève, frôle les cerveaux de Polytechnique et d’Henri le Quatrième, atteins la Contrescarpe et descends la rue Mouffetard jusqu’au Verre à Pied. Je m’installe près du poêle Godin qui a tôt fait de me réchauffer et me plonge dans le livre d’Elvire qui aurait aussi bien pu s’appeler Une bourgeoise en Amérique. Cette dame à œillères y fait étalage tout au long de sa supériorité d’Européenne. Pire, elle ne tire rien d’intéressant de ses rencontres avec Henry Miller à Pacific Palisades et Marguerite Yourcenar à Petite-Plaisance. Ça se termine ainsi, à son retour en France : Les McDonald’s me font rêver ; il y en a un, au coin du boulevard Saint-Michel, que je regarde comme une beauté. Arrivant à Lyon, un soir de mai, par un orage furieux, devant l’enseigne d’un Holiday Inn, je me suis déraidie d’un coup : avec beaucoup de tonnerre, un instant j’ai cru y être. Vingt centimes, c’est le juste prix.

    Au comptoir, des habitué(e)s soliloquent, dont la comédienne. Elle nourrit un nouveau projet, envisage de faire venir Agnès Varda mais pas Jean-Pierre Mocky :

    -C’est une grande gueule. On va pas l’inviter, il foutrait la merde.

    Elle aimerait bien quelqu’un de la Nouvelle Vague mais il n’y a plus que Godard de vivant et il est en Suisse.

    -Eric Rohmer, lui il fréquentait l’église Saint-Médard. Il était malsain, coincé comme un catholique.

    Dans la cuisine, la patronne s’active. Accompagnant ses mains de sa voix, elle interprète des cantates hollandaises. A midi moins dix, je retrouve la rue et vais déjeuner japonais à volonté au Pot d’Or, rue du Pot de Fer. On y diffuse le Journal de France Trois, ce qui pourrait faire croire qu’on est en province. Il est question des particules fines qui flottent dans l’air débarrassé de nuages et rongent les poumons. Il faudrait arrêter les voitures diesel et les poêles Godin, mais on n’en fera rien. Un reportage sur la Roche-Guyon où j’ai des souvenirs me serre un peu le cœur (comme on dit). Je me soigne au petit vin blanc.

    Il fait toujours aussi beau quand je sors de mon Pot. Je vais donc à pied par les Gobelins jusqu’à la place d’Italie où le métro m’emmène au Book-Off  de la Bastille. De là je rejoins l’autre à l’Opéra où je trouve, entre autres, pour un euro, Boby Lapointe c’est bon pour c’que t’as, un abécédaire de Chloé Radiguet, avec un préambule peu inspiré de Brigitte Fontaine, un ouvrage paru en deux mille treize au Cherche Midi. Mon exemplaire est dédicacé par l’auteure : « Pour vous, Thierry Clermont, en clin d’œil amical –et au loin de Raymond R.–, cette plongée dans l’univers de l’ami Boby, raconté de Absurde à Zéro. Avec ma vive sympathie »

    Le soir, gare Saint-Lazare, mon train est annoncé avec dix minutes de retard, en cours de préparation au garage (c’est pire pour celui de Gisors, annulé pour cause d’absence de matériel).

    Durant le trajet, je lis l’abécédaire consacré à Boby. Il est décevant, empli de banalités, de psychologisme et d’interprétations à côté de la plaque, exemple à l’article Sœur : Dans La fille du pêcheur, il raille : « Heureusement pour moi, y a ta petite sœur/ Qui a grandi », avec une cruauté sans doute née de son chagrin… Je comprends pourquoi le journaliste du Figaro Littéraire n’a pas voulu garder ce livre.

    *

    Arrivé à Rouen, j’apprends qu’à l’heure où j’attendais mon train, la photographe Kate Barry, fille aînée de Jane Birkin, s’est jetée par la fenêtre de son appartement du seizième arrondissement et en est morte à l’âge de quarante-six ans. Il y a maintenant bien longtemps et bien accompagné, j’ai vu l’une de ses expositions dans une galerie de la rue de Verneuil, presque en face de la maison de Gainsbourg, après la mort de celui-ci. On y voyait de jolies filles nues.

     

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  • J’ai place en corbeille dans le carré des abonné(e)s de première catégorie, dont certain(e)s se passent de danse, à l’Opéra de Rouen ce lundi soir où se produit l’Alonzo King LINES Ballet venu de la côte ouest des Etats-Unis. Deux chorégraphies sont au programme dont la seconde fut une commande du Ballet de Monte-Carlo. C’est un indice. La lecture de la note d’intention me le confirme : place au néo classique.

    Que raconte Alonzo King ? « Le corps humain, avec son esprit, son cœur et son centre céphalo-rachidien est un instrument de musique, un traité et un microcosme du macrocosme. » et aussi « Notre manquement aux mots est dû au fait que nous ne sommes plus adeptes de la télépathie. »

    New Age is not dead et Alonzo King est son prophète halluciné.

    Meyer doit son nom au compositeur de sa musique, Edgar Meyer, néo classique également, violoncelle violon contrebasse, et se danse devant un rideau d’eau scintillante. Dans le genre, c’est du bon, qui ne peut que plaire au plus grand monde. Les douze danseuses et danseurs sont du meilleur niveau, les applaudissements itou.

    A l’entracte, tous les avis sont le même :

    -Ah bah, ça c’est de la danse hein, c’est pas de la gymnastique.

    -Et puis la musique, c’est harmonieux, on n’a pas du boum boum dans les oreilles.

    -Et les filles, ces jolies petites tuniques, ça fait longtemps qu’on n’a pas eu aussi bien.

    Writing Ground se danse sur des musiques sacrées juive, chrétienne, musulmane et tibétaine. Colum McCann en est l’inspirateur, il a même aidé pour les lumières. Dans le dernier tableau, Meredith Webster, proie de quatre danseurs qui la manipulent à l’envi, verse une fausse larme mais tout le monde sait bien que ce sont des gentils au fond, qui ne lui feront pas de mal.

    « Magnifique » « Superbe » entends-je autour de moi à l’issue dans le tonnerre d’applaudissements et de bravos qui tourne à l’ovation debout. Les yeux brillent, certain(e)s ne sont pas loin de l’orgasme, comme le monde est beau et que vienne vite l’ère du Verseau.

    *

    Ce mardi matin j’avise des « gars de la ville » installant des haut-parleurs dans la rue Saint-Romain. Je demande à l’un pourquoi.

    -C’est pour les fêtes de Noël, me dit-il.

    Sont-ce les commerçants (sacrifiés mais pas résignés) qui sont à l’origine de cette future nuisance sonore ? Ce pourrait. Abrutissons, abrutissons, c’est bon pour la consommation.

    *

    Communiqué de la Mairie de Rouen : « Afin d’honorer sa mémoire, Yvon Robert, le Maire de Rouen, proposera en janvier, lors du prochain Conseil Municipal, de donner à l’un des lieux de la capitale normande le nom de Nelson Mandela. « Nous devons préserver la mémoire de cet homme qui s’est battu pour ses convictions mais surtout pour défendre tout un peuple aspirant à la liberté », insiste Yvon Robert. »

    Heureusement que Robert (Maire) est là, sinon dans cinquante ans plus personne dans « la capitale normande » ne saurait qui est Mandela. Qu’en dit Caen, l’autre capitale normande ?

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  • Horaire de samedi à l’Opéra de Rouen où se donne, pour le dernier jour du festival Automne en Normandie, en première française (comme on dit), Mahlermania de Nico and the Navigators. Il me faut donc en chemin affronter la foule des acheteurs et acheteuses de Noël, masse humaine manifestant en faveur de la société de consommation dans laquelle je me faufile comme je peux.

    Nico and the Navigators viennent de Berlin mais la quinzaine de musicien(ne)s jouant Mahler arrangé sont de l’Opéra de Rouen, relégué(e)s dans une sorte de cage au deuxième plan, sous la direction de Moritz Gnann. Un jeu de construction permettant d’échafauder puis de déglinguer la maison de Mahler donne un semblant d’action. La troupe berlinoise évoque par la voix d’Alma les heurs et les malheurs de la vie de Gustav Mahler à travers son œuvre et réciproquement. C’est, en allemand surtitré en français avec quelques clins d’oeil dans la langue du pays d’accueil, narré, dansé et chanté. Du début d’une lenteur toute germanique à la fin au délire organisé, cela dure une heure quarante-cinq sans entracte. Est-ce la langue allemande qui donne à tant de gens du public l’envie de tousser. On se croirait parfois au sanatorium Berghof de Davos. Difficile pour moi de savoir si j’ai aimé ça.

    *

    Tiré du livret programme :

    Pour lui je recopie des partitions, je joue du piano pour tâcher de l’impressionner –j’apprends, je lis, le tout dans un seul et unique but… Et puis quand il est là, je me gâche le plus souvent mon propre plaisir –à force d’être à fleur de peau… Et lui toujours de se dresser contre moi –ce vieux fat – toujours cette soif de domination… Ambition sans limite –avide de gloire –et au lieu de m’épanouir –il ne s’agit que d’embellir son existence à LUI… voilà ma seule raison d’être, et tout ce qui justifie mon existence. (Alma Mahler, Journal, cinq juin mil neuf cent cinq)

    Ma chérie, il me manque :

    1)      des pommes

    2)      le grand chandelier pour le piano

    3)      les clés du coffre

    4)      une paire de chaussettes –je ne sais pas où elles sont passées…

                (…) Aucune nouvelle de ta part ! Mon Almschi, vraiment tu n’as pas une minute de libre pour m’envoyer une petite carte ? (Gustav à Alma, cinq juillet mil neuf cent dix)

    *

    Il faut que je mette la main sur ce Journal et la correspondance d’Alma, qui écrivait à son amant Walter Gropius :

    La première fois quand nous nous reverrons, je me laisserai glisser à terre devant toi, et à genoux je t’implorerai de mettre de tes mains dans ma bouche le membre sacré…

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  • Nelson Mandela est mort. L’hommage à celui qui passa vingt-sept ans au bagne avant de devenir Président de l’Afrique du Sud est unanime et durera vingt-quatre heures sur France Culture (que la quantité soit avec nous). En écoutant cela d’une oreille distraite, j’organise les notes prises lors de ma lecture des Lettres à Olga de Václav Havel, l’autre prisonnier politique devenu Président de la République.

    Dans cette Tchécoslovaquie communiste qui le prive de liberté pendant cinq ans, le prisonnier Václav Havel, auteur dramatique et porte-parole de la Charte 77, a trois soucis principaux : ses codétenus bavards qui l’empêchent de réfléchir, de lire et d’écrire, ses hémorroïdes qui le font énormément souffrir et dont il sera opéré pendant sa captivité, et Olga, sa femme, qui ne lui écrit pas assez souvent.

    J’aime ses lettres, où il se montre tel qu’il est, homme ordinaire :

    Hier j’ai regardé Le Boulanger de l’Empereur à la télévision et un film policier dans lequel jouait Kveta que je n’avais pas vue jouer depuis longtemps. Elle en est à jouer les mères sérieuses. En tout cas, c’est intéressant de regarder la télévision de temps en temps et de pouvoir observer comment mes copains vieillissent. Les soucis de carrière, les réunions, les fêtes, les responsabilités, tout cela s’inscrit sur le visage. (Six avril mil neuf cent quatre-vingt)

    Je regrette beaucoup qu’on ne m’ait pas non plus transmis une lettre de Kveta  –parce qu’il y avait des citations et des vers. (Quinze juillet mil neuf cent quatre-vingt)

    Une grande nouvelle de ma vie d’ici est que j’ai commencé à suivre un cours de soudure, je vais donc devenir soudeur, c’est-à-dire un homme qui manie le chalumeau, si tu vois ce que c’est, et toi tu seras la femme d’un soudeur. (Vingt et un septembre mil neuf cent quatre-vingt)

    Si la prison a influencé mon rapport au monde, c’est d’une part en élargissant ce que je suis capable de comprendre, d’autre part en restreignant ce que je suis disposé à respecter. (Onze janvier mil neuf cent quatre-vingt-un)

    C’est le genre littéraire dans lequel le personnage de l’auteur est le mieux dissimulé. (Sur le théâtre, treize février mil neuf cent quatre-vingt-un)

    On devrait par exemple avoir les Bee Gees à la maison, en tant que classique du disco (je l’ai lu dans Melodie), d’autant que j’aurai passé toute la vague du disco en prison. (Vingt-trois mai mil neuf cent quatre-vingt-un)

    Je ne suis pas exagérément amateur des méthodes superficielles de rapprocher le public et la scène, par exemple en supprimant l’avant-scène, en plaçant la scène au beau milieu de la salle, en dérangeant le public par des allées et venues des acteurs dans la salle ou même, inversement, en attirant le public sur la scène. Cela me semble principalement gênant, stérile et arbitraire. (…) Te rappelles-tu la pièce avant-gardiste que nous avions vue à Londres ? Tout était « non-conventionnel » dès le début : les acteurs volaient au-dessus de nos têtes dans des espèces de trapèzes, un âne déambulait sur scène puis parmi le public, etc. –et cela nous avait vite ennuyés, jusqu’à ce que finalement nous en soyons arrivés à ne plus nous concentrer que sur l’inquiétude que quelque chose ou quelqu’un nous tombe sur la tête. (Douze décembre mil neuf cent quatre-vingt-un)

     (Comme tu sais, je respecte Brecht, mais c’est un respect poli et froid ; franchement, je n’aime que ses passages non-brechtiens, ceux qui, en quelque sorte, le dépassent) (Douze février mil neuf cent quatre-vingt-deux)

    Je viens de passer une semaine épouvantable : la combinaison d’une rage de dents et de la prison (l’un multipliant l’impact de l’autre). Pour la première fois depuis mai 1977, quand tu m’as conduit de la maison à la prison, j’ai pleuré ( !). (Même date)

    Si, par exemple, j’étais un Allemand de l’Ouest, en ce moment, je serais probablement en train d’essayer d’empêcher la construction d’un nouveau chemin de fer suspendu, je ferais signer des pétitions contre l’installation des Pershing et des missiles et je voterais « Vert ». Les jeunes à cheveux longs qui le font, et que j’ai l’occasion de voir à la télévision tous les jours, sont essentiellement mes frères et mes sœurs, ce qui n’est pas une découverte pour moi : quand j’étais aux Etats-Unis en 1968, je me suis rarement senti mieux qu’en compagnie de jeunes contestataires. (Vingt février mil neuf cent quatre-vingt-deux)

    Il y a quelques temps, en regardant un reportage sur les vaches à la télévision, je me suis rendu compte que ce ne sont plus des animaux mais des machines avec une entrée (leur nourriture) et une sortie (le lait). Elles ont leurs propres projets de production et leurs contremaîtres dont le travail est le même que celui de l’économie entière actuellement : augmenter la sortie en diminuant l’entrée. (…) Ces « détails », je pense, sont des illustrations vivantes de ce qui est arrivé à notre civilisation et qui, tôt ou tard, entraînera sa perte… (…)

    Le monde que crée l’homme moderne est une représentation de sa condition, qui, à son tour, à un effet de renforcement sur cette condition. C’est un monde dont on a, comme on dit, perdu le contrôle. (Six mars mil neuf cent quatre-vingt-deux)

    Une partie de ma punition est de voir quotidiennement les nouvelles à la télévision. (Dix avril mil neuf cent quatre-vingt-deux)

    Oui, cet homme est particulièrement sympathique, qui demande à sa femme de lui acheter aussi bien The Wall de Pink Floyd qu’Introduction à la Chrétienté de Joseph Ratzinger (futur Benoît le Seizième). Au pouvoir, il sera décevant, soutenant par exemple la guerre en Irak de Bush fils.

    Václav Havel est mort le dix-huit décembre deux mille onze.

    *

    Au Socrate, ce vendredi après-midi, où je lis le Journal de Michel Déon. Pas loin de moi, une lycéenne et un lycéen de la rouennaise bourgeoisie (lui : un mois à Biarritz, elle : un mois et demi en Corse, lors des vacances passées). En terminale, semble-t-il. Elle consulte son téléphone tout en lui parlant, où il est question de la mort de Mandela, et lui demande :

    -Martin Luther King, c’est aussi en Afrique du Sud ?

    -Je crois pas, lui répond-il, c’est ailleurs mais je sais pas où.

    Un peu plus tard, il est question de leurs histoires. Il parle d’une fille de l’été dernier. Elle lui demande s’il était amoureux.

    -Non, lui dit-il, mais si je serais resté une semaine de plus avec elle, ça aurait pu.

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  • Ce mercredi, après avoir fureté chez Boulinier et Joseph Gibert, j’arrive au Centre Pompidou à l’heure de l’ouverture. La chenille m’emmène au sixième où se tient l’exposition Le Surréalisme et l’objet.

    Quoique je n’aie pas d’atomes crochus (comme on dit) avec ce mouvement littéraire et artistique, je ne regrette pas cette initiative car le Surréalisme est ici conjugué au sens large et ses objets parfaitement mis en scène et en lumière.

    Contrairement à Rouen, Marcel Duchamp a ici la place qui lui revient. Place aussi à Giacometti et à Bellmer dont une magnifique Poupée de mil neuf cent trente-six trône en salle Quatre dans laquelle est projeté en format géant un extrait de Tamaño natural (Grandeur nature) de Luis García Berlanga, un film de mil neuf cent soixante-quatorze qui montre un chirurgien-dentiste joué par Michel Piccoli s’éprendre d’une poupée gonflable.

    Je note aussi la présence de Présence Panchounette, des Sex Toys de Cindy Sherman, des moulages anatomiques de Philippe Mayaux et d’une vaste installation d’Arnaud Labelle-Rojoux ornée de sentences  « 14 juillet : Journée nationale des donneurs de leçons », « Un charcutier qui lit Sade est un homme de goût », etc.

    Les salles Six à Onze sont consacrées aux grandes expositions surréalistes du passé. Une bande son, signée Radovan Ivšić, y diffuse les gémissements du plaisir féminin, ce qui fait monter la température. Je m’assois un certain temps face à un écran qui montre les mannequins habillés de la Rue surréaliste lors de l’exposition de mil neuf cent trente-huit. A côté de moi est une jeune fille à lunettes. Ses mains à ongles rouges sont sagement posées sur les genoux que découvre sa jupe courte. Sa bouche est entrouverte. Elle semble complètement fascinée par ce qu’elle voit et entend. Je pourrais poser ma main sur l’une des siennes sans qu’elle ne s’offusque car, comme l’explique une grand-mère à sa petite-fille blonde qui ne veut pas la croire, « Ce n’est pas une vraie, c’est un mannequin ».

    Une dernière salle ramène au calme, emplie de sculptures colorées de Miro.

    *

    Avant cela, dans le train qui m’emmène à Paris, je lis La colo de Kneller d’Etgar Keret (Actes Sud) que m’a offert Philippe Dumez l’autre mercredi. C’est un court roman composé de chapitres d’une page et demie. L’histoire se passe dans un monde post-mortem où "vivent" ensemble tous les suicidé(e)s. Cela me fait penser à ce qu’écrivait Boris Vian dans les années cinquante. J’en touche le bout au passage de Mantes-la-Jolie.

    Le soir, de retour à Rouen, je découvre le texte écrit par ce même Philippe Dumez à propos de notre Book-Off Session, qu’il a mis en ligne dans la journée sur I love you, Georgia Hubley. Il est précisément à Rouen au moment où je le lis, au Cent Six pour le concert de Linda Perhacs, une artiste qui n’est pas montée sur scène depuis quarante ans.

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