• Ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen, j’ai un fauteuil centré en fond d’orchestre pour une soirée « Roulements de timbales » mais pas seulement. J’y subis la conversation de ma voisine de gauche avec celle située derrière moi. Il est question des soldes qui se poursuivent chez Grant et d’une jupe achetée à moins soixante-dix pour cent. Quand les musicien(ne)s entrent en scène, je fais taire ces deux assommantes d’un bruyant soupir qui me vaut des regards de haine. Frédéric Roels, Directeur et Gérant de chefs d’orchestre, annonce au micro l’absence d’une chanteuse et le changement de programme s’ensuivant.

    On commence donc par Zipangu de Claude Vivier, compositeur du vingtième siècle, trop tôt disparu (comme on dit), agréable découverte, puis Jenny Daviet (soprano), qui ne fait pas que jouer au hand, chante Mozart et bien, le regard espiègle, suscitant de forts applaudissements.

    A l’entracte, pour fuir mes voisines et surtout pour avoir constaté que le dos du chef allait me cacher le maître timbalier Philippe Bajard, je déménage, trouvant place à l’extrémité d’une rangée de corbeille. De là, j’ai bonne vue sur son ouverture en solo de la Symphonie numéro Cent Trois « Roulement de timbales » et la suite propice à montrer son talent de tambourineur et celui de chaque classe de musicien(ne)s ainsi que du maestro Federico Santi, menant tout ça à la baguette avec queue de pie et sans partition.

    « Un bien bon concert » dit-on autour de moi à la sortie et si je devais dire quelque chose à quelqu’un(e), je dirais pareillement.

    *

    Tant de morts à Kiev, qui voulaient vivre une vraie vie alors qu’ici beaucoup ne font rien d’autre de la leur que soldes ou saouleries.

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    Vu le voisin étudiant. Excuses plates. Le vomisseur était dans un état tel qu’on ne pouvait le mettre dans la rue. Cela ne se reproduira plus. Et cætera.

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  • Plutôt sympathique le couple d’étudiants qui loue depuis septembre l’appartement contiguë au mien au niveau du premier étage, et pas trop bruyant. Evidemment, je les entends galoper dans l’escalier avec l'ardeur de leur âge mais ils ont la bonne idée de ne pas écouter de musique ni regarder la télé. Une cohabitation tranquille donc, sauf quand ils se disputent, ce qui arrive de plus en plus souvent et qu’elle pleure, ou alors quand ils invitent.

    C’est le cas ce mercredi soir. Pour dormir, je choisis la petite chambre, en retrait, dont le parquet craque, ce qui me vaut parfois la plainte de la voisine du dessous, celle qui vient de refaire sa cuisine avec pour conséquence un affreux bruit de tuyauterie qui m’indique chaque matin qu’elle vient de se lever, à sept heures cinq.

    Ma nuit est paisible jusqu’à deux heures du matin, quand l’un des invités se met à la fenêtre côté petite chambre pour gerber en criant putain je vais mourir (il est d’usage que les fêtes estudiantines se terminent ainsi).

    Cette fois, il va falloir que je m’en mêle, que j’apprenne à cette jeune fille et à ce garçon que ce qu’ils pensaient être leur vie privée est du domaine public.

    *

    Auparavant, envie de regarder Tomboy à la télévision. Des années que je n’ai pas vu un film par ce moyen. Tentative infructueuse, Arte ne figure pas parmi les chaînes que je reçois. Sans doute ai-je laissé passer un changement de canal sans faire le nécessaire.

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  • Une énorme averse, ce mardi soir, m’oblige à choisir le parapluie grand format plutôt que l’américain à baleines renforcées pour rejoindre l’Opéra. J’y arrive presque sec. Une place m’attend dans la loge Sept où ne me tiennent compagnie que deux femmes quinquagénaires. C’est danse et salle partiellement occupée.

    La Compagnie Thor, venue de Bruxelles, est à Rouen pour montrer Clear Tears/Troubled Waters, une chorégraphie de son fondateur Thierry Smits. Je lis qu’il s’agit d’évoquer « la situation de crise que vit l’Occident, qui se traduit par une atmosphère inquiète, où « la fin du bien-être » semble inéluctable, où la peur du futur –social, écologique, économique– domine, et où le cynisme des puissants bafoue toute notion d’éthique. » et précisément « le regret anticipé de ce qui est en train de disparaître. »

    Je dois dire que si je n’avais pas lu ça, je ne l’aurais pas deviné au vu des évolutions des trois danseuses et quatre danseurs vêtus de noir et de bleu nuit qui caracolent ou suffoquent entre sept colonnes lumineuses. Ces colonnes au fil du temps prennent une position inclinée puis horizontale tels des néons géants éclairant depuis les cintres le plateau nu. Côté cour se tiennent trois musiciens, Maxime Bodson, Steven Brown et Blaine Reininger qui jouent en direct la musique qu’ils ont composée pour ce spectacle d’une heure cinq sans entracte dont je ne puis dire, à la fin, qu’il m’a déplu ni qu’il m’a vraiment plu.

    Cela paraît aussi être le cas pour l’ensemble du public. Les artistes rejoints par le chorégraphe ne sont rappelés qu’une fois mais comme ils reviennent une seconde alors que spectatrices et spectateurs sont en train de se lever pour sortir, ils ont droit à de nouveaux applaudissements, volés.

    C’est le parapluie fermé que je rentre à la maison.

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    Communiqué officiel de l’Opéra de Rouen : « L'Opéra de Rouen et La Crea Handball sont heureux de vous annoncer leur nouvelle collaboration. Que ce soit au Kindarena ou au théâtre des Arts, la passion est commune aux 2 structures. Grâce au clip réalisé par Staff Vidéo, Jenny Daviet, chanteuse de la Compagnie de l'Opéra et le handballeur Yannis Mancelle, capitaine de l'équipe, montrent comment la tension monte, que ce soit avant un spectacle ou avant un match, pour à chaque fois le même plaisir celui de se retrouver sur scène ou sur un terrain et de faire partager des émotions. Le clip sera diffusé au Kindarena durant les match (sic) de handball.

     A venir : des billets couplés opéra et handball. »

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    Le genre d’information qu’il n’est pas nécessaire de commenter.

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  • Un concert pour mon anniversaire, c’est le cadeau que me fait l’Opéra de Rouen ce dimanche après-midi et j’y suis donc de bonne humeur et de bonne heure après que celle venue fêter cet évènement personnel est repartie. J’ai place sur une chaise au premier rang et y étudie le menu de cette « Nuit fantastique »  que le chœur accentus et l’Orchestre consacrent à Felix Mendelssohn.

    A la fin du livret programme figure le témoignage enthousiaste d’une participante issue du public au dernier concert d’accentus, celui de Noël.

    -C’était peut-être bien pour ceux qui chantaient, commente une femme dernière moi, mais pour ceux qui écoutaient…

    Que des professionnels ce jour sur scène, les musiciens entrent les premiers (la même dame : « « Ah, il n’y a pas celui que je n’aime pas ») suivis d’une rangée de choristes puis de Laurence Equilbey et de deux chanteuses solistes. C’est pour Le Songe d’une nuit d’été dont sont donnés huit extraits parmi lesquels l’ouverture composée à dix-sept ans et la galvaudée marche nuptiale.

    Après l’entracte, ce sont des extraits de La Première Nuit de Walpurgis à deux rangées de choristes et deux chanteurs solistes. Cette œuvre est particulièrement tonique, comme un encouragement à poursuive avec la même énergie malgré l’an de plus sur mes épaules.

    La piqûre de rappel le confirme : Kommt mit Zacken und mit Gabeln.

    *

    Ces deux nuits, celle de Shakespeare et celle de Goethe, n’en font qu’une, apprends-je, dans le livret programme, de l’entretien avec Laurence Equilbey, celle du trente avril au premier mai.

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    Et aussi que la marche nuptiale est celle du mariage de la reine des fées Titania avec le tisserand Bottom transformé en âne. Ce qui, s’ils le savaient, ferait peut-être réfléchir les candidat(e)s à l’union.

     

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  • Une année de plus et pour fêter ça le plus gaiement possible arrive de Paris ce samedi celle qui revient de New York. Je la retrouve à la gare où son train à vingt minutes de retard pour cause de « difficultés de gestion du trafic ». Un premier cadeau m’échoit : un parapluie américain à baleines renforcées qui remplacera celui perdu un mercredi dans le train.

    Le soir venu, c’est Chez Riquette, rue Malpalu, que nous dînons. L’américano est notre apéritif et pour le vin Monsieur Riquet nous conseille un brouilly. La cuisine est bien bonne et l’ambiance itou. La bande-son passe de Compay Segundo à Mistinguett puis aux chansons bêtes et sentimentales des années quatre-vingt qu’aiment les garçons qui aiment les garçons. 

    Dimanche matin, jour de mon entrée officielle dans l’année du Puy-de-Dôme (un département qui m’a été bénéfique), je ne me sens pas aussi vieux qu’un volcan mais ne suis pas ravi de me rapprocher de ma fin. Après qu’une maladresse d’elle a plongé la salle de bains dans le noir, nous petit-déjeunons en bas sur le bar de la cuisine américaine quand un bruit de chute venu d’en haut nous surprend. Monté, je découvre l’un des cadres contenant une photo de la jeune Valérie Valère sur le parquet et un autre sur l’étagère du dessous. Comment ce dernier a-t-il fait pour passer d’une étagère à l’autre ? Il vaut mieux ne pas se poser trop de questions.

    Après un tour au marché où j’achète Lolotte d’Andréa de Nerciat (Zulma) et un passage au café Le Clos Saint-Marc, il est l’heure de l’ouverture des cadeaux. Ils sont particulièrement bien choisis : une cafetière dont je ferai grand usage et le catalogue de l’exposition Balthus Cats and Girls (Yale University Press) que celle qui me fait le plaisir d’être avec moi ce jour a eu la chance de voir au Met.

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  • Une place en or dans la corbeille pour un ciné-concert qui demande du recul, c’est à quoi j’ai droit ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen, une aimable guichetière s’étant penché sur mon cas. Au programme : Metropolis de Fritz Lang dont je ne connais que des extraits. Pour meubler le silence, si je puis dire, Martin Montalon a travaillé pendant des années à une composition « pour seize instrumentistes et dispositif électronique » qu’il propose ici dans sa version révisée de deux mille onze suite à la découverte en deux mille huit à Buenos Aires d’une copie du film avec des passages inédits ; sous sa baguette, l’Ensemble intercontemporain créé par Boulez en soixante-seize.

    Deux heures trente sans entracte est-il écrit sur le livret programme et répète chacun autour de moi jusqu’à ce qu’un soupir de soulagement général suive l’annonce au micro de la promesse d’une pause de vingt minutes au bout d’une heure. J’ai près de moi l’un des médecins du public. Il souffre d’une sorte de tic respiratoire particulièrement gênant pour son entourage.

    Metropolis nous raconte la vie des ouvriers de la ville basse et des possédants de la ville haute. La musique amplifiée et transformée par la technique moderne provient d’un peu partout dans la salle. Le chuintement de mon voisin se mêle à celui des jets de vapeur interprétés sur scène. La critique sociale et l’ode à l’architecture américaine cèdent vite le pas au fantastique, ce que je regrette car c’est un genre auquel je suis désormais étranger. Je suis en revanche conquis par la musique de Martin Montalon.

    Quelques-un(e)s filent à l’entracte, d’autres commentent le découpage et la beauté graphique de ce film qu’on ne qualifiait pas alors d’Art et d’Essai et nous revoilà assis dans le noir pour la deuxième partie qui commence par un intermède et se poursuit avec un remake de Jeanne d’Arc au bûcher et beaucoup de galopades dans des escaliers.

    Tout se termine bien. Le patron et le chef des ouvriers rebelles se serrent la main. On sait qu’ils ont eu depuis de nombreux enfants.

    L’écran relevé, Martin Montalon et les musiciens sortent de la pénombre et saluent sous de chauds applaudissements. Très masculin l’Ensemble intercontemporain, n’y figurent que deux femmes, l’une à la flûte, l’autre à la harpe.

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    Un homme à la harpe, je ne sais pas si ça existe (je ne parle pas de la celtique).

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  • Ce mercredi matin, c’est la jolie blonde à casquette et aux yeux maquillés comme des ailes d’oiseau qui autorise le train où je suis assis à quitter Rouen. Le ciel est bleu quand j’arrive à Paris où deux heures plus tôt s’est posé l’avion de celle qui revient de New York. Nous ne nous verrons pas ce jour. En attendant l’ouverture du Book Off de la Bastille, je lis Libération au café du Faubourg.

    Ce journal va très mal et cela m’attriste. Je ne l'achète plus pour un tas de raisons déjà évoquées il y a longtemps, mais je fais partie des rares à avoir eu dans les mains son numéro zéro et l’ai acheté pendant des années « tous les jours au même endroit » comme il était conseillé alors afin que chacun puisse le trouver, puis m’y suis abonné quand j’habitais dans la campagne lointaine où je le recevais avec un jour de retard. Je crains que le dernier article ne soit pour bientôt et dans la rubrique nécrologique. Aujourd’hui, dans la colonne des décès, on trouve ce simple avis d’un qui est mort le huit février : « Je m’isole ».

    Après Book-Off, d’où je repars avec un seul livre, je rejoins Châtelet à pied et à midi déjeune au bar restaurant Impasse Beaubourg : épaisse côte de porc, pommes sarladaises, large part de creume-beule, un quart de côtes-du-rhône, Je règle les dix-huit euros soixante-dix et décide d’aller voir au bout de l’impasse ce que propose l’annexe de la Galerie Templon. C’est Garouste, des peintures récentes exposées sous le titre Contes Ineffables (jeu de mots à la manière de l’actuel Libération) et dont l’inspiration vient de là, des contes, des légendes et des fables ; de l’habituel Garouste, toujours agréable à regarder mais sans plus. Quelques sculptures du même sont aussi montrées, dans le même genre.

    L’essentiel de l’exposition étant dans le bâtiment principal, je traverse la rue Beaubourg. La porte poussée, j’y trouve d’autres œuvres, en plus grand nombre, et quelques visiteurs. L’un des tableaux s’appelle et montre Wagner, Méphistophélès et l’Homonculus. Wagner n’est pas ressemblant mais Méphistophélès a bien la tête de Gérard Garouste.

    Changeant de salle, je me trouve nez à nez avec lui, ce Haut Normand de l’Eure, un peu plus vieux que sur sa peinture. Il porte de petites lunettes, un chapeau à la Léautaud, un pantalon de velours beige et une gabardine mastic. Il n’est pas seul, un homme à cheveux grisonnants l’interroge, casque de scouteur dans le bras, micro rouge au bout de la main, de France Inter, la radio populaire.

    Leur discussion porte d’abord sur l’un des tableaux inspiré des aventures de Tintin, des Cigares du Pharaon, on y voit un Garouste déséquilibré dans un sarcophage rouge flottant sur une mer agitée, puis sur l’anecdote d’un tableau repris à un collectionneur pour y effectuer une retouche repartant tellement transformé qu’il ne pouvait plus passer la douane. Garouste est d’humeur radieuse, comme le sont cycliquement ceux qui souffrent de troubles bipolaires.

    Quand l’interrogateur en a terminé, une dame présente lui demande pour quelle émission.

    -Un temps de Pauchon, lui dit-il et il en profite pour demander à la curieuse de parler dans son micro pour dire « Un temps de Pauchon, c’est fini pour aujourd’hui mais on se retrouve demain », ce qu’elle fait avec une voix d’institutrice.

    Lorsque je ressors le temps a changé, ciel couvert et risque évident d’averse. J’y échappe néanmoins jusqu’au soir passant par chez Boulinier, Gibert Joseph et le Book-Off de l’Opéra.

    Pour le retour, c’est encore la voie détournée, Argenteuil, La Frette-Montigny, cette fois pour cause de « personnes se trouvant sur la voie ». A l’arrivée, avec vingt-cinq minutes de retard, dans une nuit noire, une grosse drache s’abat sur la ville. Un autre voyageur, originaire d’Afrique, commente ainsi la chose : « Merde, y a pas de soleil », ce qui suffit à me faire sourire.

    *

    Encore raté les soldes cette année, pas moyen d’y aller au début faire la fourmi dans la fourmilière, de plus il faisait beau, ensuite repoussage de jour en jour sous prétexte qu’il y a encore le temps et pour finir, la dernière semaine, il pleut tout le temps, pas envie de courir les rues et les magasins. On me verra jusqu’à la fin de l’hiver avec la même veste aux manches élimées.

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  • Pas eu moyen d’avoir une meilleure place que Bé Cinq en orchestre, ce mardi soir pour Rayahzone d’Ali et Hèdi Thabet, pièce venue de Belgique pour trois danseurs et cinq musiciens soufis, autant dire que je me sens au creux de la vague, condamné à être gêné par les têtes de devant. Je lis le livret programme où il est question de spirituel et de divin. Pas de quoi m’emballer mais au moins, me dis-je, il y aura la musique soufi qui me rappellera certains bons moments du défunt festival Ramdam au Hangar Vingt-Trois du temps où Ahmed Merghoub en était Directeur (innocenté des accusations de harcèlement moral qui pesaient sur lui, il a désormais fonction de Conseiller à l’Opéra de Rouen).

    A l’approche de la fermeture des portes, contrairement à ce qui m’avait été dit, de nombreuses places sont encore libres mais trop tard pour bouger sans gêner un tas de monde, j’y renonce et suis bientôt pris par ce que j’entends et vois, oubliant l’arrière-plan religieux au profit de la musique et des évolutions des trois danseurs, Lionel About et les frères Thabet.

    L’un de ces derniers a une particularité qui nécessite un accessoire l’aidant à tenir debout. Il prouve plus tard qu’il peut parfois s’en passer. Les cinq chanteurs et tambourineurs sont de premier ordre et m’enchantent. Cette prestation évite bien des pièges dont celui des bons sentiments. J’en apprécie particulièrement l’humour et la violence chaleureuse. Cela se passe dans un décor de chantier d’une construction qui ne sera jamais terminée.

    *

    Ils ne manquent pas d’air ces intégristes catholiques qui veulent interdire certains livres pour enfants dans les écoles et les bibliothèques alors qu’eux-mêmes bourrent en permanence le crâne de leur progéniture avec leur croyance. Pauvres moutard(e)s qui n’auront plus tard d’autres idées que celles de leurs parents, idées relayées par les enseignant(e)s des écoles religieuses.

    *

    L’une de ces professeur(e)s d’école privée est au bout de ma ruelle avec sa classe ce mardi matin :

    -Dieu n’est pas seulement dans la Cathédrale que vous voyez là, il est aussi avec nous, savez-vous pourquoi ? Parce qu’il y a ici un élève qui s’appelle Théo, et Théo en grec ça veut dire Dieu.

    *

    Ce qui me fait songer à ce couple d’instits de Val-de-Reuil ayant appelé ainsi leur fils parce qu’alors étaient à la mode les prénoms courts en o, du genre Léo ou Enzo, bien embêtés le jour où ils en avaient découvert l’étymologie, qu’ils ignoraient malgré cinq années d’études universitaires.

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  • Après-midi violoncelle à l’Opéra de Rouen ce dimanche, je suis au bout du dernier rang d’orchestre côté impair près de la plus grosse des spectatrices abonnées dont le défaut est de se parfumer trop. Derrière moi, au premier rang de corbeille, les abonné(e)s de première catégorie (à fauteuil fixe) disent du mal du Vaisseau Fantôme : « Trois fois moins de musiciens qu’il en aurait fallu » « Des enfants qui chantaient peu et en plus des niaiseries » « Le pire, certains artistes professionnels qui chantaient faux eux aussi ». Leur conclusion : chaque année le niveau baisse un peu plus.

    Les violoncellistes de l’Orchestre sont six à jouer. Les filles ont mis de belles robes longues et les garçons ont opté pour la tenue décontractée, pas de cravate et un peu de couleur (ce n’est réussi que pour l’un dont la couleur de polo est parfaitement assortie à celle des protège-partitions).

    Après le gros concert d’hier soir, cette après-midi a des allures de repas léger, de quasi diète. On y entend une composition de Pablo Casals puis une série de transcriptions (Mozart, Bruch, Bizet, De Falla, Grieg). Tout cela glisse un peu sur moi et en endort un du rang précédent.

    Les applaudissements sont chaleureusement mesurés. Florent Audibert annonce un bonus mais comme il ne parle qu’aux premiers rangs, je ne puis comprendre le nom du compositeur ni celui de l’œuvre. Il s’agit d’un mambo qui permet à nos six musicien(ne)s de se lâcher (comme on disait autrefois). A l’issue, les applaudissements sont cette fois enthousiastes.

    Cela me fait penser à l’une de ces lettres que l’on envoie ou reçoit et dont le propos le plus important se tient dans le post-scriptum.

    *

    Pour remonter le niveau à l’Opéra de Rouen, on peut compter sur le candidat Bures (droite centrée) à l’élection municipale. S’il est élu Maire de Rouen, il promet « le retour des tournées à succès du théâtre de boulevard. Le lieu idéal est, bien sûr, l’actuel Opéra. ». Cet intellectuel est dans le parti de Copé, le nigaud qui s’effraie d’un livre pour enfants intitulé Tous à poil !.

    *

    Rouen, île Lacroix, sur le trottoir, une merde de chien plantée de petits drapeaux bleu blanc rouge.

    *

    Les drones, ça ne sert pas seulement à tuer les méchants. Ce lundi après-midi, l’un tourne au-dessus de l’abbatiale Saint-Ouen, piloté par un barbu. C’est pour faire des photos. Sur l’une, peut-être, moi le nez en l’air faisant le badaud.

    *

    Eclaircissement d’un de mes lecteurs : « à propos de la caméra qui se trouvait devant Luciano Acocella. Elle était simplement destinée à envoyer l'image du chef sur un écran en coulisse. En effet, pendant le 1° mouvement de la 1° symphonie de Mahler, 3 trompettistes jouent en coulisse (pour un effet de fanfare lointaine). Ces trois trompettistes ont ensuite rejoint leur place dans l'orchestre, ce qui permit à une personne assise derrière moi de glisser à son voisin « c'est incroyable d'être en retard... ».

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  • Quatre semaines que je n’ai pas mis l’oreille et l’œil à l’Opéra de Rouen, ayant laissé passer Le Vaisseau fantôme dans sa version modèle réduit, une miniature participative que d’aucuns y étant embarqués ont rebaptisé Le Canoë fantôme. J’y retourne donc avec plaisir ce samedi soir et, m’installant sur une chaise au premier rang, constate au nombre de pupitres et d’instruments présents sur le plateau que le concert sera grand format.

    Derrière moi, on se donne les dernières nouvelles du village :

    -Au Crédit Mutuel, on a perdu notre Directeur. A deux ans de la retraite, on l’a envoyé à Evreux. Je pense que c’est une punition.

    Les musicien(ne)s entrent, les habituel(le)s et des renforts, dont Ayako Tanaka dans le rôle de cheffe d’attaque des premiers violons en remplacement de Jane Peters occupée ailleurs, un emploi que tenait autrefois Bertrand Mahieu mais il a disparu depuis le début de la saison, je ne sais pas si c’est une punition. Le chef est encore Luciano Accocella. Une petite caméra est installée face à lui afin de faire de sa performance un film souvenir.

    Tout ce beau monde attaque le Prélude à la légende de Michel Tabachnik, chef d’orchestre et compositeur suisse dont il fut question dans un tragique fait divers, courte œuvre envoûtante datant de mil neuf cent quatre-vingt-neuf, puis Jane Peters fait son entrée. « Bon choix de robe », me dis-je.

    C’est le jour de son examen annuel. Elle joue cette fois le Concerto pour violon en ré majeur de Erich Wolfgang Korngold, qui fut petit prodige viennois puis contraint à l’exil par le nazisme et aspiré par la musique hollywoodienne. Son concerto tient de ces deux univers, nostalgie viennoise et galopade dans la pampa. Une fois encore, Jane Peters obtient une mention très bien avec les félicitations du public.

    Après l’entracte, c’est la Symphonie numéro Un, dite Titan de Gustav Mahler, bien connue pour sa citation de Frère Jacques au troisième mouvement, ritournelle enfantine initiée à la contrebasse par Gwendal Etrillard qui ne peut que me serrer le cœur (comme on dit). Le dernier mouvement en est monumental, claquant à coups de cuivres, de percussions et de timbales. L’une des cloisons des bords de scène se fissurerait que je n’en serais pas étonné.

    C’est un triomphe pour l’Orchestre et son chef qui, lorsqu’il quittera Rouen, saura que ce n’est pas poussé dehors par le public.

    *

    Le départ prochain du directeur musical, le Maestro Luciano Acocella, est désormais officiel. Une association de spectateurs s’est créée pour s’en offusquer. Il y aurait eu bisbille avec Frédéric Roels, directeur artistique et général, lequel promet merveille du successeur, l’Anglais Leo Hussain qui désormais n’aura que le titre de chef principal (autrement dit : « Occupe-toi de ta baguette. »).

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